Une famille étrange

« Enfant découlant d'une abomination, vous hériterez de ces travers ainsi que de ces vertus. Vous suivrez la voie d'un de vos créateurs illégitime... »

Sacrum 4-51.

Anna m'avait rendu présentable pour accueillir mon « père « » et mon « frère », je ne comprenais pas l'intérêt à vrai dire. Ce n'était pas la famille royale après tout.

Je me plaçai à bonne distance de la porte d'entrée, où une vingtaine de serviteurs était parfaitement rangé côte à côte sur mon côté droit ainsi que mon côté gauche. Droit comme des piquets, ils attendaient l'arrivé des hommes de la famille. Être au centre de tout ce beau monde me mettait extrêmement mal à l'aise.

— Mlle Élisa, vous devez rester ici et attendre les hommes de la famille pour les saluer.

— Hein ? Et toi, tu vas où ?

— Je vais me placer auprès de vos serviteurs, c'est là qu'est ma place.

— Tu ne peux pas rester à côté de moi ?

— Comment ?! Me tenir sur le chemin du maître et du jeune maître ?! Comment oserais-je, je ne suis qu'une minable servante ?

— Ne te dénigre pas Anna. Tu est aussi importante que n'importe quelle être vivant sur Célestia.

— Merci mademoiselle, mais je connais ma place.

— ILS ARRIVENT !!! TOUS EN PLACE !!! Hurla un serviteur à la voix portante.

— Oh ! Par Éros ! Bonne chance mademoiselle !

— Anna !

Elle se dépêcha de se fondre dans la file de serviteurs, je restai seul au milieu de tous. La panique s'empara de moi étant exposé à tous ces champs de vision. Je croisai le regard d'Anna qui me prêtait des encouragements silencieux, je prie une grande inspiration pour me recentrer et cela avait suffit à me faire reprendre mon calme.

Des tambourins résonnaient par-delà la porte tandis que des trompettes vibraient en un son victorieux, le son se rapprochait de plus en plus. Je pressentais qu'il allait s'écouler 3 secondes avant que la porte ne s'ouvre.

Trois...

Deux...

Un...

La porte s'ouvrit dans un grand fracas. Des chevaliers parfaitement rangés deux par deux, jouait d'un instrument musical ou portait un grand drapeau avec dessus l'insigne de la famille. Dans une coordination mirobolante, ils se placèrent de part et d'autre de la grande porte, cessant au passage le bruit métallique de leurs armurs chevaleresque. Une fois, tout le monde en place, un grand silence retentit dans la salle.

Les chevaliers aux extrémités de la porte crièrent :

— Le 200ème chef de famille, le 7ème du nom Zstinia-Libita-Oros-Docras, Ris Linderter...

C'est long !

— Ainsi que le 300ème aîné de famille, le 4ème du nom Bcros-Rospel-Ricmtis-Stolsa, Ris Linderter vont faire leurs entrée !

C'est affreusement long ! Et pourquoi y a-t-il un si grand écart entre le nombre d'ainés et le nombre de chefs de famille ?!

Je vis les têtes des domestiques s'abaisser parallèlement au sol tandis que la grande porte s'ouvrit précautionneusement. Les ombres de deux silhouettes apparurent : une grande et imposante, tandis que l'autre silhouette était son total opposé.

Je sentis mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine, à mesure qu'il s'avançait je les distinguait mieux, ils portaient tout deux des costumes fastueux, l'un noir, l'autre bleu marine. Ajouter à cela une touche dorée qui avait l'air si significative dans ce monde.

Plusieurs détails me troublèrent cependant, le premier est que mon "père" ne me ressemblait en rien, il avait des cheveux noir de jais et des yeux gris orageux avec un corps, parfaitement, battit et incroyablement musclé. Le second est que mon "frère" me ressemblait en tout point, yeux bleus joyaux, une peau laiteuse et un corps frêle sans imperfection. Il était seulement plus grand que moi avec des cheveux courts. Et le dernier point est que plus l'homme aux cheveux de jais, plus j'avais l'impression d'être écrasé par sa carrure.

