_𝐀𝐥𝐥𝐞𝐬𝐢𝐚
Il me fallu acquérir une clarté d'esprit pour regretter ce qui vient de se produire. C'est une sensation horrifique. Je me maudis d'avoir cédé si aisément, tandis que les larmes commençent à monter à mes yeux.
Enveloppée dans une couverture, allongée sur le côté, je souhaite ardemment disparaître définitivement. Finalement, je ne parviens pas à contenir mes larmes et pleure en silence. Je fais de mon mieux pour minimiser le bruit, mais Raffiele, sans me prêter une grande attention, semble percevoir mes sanglots.
Quelques minutes plus tard, il reçoit un appel.
Alors que je pleure silencieusement, il prend l'appel avec une sérénité déconcertante. Son regard se durcit instantanément, et je peux presque ressentir la tension palpable dans l'air. "Marco ? Je t'écoute," déclare-t-il d'une voix glaciale et maîtrisée. "Parfait." Il s'éloigne légèrement, son ton ayant changé, je comprends immédiatement qu'il vient de recevoir une nouvelle des plus favorables.
— Reviens à Palermo et emmène-le au lieu convenu. Préviens-moi de votre arrivée, je te rejoindrai.
— Non, je m'occuperai de lui personnellement ; je lui dois bien cela.
— Excellent travail, Marco. Toi au moins, tu ne me déçois pas.
Il met fin à l'appel sur cette note, esquissant un sourire en coin avant de murmurer : "Je te tiens enfin." Quel sentiment jubilatoire pour lui ! Il ne peut s'empêcher de ricaner tel un démon.
Narrateur :
Dans un endroit obscur et oppressant, un homme est retenu captif. La pièce plongée dans une pénombre épaisse, les murs sont en béton brut, froids au toucher, et semblent suinter l'humidité. Des ombres dansent sur les surfaces rugueuses à mesure que la lumière vacillante d'une ampoule nue au plafond crée un éclairage sinistre. Le sol est recouvert d'une fine couche de poussière, témoignant de l'abandon des lieux.
Les chaînes qui entravent ses membres résonnent avec chaque mouvement maladroit qu'il tente d'effectuer. L'air est lourd, imprégné d'une odeur de moisi mêlée à celle du métal rouillé des menottes. À travers une grille rouillée sur le mur opposé, il peut apercevoir un soupçon de lumière extérieure qui semble si éloignée et inaccessible. L'atmosphère est saturée d'un sentiment d'impuissance ; il se trouve dans un état lamentable, vulnérable et isolé dans cette prison lugubre.
Deux hommes pénètre la pièce dans laquelle il se trouve et l'embarque avec eux.
_𝐀𝐥𝐥𝐞𝐬𝐢𝐚
Un peu plus tard, nous sommes tous deux assis autour d'une table, le soleil matinal filtrant timidement à travers les rideaux. Les rayons illuminent la pièce d'une lumière douce, mais l'atmosphère est lourde de tension. Je cherche désespérément à me concentrer sur notre petit déjeuner, mais chaque bouchée semble se coincer dans ma gorge. Je suis mal à l'aise face à lui, cette présence imposante qui m'intimide tant. Mon appétit a disparu, et je n'ai presque rien avalé.
Je ressens des douleurs affreuses au niveau des reins, conséquence de cette nuit éprouvante. Je me sens vidé, presque à bout de forces. Le chemin jusqu'ici m'a semblé interminable, et je constate avec amertume que Raffiele ne m'a même pas proposé son aide.
J'aurais pu demeurer confortablement blotti dans mon lit, mais lorsqu'il est présent, l'obligation de partager le petit déjeuner ensemble s'impose comme une règle tacite. C'est un moment que je redoute autant que j'y suis contraint, piégé entre le devoir et la souffrance.
Raffiele, observe mon comportement avec un regard perçant, finit par briser le silence qui pèse entre nous.
— Pourquoi ne manges-tu pas ? demande-t-il, sa voix teintée d'une curiosité presque insidieuse.
Je détourne le regard, mes mains jouant nerveusement avec la nappe en lin.
— Je n'ai pas très faim, murmuré-je, tentant de justifier mon silence.
Il lève un sourcil, un léger sourire ironique se dessinant sur ses lèvres.
— Mange après tout, je t'ai pompée toute ton énergie. Tu dois reprendre des forces.
