Papillon Noir - Chapitre 5 – L’Érosion

"Tu crois encore que tu penses, Hanna. Mais ce sont mes mots que tu entends, même dans le silence." — Layla

Salle d’isolement. Lumière pulsée.

Hanna est seule depuis des heures. Ou des jours. Les murs changent de couleur toutes les 6 secondes — du blanc aveuglant au gris sale, sans transition. Un haut-parleur diffuse en boucle une voix. Sa propre voix.

"Tu as choisi. Tu as voulu rester. Tu veux plaire. Tu veux être vue. Tu veux exister."

Elle a essayé de boucher ses oreilles avec ses mains. Mais la voix passe à l’intérieur maintenant.

Entretien 07 – Enregistrement

Layla entre. Vêtue d’une blouse blanche cette fois, presque clinique. Elle tient un carnet. Pas pour prendre des notes. Juste pour tourner les pages et lui montrer… les autres.

Des photos. D’autres femmes. Toutes jeunes. Toutes avec le même regard vide. Certaines sourient. D’autres pleurent.

Layla

(froidement) Elles aussi ont résisté. Elles ont supplié, menti, joué à la proie maligne. Et maintenant ? Elles ne savent même plus leur prénom. Tu sais pourquoi ?

Hanna

(épuisée) Parce que tu les as… brisées.

Layla

(sèchement) Non. Je les ai nettoyées.

Elle s’approche, met sa main sur la poitrine de Hanna.

Layla

Ce qu’il y a là-dedans… est sale. Plein de mensonges qu’on t’a appris. Je ne te brise pas, Hanna. Je t’arrache les morceaux étrangers. Tu veux être vraie, pas vrai ?

Plus tard, Layla la place dans une salle remplie de miroirs. Tous déformants. Elle parle à travers des enceintes placées tout autour.

Voix de Layla (doublée, triplée) Tu t’appelles comment ? Qui t’a donné ce prénom ? Tu peux le changer, si tu veux. Je peux t’en donner un. Dis-moi ce que je veux entendre, Hanna. Ou je t’efface à nouveau.

Hanna tombe à genoux.

Hanna

Je m’appelle Hanna… je… je crois...

Layla

(Plus douce, mais ferme) Non. Hanna est une illusion. Un masque. Dis le vrai nom.

Hanna

(vidée) …Je suis à toi

Layla la rejoint dans son sommeil. Ou ce qui en reste. Elle s’assoit sur le lit, passe sa main dans ses cheveux. Il n’y a aucune tendresse dans ce geste. Juste un droit qu’elle exerce.

Layla

(Chuchotement à l’oreille) Je vais t’effacer encore. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que mes mots. Mes pensées. Mon image, partout.

Elle pose son front contre celui de Hanna.

Layla

Et quand tu parleras, ce sera ma voix que le monde entendra.

Dernière scène – Salle des papillons

Hanna est debout, nue, face à un mur rempli de papillons noirs. L’un d’eux tombe, lentement. Layla l’observe, silencieuse.

Layla

(À voix basse) Tu n’es plus une victime. Tu es ma création. Un papillon noir… parfait.

Elle s’approche, doucement, et lui murmure

Layla

Et demain, tu recommenceras à voler. Mais sous mon ciel. Sous ma volonté.