"Le choix n’existe que quand il n’est pas observé."
— Layla
Hanna fixe l’adresse écrite au dos du papillon brodé.
Ses mains sont moites. Son cœur bat trop vite.
L’air dans sa chambre lui paraît soudain plus lourd, comme si les murs se rapprochaient lentement
Elle recule.
Elle comprend que quelque chose est vraiment, profondément dangereux.
Et cette fois, elle n’y va pas
Le lendemain – Gendarmerie de quartier
Assise sur une chaise en plastique, Hanna explique tout. Les papillons. La silhouette à la bibliothèque. Le nom murmuré. L’adresse laissée sans explication.
Le gendarme, un homme d’une cinquantaine d’années, prend des notes sans émotion
Gendarme
Mademoiselle… Vous êtes sûre que ce n’est pas un camarade de votre fac ? Une blague malsaine, peut-être ?
Hanna
(nerveuse) Non, ce n’est pas une blague. Je vous dis que cette femme sait des choses sur moi. Trop. Elle me suit. Elle m’a parlé… comme si elle m’avait déjà choisie.
Le gendarme échange un regard avec sa collègue. On sent dans son regard cette suspicion polie, cette distance professionnelle.
Gendarme
On va noter ça. Vous avez gardé les preuves ?
Hanna
Le papillon ? Oui. Il est dans mon sac
Elle ouvre sa sacoche.
Rien
Le papillon a disparu
Elle blêmit.
Hanna
(chuchotant) Non… il était là… je vous jure...
En sortant de la gendarmerie
La nuit tombe vite. Elle descend les marches du bâtiment en boitant presque, perdue dans sa panique.
Elle sent qu’on ne la croit pas. Que personne ne la prendra au sérieux tant qu’il ne sera trop tard.
Elle presse le pas vers son appartement
Elle sent une présence
Encore.
Ruelle latérale — 19h24
Le bruit d’un pas trop lourd. Puis plus rien
Elle tourne brusquement la tête
Personne.
Elle ouvre la porte de son immeuble. Elle entre. Elle referme derrière elle.
Et c’est là que tout se brouille
Un bras autour de son cou. Une seringue froide contre sa peau.
Un souffle tiède à son oreille
Layla
( presque un chant) Tu ne veux pas écouter, Hanna. Alors je vais devoir… t’éduquer.
L’obscurité.
Voix, flottantes
"...elle n’a pas résisté longtemps."
Voix, flottantes
"...le cerveau fabrique lui-même sa propre cage."
Voix, flottantes
"...je veux voir à quel point elle tiendra."
Voix, flottantes
"...les papillons ne crient pas. Ils battent des ailes."
Réveil — lieu inconnu
Sol froid. Lumière vive. La tête qui tourne
Elle est couchée sur une dalle lisse, vêtue d’une chemise blanche. Ses poignets sont libres, mais elle comprend que la liberté n’existe déjà plus.
La pièce est blanche. Trop blanche. Pas de fenêtres.
Sur un mur, un miroir sans teint. Elle le sent. Elle sait qu’on l’observe.
Un haut-parleur crachote faiblement.
Layla
(douce, distante) Tu as essayé de fuir. Tu pensais pouvoir me dénoncer ?
Layla
Tu ne comprends pas encore
Layla
On ne fuit pas ce qu’on porte déjà en soi
Un cliquetis. Une odeur sucrée.
Un papillon noir tombe du plafond, suspendu à un fil.
Il atterrit lentement… juste devant ses yeux
Layla
Tu aurais pu être épargnée, Hanna. Mais tu as voulu résister.
Layla
Et maintenant, je vais devoir t’effacer, pour mieux te réécrire.
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