Il était immense. Il fessait plus de 2 mètres, c'était certain. Et pour moi dont la taille était réduit a celui d'une crevette, le contraste démesuré m'en fis presque perdre la voix. En plus de cette aura menaçante et autoritaire qui se dégageait de lui à chacun de ses pas. Les deux hommes n'étaient plus qu'à quelques centimètres de moi, tandis que moi, je restai paralyser face à cette muraille.

J'entendis un toussotement léger mais subtil qui me sortit de mon état de choc, me rappelant ce que je devais faire.

Je courbai l'échine, releva légèrement ma robe bleue et croisa élégamment mes jambes, je fis l'effort de pousser ma voix afin qu'elle ressorte claire et concise.

— C'est un honneur de ne vous revoir que les dieux...

Soudain, je fus projeté en arrière sur le sol dur. Je ne comprenais pas ce qui se passait, mon cerveau avait du mal à analyser l'information.

Que venait-il de se passer ?

— Mademoiselle !

Anna se précipita vers moi tout aussi chamboulé.

Il m'avait poussé avec sa jambe ? Il a continué son chemin sans même prendre le temps de s'arrêter.

Je voyais leur silhouette s'éloigner sans même m'adresser un regard, cela m'avait rappelé de mauvais souvenir. De très mauvais souvenirs. Anna me serra dans ses bras pour tenter de me réconforter. Mais je n'étais pas triste, ni heureuse. J'éprouvais seulement un grand soulagement, le soulagement de ne pas pouvoir m'attacher à eux, de ne plus pouvoir être blessé et de devoir répondre aux attentes — J'étais libre.

J'avais déjà prévu de ne pas m'enticher d'eux, donc leur attitude vis-à-vis de moi m'arrange même si ce manque de respect me contrarie.

Vous avez le droit de ne pas m'aimer, mais soyez au moins respectueux ! Je ne donnerai plus mon affection à personne, c'est fini.

— Mademoiselle ! Je suis tellement désolé ! Pleurnicha Anna en m'étouffant presque dans ses grands bras.

Je tapotai l'arrière de son dos.

— Ne pleure pas Anna, ce n'est pas si grave.

— Comment vous pouvez dire ça ?! Maugréa-t-elle a voix.

Bon...Anna sera la dernière...

\*

— Ce monde est trop intéressant !

Je brandissais mon livre « Encyclopédie 1 de la poussière de monde » à la lumière du jour, les ouvrages qui régissaient ce monde était comme de grands récits fantaisiste et mythologiques, à l'exception qu'elles étaient réelles. Depuis mon arrivée, ici, je passais mon temps à lire, Anna pense que je le fais pour les études, mais c'est plus un loisir qu'autre chose. Une des habitudes que je n'ai pas perdues de mon ancienne vie, là où je ne faisais que lire des manga et jouer aux jeux vidéo. Tout est passionnant, je me suis même mise à aimer les maths pour vous donner une idée. Et plus important, encore ce monde possède de la magie.

On toquâmes 3 fois à ma porte, puis la tête réjouie d'Anna dépassa du seuil. Quand elle affiche cette expression, c'est rarement une bonne nouvelle pour moi.

— Qu'est-il y a Anna ?

— C'est l'heure du dîner.

— Oui et alors ? Je mangerais ici comme d'habitude...

En un instant, je compris où elle voulait en venir et cela me provoqua des frissons d'angoisse.

— Nan... Lâchais-je dans un soupir désespéré.

— Si ! Vous allez dîner avec votre famille ! S'exclama-t-elle en sautant de joie.

— Non. Répondais-je sèchement en me replongeant dans la lecture de mon livre.

Son sourire s'amenuisa.

— Vous en voulez à votre père ?

Ce n'est pas un père. Pauvre Élisa, je la plein, toute cette froideur, ce mépris, il est immonde.

— Non, je ne veux pas, c'est tout.

— Je suis vraiment désolé mademoiselle, mais vous n'avez pas le choix, ce sont les règles de savoir-vivre, même vous, ne pouvez y déroger.