Ses mots résonnent comme une douce moquerie, mais il y a aussi une certaine inquiétude sous-jacente. Je sens que sa préoccupation est sincère, mais cela ne fait qu'ajouter à mon malaise.
— Ce n'est pas... commençé-je, mais ma voix s'éteint face à son regard insistant.
Soudain, un frisson parcourt mon échine lorsque Raffiele s'adresse de nouveau à moi.
— Mange c'est un ordre .
Il change radicalement ; il est devenu ferme et autoritaire, comme si ma résistance est inacceptable. Cette simple commande me glace le sang et m'oblige à faire face à la réalité de notre situation. Je sais que je ne peux lui désobéir sans en subir les conséquences.
Je prends une profonde inspiration et porte la fourchette à mes lèvres, cherchant désespérément à dissimuler mon anxiété derrière un masque de calme.
— Une femme bienveillante, n'est-ce pas ? s'exclame-t-il avec un sourire narquois, le regard pétillant d'une malice subtile.
Il s'essuie délicatement les lèvres à l'aide d'un mouchoir en lin immaculé avant de se lever de table, laissant entrevoir une certaine précipitation. Il semble avoir des affaires pressantes à régler, sans doute en raison de l'appel mystérieux qu'il a reçu tout à l'heure, me dis-je intérieurement. Il a à peine dormi et le voilà qui s'en va je ne sais où. Pourquoi je m'inquiète pour lui? Moi aussi je n'ai pas assez dormi et j'ai dû sortir du lit pour ce petit déjeuner à la noix alors que j'aurais préféré rester sous ma couette chaude .
Je l'observe avec une attention soutenue, scrutant chaque détail au-delà de sa stature imposante de 1m93. Sa carrure athlétique évoque la force et la puissance, tandis que son apparence soignée témoigne d'un souci du détail inébranlable. Ses cheveux noirs de jais sont soigneusement coiffés en arrière, révélant un visage aux traits marqués par une élégance naturelle et une assurance indéniable.
Vêtu d'un costume taillé sur mesure dans un tissu haut de gamme, il arbore des couleurs sombres qui accentuent la profondeur de ses yeux d'un brun vert magnifiques, captivant ,perçants, souvent empreints d'une intensité fascinante. Chaque geste qu'il effectue est empreint d'une certaine aisance, comme s'il était parfaitement conscient de l'effet qu'il produit sur ceux qui l'entourent. Le parfum subtil qui émane de lui ajoute à son aura captivante, mêlant sophistication et mystère.
— Si tu as à dire, parle , déclare-t-il d'une voix ferme et sans détour.
À cet instant, je prend pleinement conscience de mon indiscrétion ; il a perçu le poids de mon regard sur lui.
— Non, rien , répondis-je, ma voix teintée d'hésitation.
Il ne rajoute pas un mot supplémentaire et s'éloigne avec une détermination silencieuse. Deux de ses hommes de main, vêtus de costumes impeccables et austères, se joient à lui. L'un d'eux s'avance pour lui ouvrir la portière d'une imposante Maserati Quattroporte, symbole de puissance et de prestige.
Après avoir pris place à l'intérieur du véhicule luxueux, les deux hommes montent à leur tour avant que le moteur ne gronde avec une autorité rassurante. Ils démarrent alors dans un vrombissement puissant, s'éloignant avec une assurance qui laisse présager des affaires obscures à venir.
Je me retire à mon tour, laissant derrière moi l'écho d'une conversation inachevée. Un silence assourdissant enveloppe ce grand manoir, créant une atmosphère presque palpable. Les domestiques, discrets et efficaces, s'affairent à débarrasser la table après mon départ, leurs mouvements fluides trahissant une habituelle rigueur dans l'exécution de leurs tâches.
Alors que je m'engage dans le vaste couloir marbré, je ressens rapidement la solitude pesante qui imprègne cette demeure majestueuse. Les murs ornés de tableaux anciens semblent murmurer des histoires oubliées, mais le vide qui m'entoure ne fait qu'accentuer mon isolement. Chaque pas résonne sur le sol en marbre, amplifiant l'impression de solitude qui s'installe peu à peu en moi.
Je poursuis ma route vers mes quartiers, où j'espère trouver un semblant de réconfort. Dans cet endroit d'opulence et de mystère, il est étonnant de constater à quel point l'on peut se sentir terriblement seul.
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