La Complicité Grandissante

L’atmosphère au parc Ueno, encadré par des cerisiers en fleurs, était paisible ce jour-là. Le doux bruissement des pétales portés par le vent se mêlait aux sons étouffés de coups portés contre les tatamis. Le dojo extérieur, avec son espace largement ouvert et ses drapeaux colorés flottant au gré de la brise, semblait tout droit sorti d’un tableau idyllique.

Genko, concentré, répétait une série de mouvements que Diana lui avait montrés. Son visage ruisselait de sueur, mais une lueur de détermination brillait dans ses yeux. Chaque coup de poing et chaque coup de pied devenaient plus précis, ses gestes révélant un équilibre entre puissance et fluidité. L’entraînement ne concernait pas seulement son corps ; il sentait son esprit se renforcer à chaque mouvement, chaque respiration.

« Très bien, Genko ! » s’exclama Diana, sa voix claire résonnant dans l’espace. Elle arborait son sourire habituel, à la fois énergique et rassurant. « Concentre-toi encore un peu plus sur ton équilibre. N’oublie pas que c’est là que tout commence. »

Diana, vêtue de son uniforme d’entraînement, démontra un crochet avant d’une fluidité impressionnante. Le mouvement semblait simple dans ses gestes, mais la souplesse et la puissance qu’elle y intégrait étaient indéniables. Genko, captivé, l’observa attentivement. Il tenta de reproduire le mouvement, bien que sa tentative fût encore hésitante.

Diana s’approcha pour corriger sa posture. « Doucement, ne précipite pas les choses. La vitesse viendra avec la maîtrise. Tu fais des progrès, Genko. »

Pour Genko, ces instants d’entraînement étaient bien plus qu’un simple exercice. C’était une échappatoire, un moment où il pouvait se libérer du poids de ses pensées quotidiennes. Il commençait à admirer profondément Diana, non seulement pour son talent, mais aussi pour sa façon bienveillante et protectrice de l’encourager.

Alors qu’ils terminaient une série d’exercices, une voix nouvelle se fit entendre.

« Hey, là-bas ! Vous avez besoin d’un coup de main pour perfectionner vos coups ? »

Genko et Diana se retournèrent pour découvrir une jeune fille aux longs cheveux bruns et aux yeux perçants. Elle portait un sac d’entraînement sur l’épaule, et un sourire taquin illuminait son visage.

« Estelle ! » s’exclama Diana, laissant éclater sa joie.

Estelle Uroko, la sœur cadette de Keito, venait de rentrer d’un autre lycée où elle avait remporté son quatrième titre de championne de karaté. Son aura débordait de confiance et de charisme. Habillée avec simplicité, mais avec une prestance naturelle, elle semblait déjà s’approprier l’espace autour d’elle.

« Ça faisait un bail, Diana, » dit-elle en s’approchant. « Je m’ennuyais un peu, alors je me suis dit que je pourrais vous rejoindre. Peut-être que je pourrai vous apprendre un ou deux trucs. »

« Tu plaisantes ? On aurait tellement à apprendre de toi ! » répondit Diana avec enthousiasme.

Genko, lui, restait silencieux, un mélange d’intimidation et de fascination se lisant sur son visage. Estelle était impressionnante, et son assurance le captivait autant qu’elle l’intimidait.

« Et toi, le nouveau, tu comptes rester là à baver, ou tu veux vraiment apprendre ? » lança Estelle avec un sourire en coin, ses yeux rivés sur lui.

Genko, pris de court, rougit légèrement avant de répondre maladroitement : « Euh, oui, j’aimerais beaucoup apprendre de toi. »

Estelle haussa un sourcil, amusée par sa réaction. « Bien. Alors, montre-moi ce que tu sais faire. Si tu es motivé, on pourrait même envisager de te faire participer au prochain tournoi. Mais ne te fais pas d’illusions, je vais te pousser à fond. »

Diana éclata de rire, croisant les bras. « Fais attention, Genko. Estelle a une façon assez… brutale de montrer son affection. »

Un peu plus tard, après une session improvisée où Estelle avait partagé quelques techniques avancées, le trio décida de faire une pause. Ils s’installèrent sur le gazon pour partager un pique-nique sous les cerisiers en fleurs. Diana avait préparé des bentos faits maison, et l’odeur des onigiris et des légumes marinés emplissait l’air.

Le soleil commençait à descendre, baignant le parc d’une lumière dorée. Genko mordit dans un onigiri, appréciant la saveur salée de l’algue et le riz moelleux. La conversation s’anima rapidement, passant des arts martiaux aux anecdotes amusantes de leur quotidien.

« Alors, Genko, » demanda Diana en se tournant vers lui, son regard curieux. « Qu’est-ce que tu aimerais faire après l’école ? »

Genko hésita, jouant nerveusement avec son morceau de bento. « Je ne sais pas vraiment… J’aime les arts martiaux, mais… » Il fit une pause avant d’ajouter timidement : « Je pense que j’aimerais aussi explorer d’autres passions, comme le dessin… ou peut-être la musique. »

Estelle, qui mâchait tranquillement un morceau de tempura, releva la tête avec intérêt. « La musique, hein ? Tu devrais vraiment t’y mettre. J’ai entendu dire que c’était un excellent moyen de s’exprimer. Qui sait, tu pourrais finir par chanter sur scène un jour. »

Genko haussa les épaules, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres. « Peut-être… mais je ne suis pas sûr d’avoir assez de talent. »

Diana posa une main ferme sur son épaule. « Le talent, c’est bien, mais ça ne fait pas tout. Tu as déjà prouvé que tu peux persévérer. Si tu veux essayer la musique ou quoi que ce soit d’autre, tu devrais te lancer. »

Leurs paroles résonnèrent profondément en lui. Genko sentit une chaleur familière monter en lui, un mélange d’espoir et de gratitude. Ces moments, ces échanges, étaient précieux.

Alors que le soleil se couchait et que les ombres s’allongeaient, ils promirent de se retrouver plus souvent pour s’entraîner ensemble. Les rires du trio résonnèrent dans l’air, mêlés au bruissement des pétales de cerisiers. Genko, pour la première fois depuis longtemps, se sentait à sa place.

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