Chapitre 16

Je me déambule maladroitement dans cet appart qui me semble soudain méconnu et cherche. Je ne dispose d'aucun accessoire à celui-ci et prends possession de la poignée de la porte mais soudain je me fige et enlève l'étrange masque sur ma tête.

    Je sors, je l'envoies sans grâce par terre; enfile mes chaussures et pars.

Je me lèche toujours les babines pour voir si par magie mes canines sortiraient et aperçois en face de moi une porte différente des autres, appuie sur le bouton situé à sa droite et celle-ci s'ouvre. Une dame est dedans, elle ne me remarque pas et fixe un boitier noir. Le local où je suis pousse un rugissement affreux et soudain vibre, il descend à pleine vitesse et nous relâche quelques secondes plus tard de son ventre. La dame n'a pas l'air effrayé et descend sereinement de ce monstre. Je me tiens contre la rembarde, près à vomir.

Elle se retourne, m'attendant proies au vomissement et demande sagement -: "Vous allez bien ?", je fais un geste de la main que tout va bien et elle redemande, inquiète -:" Vous êtes sur ?"  Je hoche la tête.

Elle se rapproche désespérément de moi et me cagole avec ses bras, me porte presque et m'aide à marcher.

-:" Vous arriverez à marcher ?"

Me forçant à me tenir sur elle, m'amène je ne sais où. Je tombe plusieurs fois et elle me rattrape à chaque fois. Dit gentiment - :" Tout ira bien, vous verrez..marchez lentement." Je vomis parfois sur le sol, le ciel semble tourner. Me parlant toujours gentiment et avec bonté, elle prend le temps de marcher avec moi.

Regardant toujours le sol, je remarque qu'on s'avance plus en plus vers la ville. J'entends les coups des klaxons, des bruits de moteurs devenir fréquents et des gens s'arrêtent de plus en plus à notre passage. Elle se fige soudain, son ombre et devant une autre. Cette personne tend son doigt interrogateur vers moi et siffle

-: "Bonjour Madame, vous avez besoin d'aide ? Qui est cet homme ?" Elle répond, franche

-: " C'est mon voisin, il est soudainement tombé après avoir pris l'ascenseur. Vous pourriez appeler pour moi le Samu ou la police ?"  Je m'accroche inconsciemment à elle, ses douces mains viennent recouvrir les miennes tranquillement.

- :" Tout ira bien ! Les secours arrivent !" Je tousse\, du sang coule de ma bouche et pendant que l'autre personne appelle des gens\, celle-ci vient vers moi et demande à ma voisine

-:" Vous avez vérifié s'il n'était pas alcoolisé ?", elle hoche négativement de la tête et siffle crédule

-:" Je le transporte depuis 10 minutes, je n'ai senti aucune trace d'alcool.." Je les coupe en toussant violement et en crachant du sang, mon corps part en avant; près à tomber mais ces deux personnes me rattrapent. Ma voisine me tient fermement et l'autre personne me tâte le corps, il dit soudainement

- : "C'est étrange ....je ne sens aucun battement de cœur !"

- :" Vous avez dû vous tromper ! C'est impossible ! Il serait déjà mort !"  Le sol où mes pieds sont censés être posés\, brille soudain et une fine énergie circule\, se propageant dans mes mains. Les deux personnes ne semblent pas remarquer ce phénomène et je sens en moi un faible battement se former dans mon corps au niveau de ma poitrine. Je crache une mare de sang\, la femme hurle

-: "Mais bien sûr que son cœur bat ! Cela s'entend ! Que font les secours ?!!!" Je me penche et glapies, cette faible lumière et son s'avachie. Je tombe, mes joues colorées par mes déjections; les gens hurlent et je ferme les yeux.

J'entends encore ce battement imaginaire, il vit et s'anime encore par magie. Il faiblit et perd de la puissance, je ne l'anime plus et il disparaît définitivement. Mon corps est conservé sur les bras de cette dame et l'autre personne me retourne, m'appelle je ne sais comment. Ils sont stupéfaits quand ils découvrent ensemble mon visage, je ne le vois toujours pas et ma voisine pleure, apeurée et choquée.

Je ne sais pas à quoi je ressemble, mais l'horreur et la torture doit bien former mon visage. Je ne sais pas, je ne sais plus si j'ai les yeux de telles ou telles couleurs; sans miroir comment connaître notre propre existence et corps ?  Je ne sais qui m'appartient ou qui s'appartient. Je ne sais connais que la douleur et la mort infinie, l'échec constant et univoque*. Une vie un peu triste semé d'embûche et fils de fers rouges et noirs.

Je n'appartiens qu'au vide...ah !

[...] Une voix rigole

Elle tend sa main rouge et avide, encore et encore le même circuit. Une goutte tombe et puis deux, elles rentrent et s'assemblent sur mon visage et nuancent mes yeux.

Encore et encore, l'ombre disparaît et je me questionne encore sur ma véritable identité et sur la ressemblance de mon visage.

J'apparais de nouveau et nais de nouveau. Mon masque, attaché à ma tête et je suis apparu dans un hôpital.

La salle est blanche, personne autour et prends le mini miroir à ma gauche. Je suis étonné de voir un jeune adolescent, cheveux noir d'ébène avec des reflets blancs autour de mon masque; mes yeux sont toujours rouges. Avant, à chaque renaissance, je vieillissais mais je n'ai pas changé de carrure et de physique depuis la dernière fois.

La porte s'ouvre, mon masque disparaît bizarrement et ma voisine vient tranquillement vers moi. Elle s'assoit, me prend les mains et commence doucement par dire

-:" Comment tu te sens ?"

*: qui ne change pas

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