chapitre 4: Les nuits silencieuses

Depuis cette nuit où Jinshi lui avait avoué son identité — et ses sentiments — les choses avaient changé.

Rien de visible.

Et pourtant… tout était différent.

Il ne la forçait à rien. Ne revenait pas avec des paroles enflammées. Il passait. Il s’asseyait parfois sur le seuil de son laboratoire. Il l’observait préparer ses remèdes, en silence. Parfois, il apportait du thé, parfois une nouvelle variété de fleurs séchées pour ses potions.

Et parfois, il ne disait rien.

Et c’était cette absence de mots qui troubla le plus Maomao.

Un soir d’hiver, le froid avait envahi le palais, glissant dans les interstices comme un serpent invisible. Maomao avait veillé tard, son petit brasier à peine suffisant pour réchauffer la pièce. Elle n'avait pas voulu rentrer dormir dans le dortoir commun. Trop de bruit. Trop de chaleur. Trop de rumeurs.

À sa grande surprise, Jinshi frappa.

— Je peux entrer ?

— Ce n’est pas chez moi, répondit-elle simplement.

Il entra sans cérémonie, vêtu plus simplement que d’ordinaire : un kimono de laine noire, sans broderie. Il n’était plus le prince du palais, juste un homme aux mains glacées et au regard fatigué.

— Tu as mauvaise mine, observa Maomao.

— Je dors mal ces temps-ci.

Elle ne fit aucun commentaire. Elle lui désigna une natte au sol, près du feu.

— Assieds-toi. Bois ça. Elle lui tendit une infusion fumante. Pas de poison. Enfin… sauf si tu me provoques.

Un petit sourire étira les lèvres de Jinshi.

— Avec toi, même le poison est tentant.

Elle leva les yeux au ciel, mais ne dit rien.

Ils restèrent là un long moment, sans bruit, à écouter le crépitement du feu.

— Tu as déjà aimé quelqu’un, Maomao ?, demanda-t-il soudain, les yeux perdus dans les flammes.

Elle mit du temps à répondre.

— J’ai aimé mon père adoptif. Il m’a tout appris. J’aimais les plantes. J’aimais les livres de médecine. J’aimais la solitude.

Un temps.

— Mais je n’ai jamais aimé quelqu’un de la façon dont tu me parles.

— Et maintenant ?

Elle fixa ses mains, tachées d’herbes séchées et de poudre de baume.

— Je ne sais pas. J’ai peur. Peur de ne plus être moi si je me laisse aller. Peur que tu partes. Peur que tu restes.

Il la regarda longtemps. Puis, sans mot, il se leva, attrapa un coussin et le posa près de la porte, face au couloir.

— Je resterai là. Je ne bougerai pas.

— Tu n’as pas besoin de monter la garde.

— Non. Mais j’ai envie d’être là, cette nuit.

Elle observa sa silhouette, assise droite contre le mur, le visage calme. Il ne demandait rien. Il ne touchait pas. Il n’insistait pas.

Et ce fut précisément cela qui la bouleversa.

Cette nuit-là, elle n’arriva pas à dormir. Elle le sentait, là, à quelques pas. Comme un feu silencieux dans le froid. Elle tendit la main sous sa couverture. Elle toucha la natte, vide. Puis la retira.

Et ferma les yeux.

Le lendemain matin, lorsqu’elle se réveilla, il n’était plus là.

Mais un petit paquet de fleurs séchées l’attendait. Fleur de suisen. Narcisse d’hiver.

Et un mot, calligraphié à l’encre brune.

> Je n’ai pas dormi. Mais j’ai rêvé de toi.

Elle le plia, le rangea dans une boîte. Et pour la première fois depuis longtemps, elle sentit son cœur battre autrement.

Pas comme devant un poison inconnu.

Mais comme face à un remède qui ne disait pas encore son nom.

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