Feux et Ombres

La tension au dojo de Kurasawa Seishin Gakuen était presque palpable en cette fin de journée. Les entraînements pour le tournoi régional de karaté étaient devenus intensifs, les élèves répétant leurs katas et enchaînant les combats sous l’œil vigilant de Sensei Kurogane. Pourtant, dans un coin du dojo, Diana semblait en décalage. Elle frappait un sac d’entraînement avec une intensité inhabituelle, presque rageuse, ses coups résonnant comme des détonations dans la salle.

« Putain, Diana, calme un peu le jeu. Tu veux exploser le sac ou quoi ? » lança Hakira, appuyée nonchalamment contre un mur, un chewing-gum dans la bouche. Ses yeux, pourtant moqueurs, trahissaient une certaine inquiétude.

Diana ne répondit pas immédiatement, essuyant son front trempé de sueur d’un geste brusque. Ses cheveux, habituellement coiffés de manière négligée, collaient à son visage. Genko, qui s’entraînait à proximité, s’arrêta pour la regarder, perplexe. Il s’approcha prudemment.

« Diana, ça va ? T’as l’air... tendue, » murmura-t-il, hésitant.

Diana soupira, ses poings encore serrés. « Écoute, Genko... je dois te parler d’un truc. Mais promets-moi de pas faire ton héros, d’accord ? »

Genko fronça les sourcils. « Euh, ouais, ok. »

Elle baissa la voix, jetant un coup d’œil autour d’elle pour s’assurer que personne d’autre n’écoutait. « Mon cousin, Kazuma… Il est dans un gang, les Black Vipers. Ils foutent leur merde près des docks, et maintenant, ils s’intéressent à moi. Ils pensent que je pourrais leur être "utile". »

Hakira, qui jusque-là mâchonnait distraitement, se redressa d’un bond. « Attends, quoi ? T’es sérieuse ? Ils veulent te recruter dans leur bande ? C’est quoi ces conneries ? »

Diana haussa les épaules, croisant les bras avec défi. « Ouais, c’est exactement ça. Mais je vais pas me laisser faire. Je leur ai déjà dit de me lâcher, mais Kazuma est têtu. »

Genko était visiblement troublé. « Et… tu comptes faire quoi ? »

Diana planta son regard dans le sien, une lueur farouche dans les yeux. « Ce que je fais toujours : leur prouver que je marche seule. Mais si je me fais choper près des docks, ça pourrait mal tourner. »

Avant que Genko ne puisse répondre, Estelle fit irruption dans le dojo, l’air grave. « Diana, je peux te parler ? C’est important. »

Les deux filles s’éloignèrent, laissant Genko et Hakira échanger des regards confus.

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Le soir même, Diana retrouva Estelle à l’entrée de la gare de Kurasawa. L’endroit, habituellement animé, était étrangement calme sous les lumières blafardes des néons. Les bruits lointains des trains et des conversations formaient une toile de fond presque apaisante.

« Alors, qu’est-ce qui se passe ? » demanda Diana, les mains dans les poches, son ton toujours aussi direct.

Estelle prit une profonde inspiration avant de répondre. « Les Black Vipers... Je les connais. Enfin, je connais leur chef. C’est un ancien ami de mon frère. Ces types ne sont pas des amateurs, Diana. Si Kazuma insiste, c’est qu’ils ont un plan. »

Diana fronça les sourcils, sa méfiance naturelle se réveillant. « Et toi, qu’est-ce que t’as à voir là-dedans, hein ? »

Estelle détourna les yeux, visiblement gênée. « Disons que… j’ai traîné avec eux un moment. Je les connais bien. Mais je m’en suis sortie. C’est pas le genre de bande qui laisse les gens partir sans raison. »

Le silence s’installa un moment, interrompu seulement par le bourdonnement d’un train qui passait au loin. Diana serra les poings, ses ongles s’enfonçant presque dans sa paume. « Et tu veux que je fasse quoi, alors ? Leur dire gentiment d’aller se faire foutre ? Ces types comprennent pas ce genre de langage. »

