Narrateur :
Le soleil se lève sur Ban Thongchai, et avec lui, une nouvelle vague de soupçons et de rivalités. Les sœurs jumelles, Maliwan et Malee, s’adaptent chacune à leur façon à leur vie parmi le peuple. Mais sous les sourires et les robes simples, la tension monte : le trône est toujours au cœur de toutes les pensées, même dissimulé derrière les rideaux de chaume.
Kamol :
(entrant discrètement dans la maisonnette de Malee)
Ma Dame… des rumeurs circulent. On parle de rébellions dans les provinces du nord. Le prince Suriyawong aurait quitté Chiang Mai sans prévenir la cour.
Malee :
(froidement)
Chiang Mai se croit toujours au-dessus. Mais ce n’est pas une révolte… pas encore. C’est une ouverture.
Lawan :
Tu penses vraiment que ton moment est venu ?
Malee :
Pas encore. Mais je sens la faille dans l’armure de Maliwan. Le peuple l’aime… trop simplement. Moi, je les gouvernerai, pas les amuser.
Narrateur :
De l’autre côté du village, Maliwan, en compagnie de Pathima, apprend à tresser des paniers avec des enfants. Une activité humble… et une stratégie efficace.
Maliwan :
(rigolant avec les enfants)
Vous êtes de vrais artistes ! Ce panier est plus solide que celui que j’ai fait hier.
Pathima :
Tu gagnes leur cœur, sans forcer. Tu ne t’en rends même pas compte, n’est-ce pas ?
Maliwan :
Je n’essaie pas de gagner quoi que ce soit. Pas ici. Pas eux. J’ai juste… besoin d’air. Et eux me laissent respirer.
Narrateur :
Mais l’air se charge d’électricité. Ce soir-là, un dîner improvisé réunit les deux sœurs, leurs compagnons, et quelques notables du village. L’ambiance se veut paisible. Elle ne le restera pas longtemps.
Surachai :
(levant sa coupe)
Aux récoltes à venir. Que les esprits de la rizière nous soient favorables.
Malee :
Ou que notre organisation le soit. Si nous construisons le canal que j’ai proposé, vous aurez deux fois plus de riz d’ici deux ans.
Maliwan :
(avec douceur)
Mais les esprits ne mangent pas de plans. Ils mangent de la paix.
Ekachai :
Et la paix ne vient pas sans force. Si vous voulez changer le royaume, vous devez imposer une volonté claire.
Kamol :
Et s’il y a deux volontés ? Deux reines ? Deux visions du pouvoir ?
Malee :
Alors il faut trancher. Une seule couronne. Une seule dirigeante.
Lawan :
Vous parlez comme s’il s’agissait d’un duel…
Maliwan :
(peu convaincue)
Nous n’avons pas à nous battre. Le roi décidera.
Malee :
Le roi vieillit. Et les vautours tournent déjà autour de la capitale. Si nous attendons trop, ce ne sera pas lui qui choisira… mais la guerre.
Narrateur :
Le silence tombe. Puis une voix inattendue le brise.
Anong :
(avec calme)
Les vautours tournent toujours. La question est : est-ce que l’une de vous deux sera le serpent, ou le feu qui les chassera ?
Pathima :
Je préfère mille fois un serpent… qu’une guerre.
Maliwan :
(baissant les yeux)
Et moi, je préfère protéger le royaume… quitte à renoncer au trône.
Malee :
(bas, amer)
Toujours à jouer la sage, la douce, la pacifique. Mais sais-tu seulement ce que coûte la paix ?
Narrateur :
Les jours suivants, la tension monte. Malee convoque discrètement quelques anciens du village pour discuter d’une réforme des terres. En parallèle, Maliwan organise une cérémonie pour bénir les champs. Deux stratégies. Deux mondes.
Wichai :
(à Malee)
Certains sont réticents. Ils disent que vous êtes trop pressée.
Malee :
Alors je les dépasserai. Avec ou sans leur bénédiction.
Kamol :
Et si Maliwan devenait reine ?
Malee :
Alors je partirai. Mais pas seule. Et pas sans laisser ma trace.
Narrateur :
Ce même soir, dans l’ombre d’un vieux banian, Amnart, capitaine royal déguisé, observe. Le roi l’a chargé d’un ordre simple : choisir.
Amnart :
(à voix basse)
Maliwan gouvernerait avec le cœur. Malee avec la tête. Et moi… je dois trancher avec l’épée.
Narrateur :
Mais les cœurs sont imprévisibles. Une nuit, Maliwan découvre un mot glissé sous sa natte.
Maliwan :
(lisant à voix basse)
« Demain. À l’ancien sanctuaire. Venez seule. » Aucune signature.
Pathima :
C’est un piège !
Maliwan :
Ou une chance. De comprendre. De décider.
Narrateur :
Le lendemain, au lever du jour, elle s’y rend. L’ancien sanctuaire est silencieux, en ruine… sauf pour une silhouette debout dans l’encensoir effondré : Malee.
Malee :
(la fixant)
Tu es venue.
Maliwan :
J’aurais dû savoir que c’était toi.
Malee :
Tu aurais pu envoyer des gardes. Tu es venue seule. Pourquoi ?
Maliwan :
Parce que malgré tout… tu restes ma sœur.
Malee :
Et pourtant, je suis ton ennemie.
Maliwan :
Non. Tu es celle que je comprends le moins… et que je crains le plus. Parce que tu feras ce que moi, je ne peux pas.
Malee :
Et c’est pour ça que je régnerai. Parce que le royaume a besoin de mains fermes, pas de mains qui tremblent.
Maliwan :
Alors… si tu prends la couronne, tu me feras quoi ? M’exiler ? M’exécuter ? Ou simplement m’oublier ?
Malee :
(baissant la tête)
Je ne sais pas encore.
Narrateur :
Le silence retombe. Puis un rire léger perce les ruines… un rire amer, triste, presque doux.
Maliwan :
Alors faisons une promesse. Peu importe laquelle de nous montera sur le trône… l’autre vivra. Et sera libre.
Malee :
(la regardant droit dans les yeux)
Je te le promets. Mais je ne promets pas de ne pas gagner.
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