Narrateur :
Le soleil venait tout juste de percer les brumes matinales de Ban Thongchai. Les chants des oiseaux réveillaient les rizières encore humides de rosée. Tout semblait paisible, trop paisible. Mais le destin, capricieux, ne dort jamais bien longtemps.
Dans la demeure modeste que partageaient encore les deux sœurs, une agitation inhabituelle s’éveillait au seuil de leur porte.
Anong :
(dévalant la petite pente menant à la maison)
Maliwan ! Malee ! Sortez vite ! Il se passe quelque chose au village !
Malee :
(s’étirant avec paresse)
S’il s’agit encore d’un buffle égaré, je te jure que…
Anong :
(interrompant vivement)
Non ! Un messager royal ! Avec une escorte ! Ils demandent expressément à vous voir !
Maliwan :
(soudain alerte)
Un messager royal ? Après tout ce temps ?
Narrateur :
En quelques minutes, les deux sœurs étaient prêtes, habillées simplement mais dignement. Accompagnées d’Anong, elles marchèrent jusqu’à la grande place du village, où une foule commençait à se former.
Au centre, un homme en tenue d’apparat, monté sur un cheval noir, se tenait droit comme une lame. Son regard balaya la foule jusqu’à se poser sur les jumelles.
Messager royal :
(s’inclinant avec solennité)
Princesses Maliwan et Malee… Je viens avec des nouvelles de la plus haute importance. Sa Majesté le Roi… est mort.
(Silence.)
Maliwan :
(reculant d’un pas)
Le roi… notre père est mort ?
Malee :
(d’un ton grave)
Quand cela est-il arrivé ?
Messager royal :
(Il descend de son cheval, sort un parchemin cacheté.)
Il y a trois jours. Le Conseil Royal a décidé de vous convoquer à la capitale immédiatement pour l’organisation des funérailles… et la succession.
Kamol :
(s’approchant de Maliwan, inquiet)
C’est donc vrai… le royaume est sans souverain.
Pathima :
(à voix basse à Malee)
Et une place vide au trône attire toujours les serpents.
Narrateur :
Les murmures s’intensifient parmi les villageois. Certains regardent Maliwan avec empathie, d’autres observent Malee avec admiration, voire crainte. Les deux sœurs, unies par le sang, sont désormais rivales désignées.
Lawan :
(soupirant)
Je suppose que les jeux de palais recommencent. Que le meilleur masque gagne.
Anong :
(tour à tour vers chacune)
Vous devez faire vos adieux. Nous partirons demain à l’aube.
Narrateur :
La nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. Les offrandes affluaient, les regards changeaient. Maliwan, assise dans son coin favori, observait le ciel tandis que Kamol la rejoignait.
Kamol :
(s’asseyant à côté d’elle)
Tu n’as encore rien dit depuis l’annonce. Tu ne veux pas… en parler ?
Maliwan :
(doucement)
J’ai toujours su que ce moment viendrait. Mais je m’étais convaincue que ce jour était loin… Très loin.
Kamol :
(la regardant avec tendresse)
Tu n’as pas choisi ce destin. Mais tu peux choisir comment tu le portes.
Maliwan :
(levant les yeux)
Et si je ne veux pas du trône ?
Kamol :
Alors tu devras le dire devant tout le royaume… et faire face à ta sœur.
Narrateur :
De l’autre côté du village, Malee ordonnait déjà ses affaires, choisissant soigneusement ses plus belles étoffes. Sa main glissait lentement sur la garde d’une dague offerte autrefois par leur père.
Malee :
(à Anong)
Je suis prête. Depuis toujours, je le suis. Il est temps que le royaume soit mené par une main ferme.
Anong :
(avec réserve)
Mais à quel prix, Malee ? Le trône ne pardonne ni la précipitation… ni la trahison.
Malee :
(sourire froid)
Je n’ai jamais trahi personne. Mais je n’oublie pas ceux qui m’ont sous-estimée.
Narrateur :
La nuit tomba vite. Trop vite. Les deux sœurs, séparées par les murs de leur demeure, passèrent leurs dernières heures dans le village en silence. Leurs rêves étaient agités. Le trône les appelait. Mais qui y répondrait ?
À l’aube, la caravane était prête. Des chevaux caparaçonnés, des coffres chargés, et le messager royal, toujours aussi impassible, supervisait les préparatifs.
Messager royal :
(à voix haute)
La route vers Ayutthaya sera longue. Nous traverserons des jungles, des montagnes, et peut-être… bien pire.
Maliwan :
(s’adressant à Malee, pour la première fois depuis la veille)
Tu crois qu’il nous attend là-haut ? Le roi ?
Malee :
(froidement)
Je préfère croire qu’il nous regarde. Et qu’il saura laquelle d’entre nous mérite sa couronne.
Narrateur :
Ainsi débuta le voyage. Non seulement à travers les terres thaïes, mais aussi à travers leurs cœurs. Car entre devoir, rivalité, secrets et sacrifices… il n’y avait plus de retour possible.
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MAK Queen
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2025-07-25
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