La nuit s’étira comme une plaie ouverte. Impossible de dormir. J’avais tourné et retourné dans mes draps, cherché une position qui calmerait ce poids dans ma poitrine. Mais chaque fois que je fermais les yeux, je le voyais.
Adrian.
Il n’avait rien dit, et pourtant tout en lui hurlait. Ses yeux noirs semblaient m’engloutir, et son absence de geste me glaçait plus qu’une menace.
Je me levai, lasse, et ouvris la fenêtre. L’air frais de la nuit s’engouffra dans ma chambre. Au loin, la ville brillait comme une constellation artificielle. Une illusion rassurante : les gens riaient, aimaient, vivaient. Moi, je me sentais prise dans une toile invisible, prisonnière d’un piège dont j’ignorais encore la nature.
Et alors que je contemplais le vide, une certitude me traversa. Il était là. Pas dans ma chambre, pas dans la rue peut-être… mais proche.
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Le lendemain, mes pas résonnaient dans les couloirs de l’université. Stéphanie, fidèle à elle-même, ne me lâchait pas d’une semelle.
— Tu as encore mal dormi, hein ? lança-t-elle, sans même attendre ma réponse.
Je tentai un sourire.
— Ça se voit tant que ça ?
— Comme un panneau lumineux au-dessus de ta tête.
Elle soupira, puis son regard se fit plus doux.
— Élise… tu sais que je suis là, pas vrai ?
Je hochai la tête. Mais mon esprit était ailleurs. Je ne voulais pas l’inquiéter avec mes démons.
Dans l’amphi, Jacob s’installa derrière moi. Il me frôla l’épaule en guise de salut. Je sursautai légèrement. Ses yeux se posèrent sur moi, inquiets.
— Tout va bien ? murmura-t-il.
— Oui, oui.
Mais il fronça les sourcils. Jacob me connaissait trop.
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À la sortie des cours, je décidai de prendre un détour. J’avais besoin d’air, de silence, loin de leurs regards. La bibliothèque abandonnée, à l’extrémité du campus, m’attira. Peu de gens y allaient encore : les bâtiments modernes avaient remplacé son charme vétuste.
L’intérieur sentait la poussière et le papier jauni. Je longeai les rayonnages, caressant du bout des doigts les couvertures oubliées. Ici, le monde semblait suspendu.
Un bruit.
Un froissement, derrière moi.
Je me retournai brusquement. Mon souffle se bloqua.
Il était là.
Adrian, appuyé contre une étagère, comme s’il avait toujours fait partie du décor. Sa silhouette sombre contrastait avec la pâleur du lieu.
— Tu me suis ? soufflai-je, la voix tremblante.
Un sourire effleura ses lèvres.
— Peut-être.
— Pourquoi ?
Il s’approcha, lentement, ses pas résonnant sur le parquet. Chaque pas me faisait reculer jusqu’à ce que mon dos rencontre une étagère froide. Mon cœur battait si fort que je crus qu’il allait éclater.
— Tu n’as pas peur de moi ? demanda-t-il d’une voix basse, presque caressante.
Je déglutis, incapable de répondre.
Il pencha la tête, ses yeux plantés dans les miens.
— Tu devrais.
Ses mots s’enfoncèrent en moi comme une lame. Pourtant, une chaleur étrange se diffusa dans mon ventre. Je haïssais cette sensation : ce mélange de peur et de désir.
— Laisse-moi tranquille, murmurai-je.
Il sourit davantage, mais ce sourire n’avait rien d’innocent.
— Si seulement tu le pensais vraiment.
Sa main se leva. Ses doigts effleurèrent une mèche de mes cheveux, puis glissèrent lentement le long de ma joue. Mon corps frissonna malgré moi.
Je fermai les yeux une seconde, tentant de reprendre le contrôle. Quand je les rouvris, il s’était déjà éloigné, comme une ombre qui disparaît.
Je restai seule, tremblante, incapable de savoir si je devais crier ou pleurer.
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Le soir, Jacob passa me voir. Il n’avait même pas eu besoin d’être invité. Il connaissait mes silences trop bien.
— Élise… tu n’es pas la même, dit-il doucement. Qu’est-ce qui se passe ?
Je voulus lui dire. Tout. Adrian, son regard, la peur qui me rongeait. Mais les mots restèrent coincés.
— Rien. Juste… des souvenirs qui remontent.
Il se rapprocha, posa sa main sur mon bras.
— Tu sais que je ne te laisserai jamais tomber, pas vrai ?
Ses yeux étaient sincères, pleins d’une tendresse qui me réchauffa un instant. Et pourtant… derrière ses mots rassurants, je sentis cette distance. Car il ne voyait pas ce que j’avais vu. Il ne comprenait pas l’ombre qui m’entourait déjà.
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La nuit suivante, un rêve me saisit.
Je marchais dans une forêt sombre. La pluie tombait en filets glacés. Au loin, une silhouette m’attendait. Adrian. Son sourire était le même.
Je courais, fuyais, mais plus je m’éloignais, plus il se rapprochait. Et quand enfin il me toucha, mes jambes cessèrent de bouger. Je m’abandonnai à ses bras, malgré la terreur.
Je me réveillai en sursaut, le souffle court. Et là, dans l’obscurité de ma chambre, j’eus la certitude qu’une présence m’observait.
Je n’osai pas bouger.
Puis, un murmure traversa l’air. Faible. Presque irréel.
— Tu es à moi.
Mon sang se glaça.
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Comments
Izuku Midoria
Ses que les gens ne savent pas sais que ses dix plus facile de se laisser sombré que de remonter 😞je ses de quoi je parle
2025-08-17
2
Angéla
plus je lis plus je veux la suite /Scowl/ c'est envoûtant
2025-08-18
0