Ma Reine Ne Boîte Pas, Elle Marche Avec Grâce.

Ma Reine Ne Boîte Pas, Elle Marche Avec Grâce.

Chapitre 1 — Le quotidien silencieux de Yuki

‎Les premiers rayons timides du soleil filtraient à travers les rideaux pâles de la chambre modeste où Yuki Soma ouvrait lentement les yeux. La pièce baignait dans une lumière douce, presque fragile, à l’image de la jeune fille qui s’éveillait là, dans ce petit monde qui lui servait de refuge.

‎Yuki posa délicatement ses pieds sur le sol froid, sentant la familiarité rassurante de sa canne appuyée contre le mur près du lit. Son pied gauche, fidèle compagnon de douleur et d’imperfection, la faisait souffrir dès le moindre pas, rappel cruel d’une blessure invisible aux yeux des autres mais qui marquait profondément sa démarche.

‎Malgré cela, elle se redressa avec une grâce presque paradoxale. Sa silhouette menue, d’une élégance naturelle, glissait avec lenteur vers la salle de bain, les longs cheveux argentés caressant ses épaules et captant la lumière du matin comme un halo précieux. Ses grands yeux rouges rubis, encore voilés de sommeil, reflétaient une détermination farouche — celle d’affronter un monde souvent cruel, malgré ses cicatrices.

‎Le lycée privé où elle étudiait grâce à une bourse représentait pour Yuki un monde à la fois fascinant et hostile. Entourée de jeunes issus de familles aisées, souvent ignorante de son existence, elle portait en elle le poids du regard des autres. Mais surtout, le poids des murmures méchants, des insultes lâchées sans vergogne, des rires étouffés derrière son dos.

‎Chaque pas dans les couloirs carrelés semblait amplifier la différence qu’elle incarnait. Sa canne, discrète mais indispensable, trahissait son handicap à ceux qui savaient regarder, et faisait d’elle une cible facile pour les moqueries et le harcèlement. Pourtant, Yuki ne cédait pas. Le masque qu’elle portait — tantôt un simple bout de tissu, tantôt des vêtements amples — était son armure contre un monde trop dur. Elle ne voulait pas que sa mère, Yume, découvre la vérité, préférant affronter seule ses tourments.

‎Chez elle, Yume était un pilier. La douceur incarnée, même si la fatigue et la tristesse marquaient ses traits. Couturière à domicile, elle travaillait sans relâche pour offrir à sa fille un avenir meilleur. Leur lien était leur force commune, une lumière qui résistait aux tempêtes invisibles.

‎Ce matin-là, comme tous les autres, Yuki prit soin de dissimuler sa douleur derrière un sourire fragile et un regard fier. Chaque jour était une bataille silencieuse, mais elle avançait, pas après pas, avec une grâce que personne ne semblait remarquer. Parce qu’au fond, même boiteuse, Yuki marchait avec une force que peu possédaient.

La vapeur s’échappait en volutes paresseuses de la tasse entre les doigts fins de Yume Soma. Elle était déjà assise à la petite table carrée de la cuisine, dans sa robe de chambre pâle, les cheveux châtains relevés dans un chignon flou qui laissait s’échapper quelques mèches grisonnantes. Sur son visage fatigué flottait un sourire doux, voilé d’inquiétude. Le tic-tac régulier de l’horloge murale accompagnait les effluves de thé chaud qui emplissaient la pièce.

Yuki arriva lentement, sa canne dans une main, l’autre tenant le col de son pull large. Elle portait un pantalon trop long, un gilet gris trop large, et comme toujours, un masque fin recouvrait la moitié inférieure de son visage.

— Bonjour, maman.

La voix de Yuki était douce, posée, mais Yume détectait chaque nuance, chaque soupir caché derrière le calme. Elle répondit avec tendresse :

— Bonjour, ma fille. Tu es toute belle aujourd’hui.

Yuki baissa légèrement les yeux, gênée, sans répondre. Elle s’assit doucement à table. Le moindre mouvement lui coûtait un effort qu’elle camouflait bien. Yume versa une seconde tasse de thé et la glissa vers sa fille.

— Tu as bien dormi ?

— Oui, ça va.

