Chapitre 5 – Chains of Desire

Le matin avait le goût amer d’un mensonge. Je m’étais promis de ne plus le revoir, de ne plus céder à cette attirance malade qui me brûlait les veines. Mais la vérité était là : même seule, je pensais à lui. À ses yeux noirs, à sa voix grave, à cette proximité suffocante.

Stéphanie m’attendait à la sortie de l’amphi.

— On parle. Maintenant.

Je voulus protester, mais elle me força presque à m’asseoir sur un banc désert.

— Tu as changé, Élise. Tu es nerveuse, tu regardes toujours par-dessus ton épaule. Dis-moi la vérité : qu’est-ce qu’il te veut, ce type ?

Je mordis ma lèvre.

— Rien.

— Ne me mens pas ! Tu crois que je ne l’ai pas vu ? Ses yeux sur toi… ce n’est pas normal.

Je restai silencieuse, incapable d’expliquer ce que moi-même je ne comprenais pas.

Stéphanie me saisit la main.

— Tu dois couper les ponts. Sinon tu vas tomber. Et je ne pourrai pas t’aider.

Je hochai la tête sans conviction.

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Plus tard dans la journée, je retrouvai Jacob à la bibliothèque. Il avait l’air tendu, les cernes marquant son visage.

— Tu m’évites encore, dit-il doucement.

— Non, j’ai juste… beaucoup de travail.

Il soupira, se pencha vers moi.

— Élise, regarde-moi dans les yeux. Qu’est-ce qui se passe ?

Son insistance me serra le cœur. Il avait ce regard honnête, protecteur, qui me donnait envie de pleurer. Mais derrière lui, entre deux étagères, j’aperçus une silhouette sombre.

Adrian.

Il nous observait.

Mon souffle se coupa. Jacob remarqua mon trouble et se retourna brusquement, mais l’ombre avait déjà disparu.

— Qui est-ce ? cria presque Jacob.

— Personne, murmurai-je.

Mensonge. Encore.

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La nuit venue, je tentai de trouver refuge dans mes rêves. Mais une fois encore, je me réveillai en sursaut, trempée de sueur. Une voix chuchotait dans mon esprit. Tu es à moi.

Je me levai, incapable de rester enfermée. Je sortis marcher, les bras serrés autour de moi.

— Tu devrais arrêter de me fuir.

Je sursautai. Il était là. Comme toujours. Adrian. Adossé contre un lampadaire, ses traits découpés par la lumière vacillante.

— Tu me hantes, soufflai-je.

Il s’avança lentement.

— Parce que tu penses à moi. Parce que tu m’appartiens, que tu l’acceptes ou non.

— Je ne suis pas à toi !

Il sourit, un sourire cruel et magnifique.

— Alors pourquoi es-tu là ? Pourquoi tes pas me mènent toujours vers moi ?

Je reculais, mais chaque geste semblait inutile. Il réduisit la distance, posa une main contre le mur derrière moi, me piégeant.

— Je pourrais disparaître, murmura-t-il contre ma tempe. Mais tu me chercherais encore.

Ses doigts frôlèrent ma joue. Je tremblais, incapable de distinguer la peur du désir.

— Tu me fais peur.

— Non, dit-il doucement. Je t’attire. C’est différent.

Son souffle caressa mes lèvres, si proche que mon cœur battait à en exploser. Je sentais les chaînes invisibles se resserrer autour de moi. J’étais incapable de m’échapper.

Il approcha ses lèvres des miennes… puis s’arrêta à quelques millimètres.

— Pas encore, murmura-t-il. La chute est plus douce quand on la désire vraiment.

Et il s’éloigna, me laissant pantelante, prisonnière de ma propre obsession.

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Le lendemain, en cours, je n’écoutai pas un seul mot. Mes pensées tournaient en boucle autour de lui. Chaque détail du monde me semblait insignifiant à côté de son ombre.

Puis une chose étrange se produisit.

À la sortie de l’amphi, une femme m’attendait. Grande, élégante, les cheveux sombres et des yeux d’un bleu glacé. Elle me fixa un long moment avant de dire simplement :

— Tu devrais rester loin de lui.

Je restai figée.

— Vous parlez de qui ?

Un sourire amer effleura ses lèvres.

— Tu le sais déjà.

Elle disparut aussitôt dans la foule, me laissant encore plus troublée.

Qui était-elle ? Et pourquoi ses mots résonnaient-ils comme un avertissement ?

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Cette nuit-là, je compris : les chaînes étaient déjà là. Invisibles. Serrées. Et je ne savais plus si je voulais m’en libérer… ou m’y abandonner.

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