Je claquai la porte de mon appartement, essoufflée, les cheveux trempés et les mains tremblantes. Le silence m’accueillit avec cette froideur familière. J’appuyai mon dos contre le bois et fermai les yeux, tentant d’oublier son regard.
Adrian.
Même son prénom résonnait comme une morsure. Je ne voulais pas y penser, mais chaque battement de mon cœur me ramenait à lui, à sa voix, à ce sourire troublant.
Je jetai mon sac sur le canapé et allumai la petite lampe de chevet. Mon appartement était modeste, mais il était à moi. Une chambre, une cuisine exiguë, quelques livres qui s’entassaient. Un espace simple, presque fragile… mais bien plus sûr que l’endroit d’où je venais.
Je passai devant le miroir accroché au mur. Mon reflet me parut étranger. Des cernes marquaient mon visage, mes yeux avaient encore cette lueur inquiète que je détestais. J’eus un sursaut : l’espace d’un instant, j’avais cru voir une ombre derrière moi.
Je me retournai. Rien.
Mais les souvenirs remontaient.
Les cris. La porte qui claque. Les coups retenus, parfois pas retenus. Le souffle lourd de la peur qui ne me quittait pas. Mon père n’avait jamais été un homme tendre. Quand ma mère était partie, j’avais été la proie parfaite de sa colère. Ce passé, je l’avais fui. Mais il restait imprimé dans ma peau comme une cicatrice invisible.
Je coupai court à mes pensées quand mon téléphone vibra.
Jacob.
Un message simple : Tu es bien rentrée ?
Un mince sourire m’échappa. Jacob avait toujours été là. L’ami d’enfance, celui qui me connaissait avant les ténèbres. Celui qui avait vu mes larmes quand j’avais trop honte d’en parler à quiconque.
Je tapai une réponse rapide : Oui. Merci.
Quelques minutes plus tard, on frappa à ma porte.
Je fronçai les sourcils, méfiante. Puis une voix familière se fit entendre.
— C’est moi.
Je soufflai, soulagée, et ouvris. Jacob entra, trempé lui aussi, mais avec ce sourire chaleureux qui illuminait aussitôt la pièce.
— J’ai vu la pluie, je me suis dit que tu n’aurais sûrement pas de quoi manger, dit-il en brandissant un sac en papier.
— Tu exagères… mais tu tombes bien.
Il rit, et son rire chassa un instant la tension dans mon corps. Jacob était l’opposé parfait d’Adrian. Ses yeux clairs, son air rassurant, cette douceur qui me calmait toujours.
On s’installa dans la petite cuisine. Il sortit des nouilles chinoises à emporter et on mangea en silence un moment. Puis, il me regarda sérieusement.
— Tu n’as pas l’air bien.
Je détournai les yeux.
— Juste fatiguée.
— Élise… tu sais que tu peux me parler.
Je pinçai les lèvres. Comment lui expliquer ? Comment lui dire que j’avais rencontré un étranger dans la pluie, et que cet homme m’attirait déjà autant qu’il m’effrayait ?
Je choisis de me taire.
Mais Jacob n’était pas dupe. Il s’approcha, sa main chercha la mienne, douce, protectrice.
— Tu n’as pas besoin de rester prisonnière de ton passé. Tu as droit à autre chose, tu le sais, non ?
Ses mots me transpercèrent.
Et pourtant, derrière eux, l’image d’Adrian s’imposa de nouveau dans mon esprit. Sa voix. Ses yeux. Son parfum, même sous la pluie.
Je retirai ma main, mal à l’aise.
— Merci, Jacob. Vraiment. Mais je vais bien.
Un silence lourd s’installa. Ses yeux brillèrent un instant, blessés, mais il ne dit rien de plus. Il savait. Il avait toujours su que quelque chose en moi lui échappait.
Quand il partit, la pluie avait cessé. Je restai seule, assise sur mon lit, la gorge serrée.
Le lendemain matin, le soleil tentait timidement de percer à travers les nuages. J’avais à peine dormi. Mes rêves avaient été peuplés de bruits de pas, de silhouettes indistinctes, d’un regard sombre qui m’épiait.
À l’université, la routine aurait dû me réconforter. Mais rien ne semblait normal depuis cette nuit.
— Tu as une tête affreuse, lança une voix familière derrière moi.
Je me retournai et vis Stéphanie, mon amie la plus proche. Elle était mon contraire : cheveux flamboyants, rire facile, une façon de tout tourner en dérision. Elle posa sa main sur mon épaule, un sourire complice aux lèvres.
— Alors ? Nuit blanche avec Netflix ou avec quelqu’un d’autre ?
Je levai les yeux au ciel.
— Ni l’un ni l’autre. Juste… une mauvaise nuit.
Elle m’observa avec son regard aiguisé. Stéphanie voyait toujours au-delà des apparences.
— Tu mens mal, Élise. Mais d’accord, je ne force pas.
On s’installa dans l’amphi. Elle sortit de quoi gribouiller et me passa un petit papier. Tu devrais arrêter de vivre comme un fantôme.
Je soupirai, mais elle avait raison. Et pourtant, comment lui dire qu’un fantôme avait déjà posé ses griffes sur moi ?
En fin de journée, alors que je sortais du campus, je sentis ce frisson dans ma nuque. La même sensation que la veille. Comme si j’étais suivie.
Je me retournai.
Il était là.
Adrian, appuyé contre un lampadaire, un sourire imperceptible aux lèvres, comme s’il avait attendu patiemment que je le remarque. Ses yeux noirs semblaient se nourrir de ma peur et de mon trouble.
Je restai figée.
Stéphanie arriva en courant, interrompant cette étrange scène.
— Élise ! Tu viens ?
Quand je regardai de nouveau l’endroit où il se tenait, il avait disparu.
Mais je savais qu’il n’était pas loin.
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
12 épisodes mis à jour
Comments
Izuku Midoria
Putain ses un fantôme 👻 ou quoi
2025-08-17
1
Angéla
waaaaaaH !je suis en plein kiffe là
2025-08-18
0