Chapitre 2 : 2/2.

Le blondinet plaqua son corps contre celui d'Emily, ses lèvres minces et humides frôlant les siennes. Une odeur âcre d'alcool et de transpiration lui envahit les narines.

_ Tu as de la chance que j'aime les femmes qui résistent, chuchota-t-il d'une voix rauque.

Emily sentit son cœur battre la chamade. Une femme forte ? Elle n'était qu'une proie terrifiée dans un monde de prédateurs. Son geste de tout à l'heure n'avait été qu'un réflexe de survie, comme celui d'un lièvre qui donne un coup de patte à son dernier souffle.

Alors qu'il allait l'embrasser de force, une ombre massive s'interposa. Un homme dans la quarantaine, vêtu d'un long manteau de cuir noir, posa une main puissante sur l'épaule du jeune homme.

_ Je crois que tu as assez bu pour ce soir, gronda-t-il d'une voix qui semblait venir des profondeurs de la terre.

Le blondinet ricana, arrogant malgré son ivresse :

_ T'es qui, papi ? Tu crois faire le poids face à nous ?

Autour d'eux, une vingtaine de regards hostiles se braquèrent sur l'inconnu.

La pression de la main sur l'épaule du jeune homme augmenta. Emily entendit distinctement un craquement. Le visage de l'agresseur se déforma sous l'effet de la douleur, obligeant à libérer son étreinte.

Quand les autres firent mine d'intervenir, l'homme ouvrit simplement son manteau, révélant la crosse polie d'un fusil de chasse. Le silence tomba comme une lame.

D'un geste, il traîna le blondinet dehors comme un vulgaire sac de pommes de terre et le projeta sur le bitume glacé.

_ Que je ne vous revoie plus ici, lança-t-il avant de revenir au comptoir.

Emily, les mains tremblantes, lui servit un whisky.

_ Merci... Sans vous...

L'homme avala la boisson d'un trait.

_ Rien de plus normal. Ses yeux gris parcoururent la salle. C'est fréquent, ce genre de comportement ?

_ Non, première fois. Elle tenta un sourire. Avec la peur que vous leur avez mise, je doute qu'ils reviennent.

Un silence. Puis :

_ Que faites-vous avec un fusil à cette heure ?

L'homme eut un étrange rictus.

_ La chasse, ma belle. Le gibier est particulièrement actif ces temps-ci.

Il se leva brusquement, laissant des billets sur le comptoir. Emily remarqua alors les étranges cicatrices qui zébraient son cou - trop larges, trop profondes pour être des blessures ordinaires.

Quand la porte se referma derrière lui, Emily resta un long moment immobile, une pensée glacée lui traversant l'esprit : quel genre de chasseur part traquer sa proie à minuit passé ?

La nuit s'acheva dans un calme étrange. En fermant le bar, Emily ne pensait plus qu'à son lit. Mais quelque part dans l'obscurité, elle savait que les véritables prédateurs ne dormaient jamais.

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