"Ils ne volent pas comme les autres. Ils tombent doucement, en silence, jusqu’à ce qu’on les ramasse."
— Layla
La pluie coulait sur les vitres de la bibliothèque universitaire, traçant des lignes irrégulières comme autant de cicatrices liquides. Hanna tourna une page, puis une autre, sans réellement lire. Le chapitre sur les comportements antisociaux ne voulait pas s’imprimer dans son esprit.
Son regard était flou. Elle avait cette sensation désagréable… Comme si quelque chose l’observait. Ou plutôt, quelqu’un.
Elle leva les yeux. Une silhouette venait de disparaître derrière une étagère, trop vite pour qu’elle distingue un visage.
Hanna
(murmurant) Encore toi, hein…?
Elle se força à sourire. Elle se disait que ce n’était que son imagination. Le stress, les examens, les heures tardives. Et pourtant, ce n’était pas la première fois. Depuis plusieurs semaines, elle avait l’impression d’être suivie. Pas en plein jour. Non. Mais dans les recoins. Les reflets. Les ombres.
Quelques rues plus loin…
Un carnet en cuir noir repose sur une table. Sa couverture est humide, tachée d’une fine poussière blanche. Une main gantée tourne lentement les pages.
Chaque page contient une photo.
Et des annotations.
Layla
(Doucement, presque tendre)
Hanna Park.
21 ans.
Étudiante brillante.
Fascination pour les profils déviants.
Elle aime les amandes, déteste le vin rouge.
Elle rêve de comprendre l’esprit malade.
Elle ne sait pas… qu’elle est déjà dedans.
(Elle ferme le carnet. Elle sourit)
Elle a commencé à l’appeler son papillon noir.
Retour à l’appartement de Hanna
Hanna entre, laisse tomber son sac à dos. Elle enlève son manteau trempé et jette un coup d’œil vers sa fenêtre.
Elle fronce les sourcils.
La plante qu’elle avait mise sur le rebord… a disparu. À sa place, un petit origami noir. Un papillon, plié avec soin.
Hanna
(Chuchotant, glacée) Qu’est-ce que...
Elle n’ose pas le toucher. Elle recule lentement, attrape son téléphone.
Elle hésite
Finalement, elle le pose
Elle veut comprendre. Une part d’elle… est curieuse.
Le lendemain
Hanna décide de rester plus tard à la bibliothèque. Elle attend. Elle veut surprendre celle – ou celui – qui la suit.
Vers 22h30, l’endroit est désert. Elle se lève. Elle fait semblant de ranger ses affaires, puis fait mine de partir.
Mais elle reste, tapie derrière une étagère.
Et puis, elle la voit.
Une femme. Grande, silhouette fine. Un long manteau noir. Des cheveux très sombres, attachés en tresse. Elle se déplace sans bruit, comme un fantôme.
Elle se penche là où Hanna était assise… et dépose un autre papillon noir.
Hanna ne peut pas bouger
Son souffle est court. Son cœur bat trop vite
La femme tourne soudainement la tête dans sa direction.
Layla
(Voix douce, sans surprise) Tu devrais dormir, Hanna
Hanna sursaute. Comment sait-elle son nom ?
Layla
(Sourit. Puis s’éloigne, lentement, disparaissant entre les rayonnages.)
Plus tard, dans la chambre obscure de Layla
Des papillons noirs couvrent les murs. Pliés, collés, suspendus. Chacun porte un prénom au dos. Écrit à la main.
Tous sont barrés d’un trait rouge
Tous sauf un
Hanna
Layla s’assoit, allume une bougie. Elle parle comme à une présence invisible.
Layla
(murmuant) Tu es spéciale. Différente des autres. Tu veux comprendre, pas fuir.
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