brûle jusqu'à en renaître

Le vent hurlait à travers les arbres noirs comme les cendres. La pluie tambourinait sur les feuilles mortes, mais Izumi ne sentait plus rien. Elle courait. À perdre haleine. À s’arracher les poumons. Les larmes brûlaient ses joues, mais elle ne les essuyait pas. Son souffle court se mêlait à l’orage, sa colère à la nuit.

Elle ne voulait plus rien entendre. Ni son nom, ni sa naissance, ni cette voix grave qui avait murmuré :

"Tu es ma fille."

> « Mensonge… tout est faux… »

Elle trébucha, roula dans la boue, mais se releva aussitôt. Son cou pulsait. La marque brillait faiblement, comme si elle hésitait à s’éveiller complètement. Elle serra les poings. Elle avait fui. Ren, ce porteur de relique inconnu — son véritable père — avait voulu lui tendre la main. Et elle, elle s'était enfuie comme une bête blessée.

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Cette nuit-là, Izumi ne rentra pas.

Elle marcha jusqu’à ce que ses jambes tremblent. Et lorsque la fatigue la rattrapa, elle s’écroula au pied d’un vieux sanctuaire abandonné. Là, elle sombra dans un sommeil hanté.

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Cauchemars.

La pluie devenait du sang.

Des chaînes serraient son cou.

Son père adoptif, celui qu’elle avait tué malgré elle, apparaissait, le visage explosé, hurlant de douleur :

> "Tu n’es qu’un monstre… regarde ce que ta marque t’a fait faire…"

Elle cria. Se débattit dans son sommeil. Et soudain, le feu. Un brasier noir qui engloutissait tout. Elle hurlait dans les flammes.

Puis une voix.

Calme.

Fermée.

Forte.

> « Debout. Tu n’as pas fini de souffrir. »

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Le lendemain.

Kaen l’attendait. Appuyé contre un arbre, les bras croisés. Son regard rougeoyait sous sa capuche. Il n’avait pas posé de questions. Il n’avait pas eu besoin.

> — Tu veux survivre, Izumi ?

— Je veux… me comprendre. Et… me défendre.

— Bien. Alors, brûle.

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L’Entraînement commença.

Dès l’aube. Jusqu’au crépuscule.

Kaen la poussait à bout. Il l’obligeait à affronter ses peurs, à regarder la marque en face.

Il lui bandait les yeux. La laissait seule dans les bois avec les fonguillés. Lui faisait répéter encore et encore les gestes du Tamer ancestral.

> — Concentre-toi ! Tu veux dompter ta relique ? Elle ne t’obéira que si tu l’acceptes.

> — Je n’en veux pas ! Cette chose m’a fait tuer !

> — Alors meurs avec. Ou accepte-la, et renais.

Les jours passèrent.

Les cauchemars persistaient.

Mais quelque chose changeait.

Izumi endurait.

Izumi persistait.

Et pour la première fois… la marque ne vibrait plus dans la peur. Elle attendait.

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Un soir, autour du feu.

Kaen lui tendit un bol de soupe.

Silence.

Puis Izumi parla, la voix tremblante.

> — Est-ce qu’on naît monstre… ou est-ce qu’on le devient ?

Kaen souffla sur son bol, pensif.

> — On naît brisé. Le monde décide ensuite si on le recolle ou si on nous écrase.

> — Tu crois… que je peux encore… me reconstruire ?

> — Je crois que tu brûles déjà. Il ne te manque plus que les flammes justes.

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Ce même soir, une silhouette apparut dans les ombres.

Un messager.

Pas un homme.

Pas un Tamer.

Une entité relique, ancienne, oubliée.

Il ne parla pas, mais déposa au sol une lame brisée et un masque fissuré.

Puis disparut.

Kaen se leva brusquement.

> — C’est trop tôt… Ils savent que tu es éveillée.

> — Qui… ils ?

Kaen la fixa, gravement.

> — Les Chasseurs d’Échos. Ceux qui traquent les porteurs de reliques… pour les disséquer.

Izumi sentit un frisson la parcourir.

> — Tu veux dire… que je suis une cible ?

> — Non. Tu es un phare. Et les ténèbres viennent vers toi.

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