chapitre 3: La vérité sous les voiles

La lune brillait haut dans le ciel, pâle et ronde, presque irréelle. Le silence du palais était interrompu par le bruissement lointain des feuilles et le frottement discret des sandales sur les pavés.

Maomao venait tout juste de rentrer dans son laboratoire quand il entra, sans prévenir.

— Pas un mot, même pas un toquement ?, dit-elle sans se retourner.

Elle savait que c'était Jinshi. Aucun garde n’aurait osé. Aucun autre n’aurait su déjouer les tours de garde. Et surtout, aucun n’aurait senti aussi fortement le jasmin et le danger.

— Je ne suis pas ici comme fonctionnaire ce soir.

Elle s’arrêta au milieu du rangement des fioles.

— Oh ? Et que veux-tu, alors ?

Il s’avança lentement, s’arrêtant à quelques pas d’elle.

— Toi.

Le mot flotta dans l’air. Brutal. Nu. Incandescent.

Elle se retourna enfin, croisant son regard. Il n’avait jamais été aussi sérieux.

— Tu devrais faire attention. Ce genre de mot, dans la bouche d’un eunuque, sonne faux.

Il ne broncha pas.

— Tu sais depuis longtemps que je n’en suis pas un.

Silence.

Un silence si profond que le battement de leurs cœurs semblait hurler. Maomao ne répondit pas. Mais ses poings s’étaient légèrement contractés.

— Je sais tout, dit-elle enfin. Depuis le début. Ton parfum, ton maintien, ta manière de parler. Même tes réactions physiologiques face à certaines concubines. Je savais. Je ne voulais pas m’en mêler.

— Pourquoi ?

— Parce que ce n’est pas mon affaire.

Il s’approcha encore. Son ombre caressa la sienne.

— Et si je veux en faire ton affaire ?

Elle le regarda sans ciller. Mais en elle, une tension bouillonnait. Pas de la peur. Pas de la honte. De la confusion.

— Jinshi. Pourquoi me dire ça maintenant ?

Il hésita. Puis dit, d’une voix plus basse, plus nue :

— Parce que j’en ai assez de faire semblant. Pas seulement avec le palais. Avec toi aussi.

Elle resta figée.

Il poursuivit :

— Tu me regardes comme un poison que tu analyses. Tu te tiens à distance comme si j’allais te brûler. Mais Maomao, je ne veux pas t’utiliser. Je ne veux pas te dominer. Je veux juste…

Il s’interrompit. Son regard vacilla. Il cherchait les mots. Les vrais.

— Je veux que tu restes près de moi. Pas parce que tu es utile. Pas parce que tu es brillante. Parce que ta présence m’apaise. Parce que ton silence me parle plus que mille voix. Et parce que chaque fois que tu pars, je me sens seul.

Maomao sentit sa gorge se serrer. Jamais il ne lui avait parlé ainsi. Sans détours. Sans ruse.

Et elle, qu’avait-elle à répondre ?

Elle se détourna. Ce qu’elle allait dire ne devait pas être vu dans ses yeux.

— Je ne suis pas faite pour ce genre de chose. J’aime la science, l’odeur du vinaigre, les questions complexes. Pas les émotions.

— Et si je te disais que tu peux avoir les deux ?

Elle secoua la tête, lentement.

— L’amour, c’est de l’instabilité. Je préfère les poisons connus aux sentiments imprévisibles.

Il ne s’approcha pas davantage. Il ne la força pas.

— Alors je t’attendrai, dit-il. Mais sache-le, Maomao : je n’en porterai plus le masque.

Et sur ces mots, il se pencha légèrement, lentement, avec une retenue douloureuse. Il frôla son front du sien, tout en retenue. Puis recula.

Et partit.

Maomao resta seule dans la pièce.

Son cœur battait comme s’il avait reçu un coup de scalpel. Lentement, elle s’assit au sol. Elle porta la main à son front, là où il l’avait effleurée.

Et pour la première fois, elle eut peur. Pas de lui. D’elle-même.

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