Estelle posa une main sur l’épaule de Diana, son regard plus doux qu’à l’accoutumée. « Je sais que tu veux régler ça seule, mais ce serait une erreur. Ces mecs sont dangereux, Diana. On doit agir intelligemment. »

Diana détourna le regard, visiblement agacée mais consciente de la vérité des paroles de son amie. « Ok, fine. Mais je me laisserai pas intimider. »

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Le lendemain, l’école Kurasawa Seishin Gakuen était en ébullition, mais pour une raison bien différente. Une rumeur circulait parmi les élèves : des membres d’un gang avaient été aperçus rôdant autour de l’école la nuit précédente. L’ambiance, d’habitude légère et joyeuse, était devenue tendue.

Dans les couloirs, Genko et Hakira discutaient près des casiers. Hakira, fidèle à elle-même, ne semblait pas particulièrement impressionnée par les nouvelles.

« Sérieux, tu crois à ces rumeurs, toi ? » lança-t-elle en mâchonnant une nouvelle fois son chewing-gum.

Genko, visiblement plus inquiet, répondit à mi-voix. « Peut-être que c’est pas juste des rumeurs. Tu sais ce que Diana a dit hier... »

Hakira haussa les épaules. « Les rumeurs, c’est comme les vidéos TikTok : 90 % c’est des conneries. Mais bon, si Diana est impliquée dans un truc chelou, va savoir. »

Soudain, Keito, le frère d’Estelle, passa près d’eux. Fidèle à son habitude, il était entouré de ses acolytes et arborait un sourire narquois. « Alors, Genko, prêt à te ridiculiser au tournoi ? »

Genko serra les poings, ses joues rougissant de frustration. Mais avant qu’il ne puisse répondre, Estelle fit irruption derrière son frère, ses yeux lançant des éclairs.

« Keito, lâche-le, » dit-elle froidement. « Si tu passais autant de temps à t’entraîner qu’à te moquer des autres, tu serais peut-être un compétiteur décent. »

Keito éclata de rire, levant les mains en signe de reddition. « Toujours aussi coincée, petite sœur. T’as vraiment besoin de te détendre. »

Il s’éloigna, son rire résonnant dans le couloir. Estelle, visiblement furieuse, ignora les regards moqueurs des amis de son frère et s’adressa directement à Genko. « Laisse-le parler. Il ne vaut pas la peine qu’on s’en préoccupe. »

Genko hocha la tête, bien que les mots de Keito lui restent en travers de la gorge.

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Plus tard dans la journée, le groupe décida de se détendre après les cours. Ils se retrouvèrent dans le quartier animé de Nishinomaru, connu pour ses étals de nourriture et ses boutiques pittoresques. L’air était empli de l’odeur des takoyakis et des yakitoris, et la lumière douce des lanternes donnait au lieu une atmosphère chaleureuse.

Hakira, assise sur un banc en bois, croqua dans une brochette avec enthousiasme. « Putain, ça fait du bien de sortir un peu. Entre le dojo, l’école et tout ce bordel, j’ai l’impression d’être une machine. »

Monica, qui était restée silencieuse jusque-là, posa son takoyaki à moitié mangé. « Vous pensez que le tournoi va vraiment changer quelque chose pour nous ? »

Diana, adossée contre un mur, haussa les épaules. « Je sais pas. Mais moi, j’en ai besoin. Pas juste pour gagner, mais pour prouver que je peux être plus que la fille qui se bat tout le temps. »

Genko, les yeux brillants de détermination, répondit calmement : « Je pense qu’on peut le faire. Ensemble. »

Un silence tomba, mais il n’était pas gênant. Au contraire, il semblait chargé de promesses silencieuses. Sous les lanternes vacillantes, un sentiment de solidarité et d’espoir naquit entre eux, malgré les dangers qui continuaient de rôder dans l’ombre.

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