— Tu n'as qu'à dire que je suis malade.

— C'est impossible mademoiselle, j'ai prêté serment. Je ne peux mentir à aucun membre de la famille Linderter au risque d'être châtié, ce seau est la preuve de mon serment. Elle retroussa sa manche où était tatoué le seau d'une étoile à cinq branches.

— Dis-leur que je ne me sens pas bien alors, c'est partiellement vrai.

— Mademoiselle...Bon très bien. Je vais aller leur dire.

Elle me fit une tête de chien battu.

Je ne céderai pas.

Ses yeux s'humidifièrent.

Je ne céderai pas !

Une larme coula le long de son visage qu'elle essuya d'un revers de la main.

— Bon, reposez-vous bien mademoiselle.

— C'est bon, je vais y aller !

Son visage s'éclaira en un instant faisant l'impasse sur son émotion précédente.

— Super ! Alors allons-y !

Je ne sais pas pourquoi, mais lorsque je la regarde, j'ai comme la désagréable impression de m'être fait avoir.

On marcha dans les grandes allées du château, d'une extravagance surréaliste, les murs étaient remplacés par de grandes vitrines ou la lumière filtrait sans entrave. Le sol d'une clarté luxuriant reflétait chacun de nos corps avec une précision affine. Des piliers ressemblant à ceux grecque sublimait le tout — avec ses fleurs qui sortaient directement de leurs matières, de différentes sortes et couleurs.

On arriva devant la porte imposante de la salle à manger, le majordome nous fit entrer, l'endroit était très éclairé et spacieux. Les deux hommes de la famille avaient déjà commencé à manger sans m'attendre, en pleine discussion de ce que je supposais être « pour les affaires » faisant abstraction de ma présence.

Comme je m'en doutais, ils ne m'ont pas attendu. Très bien, moi aussi, je sais être mal polie.

Je m'avançai vers la place vide où une assiette de nourriture était posée, ma chaise me paraissait immense. En même temps vu le colosse qui me sert de père, ce n'était pas étonnant. Anna m'aida à m'asseoir et s'éloigna de nous en silence. Il y avait une cuisse de Mandragore, un dragon vivant en milieu aquatique, accompagner de salade composée de légumes comme de l'Agaraga, du Cirtante et d'autre légumes dont je ne connaissais pas le nom.

Un thé au pétale de Suinte, une fleur à la vertu médicinal et aussi sucrée.

— ...Oui il sera plus facile de développer notre entreprise à Arcansas vu que l'Audré se fait plus rare là-bas...Disa le garçon au cheveu blanc.

—... Le plus difficile sera de déterminer le prix en fonction des moyens de la ville et d'attirer la clientèle très exigeante... Ajouta l'homme au teint blafard.

La colère montait en moi.

Quand je pense que c'est le traitement qu'ils ont réservé à cette pauvre Élisa. Elle n'a que 8 ans, pourquoi a-t-elle droit à autant de mépris ? Qu'a-t-elle pu bien faire ?

Ils me dégoûtaient, je voulais partir au plus vite, j'engloutis mon assiette de manière inconvencionnelle, je manquai plusieurs fois de m'étouffer, grâce au thé cela glissa tout seul. Après avoir fini, je posai violemment mon assiette sur la table créant un grand fracas et faisant trembler toute la vaisselle — Toute l'attention était maintenant sur moi.

J'avalai ma dernière boucher et lâcha un rot vertigineux qui résonnait dans toute la pièce. Je me sentais libéré après avoir relâché ce gaz.

— J'ai fini. Déclarais-je d'une voix assurée.

Je me saisis du pain du chef de famille et partis en courant sous les yeux ébahi des serviteurs. Je pouvais entendre Anna crier mon nom à des kilomètres...

S'ils veulent être impolis, je le serai aussi. Il n'y a pas de raison.

À suivre...

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Blush✨☃️

Blush✨☃️

On ne peut pas s'ennuyer en lisant tes romans !

2024-11-12

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