Les feuilles crissaient sous les pas d’Izumi, craquant doucement sous ses bottes humides alors qu’elle progressait dans la forêt. L’aube était encore loin. La brume rampait entre les troncs noueux, glacée, collante. Elle serrait son manteau d’une main, et de l’autre, elle tenait un petit couteau de chasse ébréché. Il n’était pas vraiment fait pour ça, mais elle faisait avec ce qu’elle avait.
Kaen dormait encore. Il s’était plaint de la pluie, comme d’habitude. Alors elle s’était éclipsée sans un bruit, préférant affronter les bêtes de la forêt plutôt que ses cauchemars.
Ses yeux fouillaient les ombres. Elle cherchait un sanglier, un lièvre, n’importe quoi de comestible pour nourrir leur petit camp de fortune. Mais au lieu d’un grognement animal, ce fut une voix douce, grave et presque irréelle qui parvint jusqu’à ses oreilles.
> « …Reviens… »
Elle se figea. Le son semblait flotter dans l’air, s’insinuer dans son esprit. Ce n’était pas une hallucination. Son cœur battait plus vite. Sans comprendre pourquoi, ses jambes se mirent à bouger toutes seules. Comme si quelque chose en elle répondait à l’appel. Elle suivit la voix à travers les arbres, franchissant les buissons sans hésiter, les pieds trempés par la mousse.
Elle s’arrêta net lorsqu’elle le vit.
Un homme. Grand. Silencieux. Son visage était en partie dissimulé sous une capuche, mais ses yeux brillaient d’un violet pâle, identiques aux siens. Il se tenait immobile, entouré de silence, comme si même les feuilles n’osaient pas tomber autour de lui.
— Tu… tu es un porteur de relique, n’est-ce pas ? murmura-t-elle.
Il hocha la tête. Un léger sourire au coin des lèvres.
— Et toi… tu es Izumi.
Elle tressaillit. Comment connaissait-il son nom ? Elle recula d’un pas, sur ses gardes. Mais l’homme ne fit rien d’hostile. Au contraire, il s’agenouilla doucement et tendit la main, paume ouverte, comme s’il essayait d’approcher un animal blessé.
— Je ne te veux aucun mal. Je t’ai reconnue à ton collier.
Elle porta machinalement la main à sa gorge. Le pendentif battait faiblement contre sa peau, vibrant de manière étrange.
— Ce collier… c’est moi qui l’ai offert à ma fille, il y a quinze ans.
Les mots résonnèrent en elle comme une déflagration. Elle recula de plusieurs pas, les yeux écarquillés. Non. Ce n’était pas possible.
— Tu… tu mens…
— Je suis ton père, Izumi.
Le silence qui suivit était plus lourd que tout. La forêt entière semblait retenir son souffle. Izumi ouvrait la bouche, sans parvenir à parler. Des images floues traversaient sa mémoire : des voix étouffées, un feu, des cris. Rien de clair.
Elle finit par tourner les talons et courir.
Ren ne la suivit pas.
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Elle s’enfuit longtemps. La pluie s’était remise à tomber, fine, pénétrante. Son souffle saccadé soulevait sa poitrine. Elle se laissa tomber contre un arbre, le cœur battant à la gorge. Elle ne pleurait pas. Pas encore. Elle tremblait trop pour ça.
Les mots de Ren tournaient en boucle dans son esprit.
> « Je suis ton père. »
Non. Ce n’était pas possible. Elle avait été élevée par deux personnes froides, distantes, violentes parfois… Mais jamais elle n’avait imaginé qu’ils ne soient pas ses vrais parents. Et pourtant… quelque chose dans sa poitrine vibrait au même rythme que le collier. Un fragment enfoui… qui criait que c’était vrai.
— Izumi ! appela une voix dans la nuit.
Elle reconnut celle de Kaean.
— Je suis là, murmura-t-elle.
Il apparut quelques secondes plus tard, la lampe à la main, ruisselant de pluie. Il s’approcha doucement.
— Tu es blessée ?
Elle secoua la tête.
— Je suis… juste fatiguée.
Il s’agenouilla à côté d’elle. Elle ne recula pas. Il ne posa pas de questions. Juste sa main sur son épaule.
— Il a dit que j’étais sa fille, murmura-t-elle enfin.
— Ce type… c’était ton vrai père ?
Elle hocha lentement la tête.
— Je comprends si tu veux être seule. Mais… sache que je suis là. Je resterai, même si tu me repousses.
Elle ferma les yeux. Ce n’était pas grand-chose, mais ça suffisait.
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Ils étaient rentrés au campement. Le feu crépitait faiblement. Kaean avait proposé de cuisiner ce qu’elle avait ramené. Mais Izumi ne mangea presque rien. Son regard était vide. Comme si une partie d’elle-même s’était effacée.
La nuit fut longue. Dans son sommeil, elle revit son père adoptif, les cris, la gifle, la porte qui se refermait. Et le sang. Toujours le sang.
Elle se réveilla en sursaut, haletante, les yeux écarquillés. Sa gorge était douloureuse. La marque avait vibré.
Mais cette fois… il n’y avait pas de danger.
Elle serra le collier entre ses doigts.
> « Si c’est mon héritage… alors je dois le comprendre. »
Le lendemain, elle retourna dans la forêt. Seule. Kaen dormait encore.
Ren l’attendait, comme si le destin savait qu’elle reviendrait.
— Tu es revenue, dit-il simplement.
— Je veux des réponses. Pas de l’amour. Pas du pardon. Juste… la vérité.
Il hocha la tête.
— Alors suis-moi. Je t’apprendrai ce que tu ignores. Et ce que tu es capable de devenir.
Elle s’arrêta, le regard froid.
— Mais à une condition.
— Je t’écoute.
— Aide-moi à devenir plus forte. Et un jour… je t’affronterai.
Un sourire triste glissa sur les lèvres de Ren.
— Marché conclu, Izumi.
Et ce fut ainsi que commença le vrai chemin d’Izumi Nanao, celle qui portait la marque du rejet… et marchait désormais vers l’ombre pour mieux s’en libérer.
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Comments
Mưa buồn
Chaque nouvel épisode est une nouvelle aventure qui me fait vibrer !
2025-07-25
2
Li-may 💕❤️•°~
.....c'est émouvant
2025-07-25
2