Chapitre 8 : Entre Méfiance et Réconciliation

Le silence entre Yuzhen et Wei était lourd, presque suffocant. Wei se tenait là, le visage figé dans une expression de colère retenue, les poings serrés. Yuzhen pouvait voir les muscles de sa mâchoire se contracter, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Il semblait lutter contre une vague d’émotions, cherchant à formuler ce qu’il ressentait, mais chaque tentative échouait.

Yuzhen, toujours essoufflée du combat, sentit son propre cœur s'alourdir. Elle espérait pouvoir s'expliquer avec lui après être parti sans prévenir. Cela avait sûrement du l'inquiéter. Cette pensée fit monter une vague de culpabilité en elle, mais elle la repoussa.

Elle brisa le silence, la voix tremblante mais ferme. « Je voulais seulement t'aider, Wei. Je ne pouvais pas rester là à rien faire, pas après ce que j’ai découvert. »

Les yeux de Wei brillèrent d’un éclat douloureux, mais sa colère refit surface presque aussitôt. « M’aider ? En te mettant en danger comme ça ? Tu n’as pas réfléchi une seule seconde à ce que tu faisais ! » Sa voix s’éleva, résonnant dans le parking désert. « Tu aurais pu te faire tuer, bon sang ! »

Yuzhen sentit son propre agacement grandir. « Et toi alors ? Tu crois que je pouvais juste rester à la maison pendant que toi, tu risquais ta vie ? » Elle croisa les bras, son regard défiant. « Je suis capable de me défendre, Wei. Je ne suis pas la petite poupée fragile que tu sembles penser. »

« Ce n’est pas une question de savoir si tu peux te défendre ou non ! » Wei s’approcha d’elle, son souffle rapide, ses yeux perçant les siens. « C’est une question de confiance, Yuzhen. Si tu avais confiance en moi, tu m’aurais dit ce que tu prévoyais de faire ! »

Yuzhen recula d'un pas, secouant la tête avec frustration. « Et si toi, tu avais confiance en moi, tu m’aurais écoutée au lieu de m’enfermer dans cette maudite chambre ! »

Wei ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun mot ne sortit. La tension entre eux semblait insurmontable. Finalement, Yuzhen détourna le regard, ses yeux brillaient d’une émotion qu’elle refusait de montrer.

« Tu sais quoi, Wei ? » dit-elle d'une voix froide. « J’en ai assez. Je n’ai pas besoin de ça, de cette surveillance constante, de ces doutes. » Elle sentit les larmes menacer de couler, mais elle les refoula avec détermination. « Je vais partir. Tu n’auras plus à te soucier de moi. »

Avant qu'il ne puisse répondre, elle fit volte-face et sortit précipitamment du parking, laissant Wei seul dans l’obscurité.

Yuzhen marcha sans but dans les rues, les néons des enseignes se reflétant sur le bitume humide. La colère, la frustration et la tristesse se mélangeaient en elle, créant un tourbillon d’émotions contradictoires. Elle ne savait pas où elle allait, mais elle savait qu'elle devait mettre de la distance entre elle et Wei, au moins pour un moment.

Elle finit par s’arrêter devant une pharmacie ouverte toute la nuit, la lumière vive de l'intérieur tranchant avec la pénombre extérieure. C'est alors qu'elle le vit.

Zhihao, son jeune frère, était adossé contre le mur, le visage marqué par des ecchymoses, ses vêtements en désordre. Il semblait avoir été passé à tabac.

Yuzhen sentit son cœur se serrer en le voyant dans cet état. Dans sa précédente vie, Zhihao et elle avaient eu une relation tumultueuse, faite de non-dits, de rancœurs et de malentendus. Elle n'avait aucune envie de renouer avec lui, pas après tout ce qui s'était passé.

Elle tourna résolument les talons, décidée à l’ignorer. Mais elle n’avait pas fait deux pas que Zhihao la vit. Ses yeux se fixèrent sur elle, brillants de larmes refoulées. En un instant, il se jeta à son cou, l’étreignant avec une force désespérée.

« Yuzhen… je suis désolé. » Sa voix était brisée, pleine de regrets mais que pouvait-il bien regretter dans cette vie ?

La surprise la figea, et pendant un instant, elle ne sut comment réagir. C’était comme si le rottweiler qu'était autrefois Zhihao s'était transformé en un bichon blessé, réclamant de l'affection. Elle ferma les yeux, luttant contre l’instinct de le repousser. Mais en sentant ses tremblements contre elle, elle ne put se résoudre à l’abandonner.

Avec un soupir résigné, elle murmura : « Viens. »

Sans un mot de plus, elle l’entraîna dans la pharmacie. Elle acheta de quoi soigner ses blessures, bandages, antiseptiques, tout ce qui pourrait l’aider à atténuer la douleur. Ils s'assirent sur un banc à l'extérieur, sous la lumière crue d'un réverbère. En silence, elle désinfecta ses plaies, appliqua les bandages avec une douceur qu'elle ne pensait plus capable de montrer envers lui.

Zhihao la regardait, ses yeux remplis de gratitude et de remords. « Petite sœur… » murmura-t-il, comme s’il n’arrivait pas à trouver les mots.

Elle l’interrompit, d'une voix douce mais ferme. « Ne dis rien. Je ne veux pas t'entendre. »

Il hocha la tête, mais son regard ne quittait pas le visage de sa sœur. « Tu devrais rentrer à la maison avec moi, » osa-t-il après un moment, sa voix pleine d’espoir. « Maman et les autres veulent te voir. Ils s'inquiètent pour toi. »

Yuzhen secoua la tête, le cœur lourd. « Vous n'avez pas besoin de moi. Je ne suis pas votre soeur. »

Elle se leva, prête à partir, mais c’est à ce moment-là que Wei apparut, la cherchant visiblement depuis un moment. Il s’arrêta net en voyant Zhihao, ses sourcils se froncèrent immédiatement. Ne comprenant pas la situation, il se plaça instinctivement entre Yuzhen et son frère, adoptant une posture protectrice.

« Est-ce que ça va ? » demanda-t-il d'une voix tendue, sans quitter Zhihao des yeux.

Zhihao fronça à son tour les sourcils.

Wei ne bougea pas, son regard toujours méfiant. Yuzhen soupira, sentant la tension monter une fois de plus.

« Wei, ça va. C'est mon frère. » Elle posa une main sur son bras pour le calmer. « Je m’occupe de ça. »

Wei la regarda, cherchant une confirmation dans ses yeux. Il finit par hocher lentement la tête, même si la tension dans ses épaules ne disparut pas complètement. Mais cette fois, il choisit de lui faire confiance.

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