Un mensonge doux, récité avec soin. Yume l’accepta sans insister, mais elle ne fut pas dupe. Elle savait que Yuki se fermait parfois, et elle respectait ce silence-là. Alors elle parla d’autre chose, de la robe qu’elle devait terminer pour une cliente, du chat errant qui était repassé devant la fenêtre la veille, et du printemps qui approchait.

Entre elles, les silences avaient un parfum d’intimité. Yume effleura doucement la main de Yuki sur la table.

— Tu sais… tu es forte. Je suis fière de toi.

Yuki releva les yeux. Ce fut un regard d’une intensité rare : rubis éclatant dans un écrin de tristesse contenue. Un minuscule sourire glissa sous son masque.

— Merci, maman…

Elles restèrent un moment là, à partager le thé, sans bruit, comme pour prolonger cet instant de paix avant que le monde extérieur ne vienne tout gâcher.

Le chemin vers le lycée privé était long. Trop long pour quelqu’un qui boitait, mais Yuki le parcourait chaque jour avec la même lenteur digne, soutenue par sa canne. Les passants la regardaient parfois du coin de l’œil, intrigués par cette jeune fille au visage caché, aux cheveux d’argent et aux yeux rouges inoubliables.

Elle arrivait toujours en avance. Elle préférait éviter la foule à l’entrée. Ce jour-là, comme d’habitude, elle franchit les grilles en silence. Personne ne la salua. Personne ne fit attention à elle… jusqu’à ce qu’elle croise Hikari Naruse, talons claquant contre le sol carrelé du hall.

— Tiens… la clocharde est de retour, lança Hikari, un sourire venimeux aux lèvres.

Hikari était entourée de ses deux satellites préférées, Ayane et Mio, qui gloussèrent comme des pies en écho à sa cruauté. Elles portaient toutes les trois l’uniforme parfaitement ajusté, jupe courte, maquillage impeccable, sac griffé.

Yuki ne répondit pas. Elle regarda droit devant elle, sans s’arrêter.

— T’as vu comment elle marche ? On dirait un épouvantail qui a perdu une jambe, ricana Mio.

— Elle se prend pour une princesse avec ses cheveux blancs… alors qu’elle n’est qu’une erreur génétique, ajouta Ayane.

Yuki sentit l’insulte la frapper comme un frisson glacé. Mais elle continua à marcher. Son cœur accélérait, sa main serrait un peu plus la canne, mais son regard restait droit.

Elle ne pleurait plus depuis longtemps.

En entrant dans la salle, elle choisit toujours la même place : au fond, près de la fenêtre. Isolée. Invisibilisée. Même les professeurs semblaient ne jamais la voir.

— On va tous mourir gelés avec elle, lança quelqu’un plus loin, faussement discret.

— Ouais, elle est comme une malédiction ambulante…

Yuki s’assit sans broncher. Elle regarda dehors. Le ciel était clair. Elle aimait la lumière. Elle l’aimait parce qu’elle savait que le monde n’était pas que noirceur… même si elle y baignait constamment.

Quand la sonnerie annonça la pause déjeuner, elle tenta de sortir rapidement, mais un pied se plaça sur son chemin, la faisant trébucher.

Elle se rattrapa à peine avec sa canne.

— Oups. J’ai glissé, dit Hikari, faussement innocente.

Yuki se redressa lentement, sans rien dire, fixant Hikari dans les yeux.

— Tu veux quoi ? grogna Hikari.

Yuki répondit calmement :

— Rien. Je voulais juste passer.

Sa voix n’était ni faible, ni agressive. Juste tranquille. Ce qui agaça encore plus la blonde qui préférait voir ses proies trembler.

Yuki s’éloigna sans un mot de plus.

Le soir, chez elle, Yuki retira enfin son masque. Elle se regarda dans le miroir. Son visage était magnifique, mais elle ne le voyait plus. Elle ne voyait que ce que les autres disaient. Ce qu’ils plantaient en elle à coups de mots.

Mais ce soir-là, comme tous les soirs, elle souffla doucement… et se promit de ne pas plier.

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Comments

delilah

delilah

j ai pleuré dès que j' ai lu la premier phrase 😭 elle est belle mais elle boîte c pour ça que les autres la discriminé

2025-07-09

0

ann@17

ann@17

l'histoire est incroyable dès le début /Drool/

2025-07-10

0

Dan Mushid

Dan Mushid

pourquoi elle boîte ? 🥲

2025-07-10

0

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