Chapitre 5 : Le symbole de l’Aigle Noir

La marquise Ciella cligna des yeux, troublée. Son regard oscilla entre Étoilia, le room service encore fumant et le médecin à l'allure digne qui venait d'entrer.

— Pourquoi n'avez-vous pas fait appel au médecin impérial ? demanda-t-elle d'une voix douce mais chargée de suspicion.

Étoilia se redressa, droite et sereine.

— Je l'ai fait, Votre Grâce. répondez-elle calmement. Mais il m'a prise de haut. Il a clairement dit qu'il ne serait pas… J'ai dû me retenir de lui faire avaler ses lunettes. Alors, j'ai demandé à Rosaline d'aller chercher le médecin de ma famille.

Un silence pesa dans le salon. Kaelith et Ciella échangèrent un regard. Puis la marquise hocha la tête, s'écarta dignement, et laissa Cédric s'avancer.

Le médecin s'incline devant le prince avec une courtoisie respectueuse.

— Bonsoir, Votre Altesse.

— Bonsoir à vous aussi. répondit Solle d'une voix fatiguée, mais intriguée.

Cédric s'agenouilla et examine avec précaution la cheville gauche du prince. Son visage se durcit.

— Vous ne vous êtes pas raté… Fort heureusement, aucun os n'est cassé. dit-il en soupirant. C'est une entreprise sérieuse. Qu'est-ce qu'il est passé exactement ?

Le regard du prince se voila, mais il répond avec sincérité :

— L'impératrice m'a frappé… et j'ai chuté dans les escaliers. Mais Sa Grâce Étoilia m'a rattrapé juste à temps.

— Sans oublier qu'elle a fait pincer l'impératrice à genoux. » a ajouté Kaelith, avec un éclat de fierté dans la voix.

Cédric resta figé, clgna des yeux, puis tourna lentement la tête vers Étoilia, un rire étouffé dans la gorge. Son regard brillait d'un mélange de stupéfaction et d'amusement.

— Je n'aurais pas dû être surpris. murmura-t-il. Vous avez toujours eu un tempérament de feu, comme une flamme que rien n'éteint.

Puis, reprenant son sérieux :

— Bien. Je vais vous laisser, Votre Altesse. Je repasserai demain avec vos médicaments. En attendant, j'ai laissé des bandes stériles et des lotions anti-inflammatoires. Sa Grâce Étoilia s'occupera des bandages. Et surtout… ne posez pas le pied au sol pendant au moins trois semaines.

— Merci à vous. murmura Ciella, émue.

Cédric s'incline et quitte la pièce. Étoilia, alors, servez le repas qu'elle avait soigneusement préparé. Chacun recevait un plateau pour manger instantanément.

Le silence s'installe, rompu seulement par le tintement des couverts. Une première bouchée. Puis une seconde.

Je lève seulement les yeux, surprise.

— C'est... délicieux. Je n'ai pas mangé un repas aussi savoureux depuis si longtemps.

— La viande est fondante, la soupe est exquise… ajoutée la marquise, visiblement émerveillée.

Kaelith sourit, amusée.

— Vous êtes un véritable cordon-bleu, Votre Grâce. Mais… comment saviez-vous que j'étais là, plus tôt ?

Étoilia leva les yeux calmement, une lueur de malice tranquille dans le regard.

— J'ai vu votre ombre pendant que je cuisinais. répondez-elle doucement. On dirait que vous avez choisi de protéger votre frère.

Ses paroles firent taire la pièce. Kaelith, surprise, cligna des yeux. Il pose lentement ses couverts, puis hocha la tête avec sincérité.

— Oui… vous avez une raison. dit-il avec une voix grave. J'ai trop longtemps fui mes responsabilités. Solle et moi… nous sommes nés du même père, de la même mère. Je ne veux plus fuir. Je ne veux plus détourner le regard.

Étoilia observe Kaelith avec douceur.

— Je l'ai compris dès le dîner royal dans l'aile princière. J'ai vu à quel point vous et l'Empereur étiez au bord de l'effondrement.

— Quoi ? Moi je n'ai rien remarqué. » répondit Solle, légèrement confus.

— C'est tout à fait normal, Votre Altesse. murmura-t-elle. Mais moi, je l'ai vu dans leurs yeux, à l'entrée du palais… comme une lueur d'espoir, comme s'ils attendaient que quelqu'un mette fin à cette mascarade.

Rosaline, restée silencieuse jusqu'ici, baissa la tête.

— Je le confirme, Votre Altesse…

Tous se tournèrent vers elle.

— Que veux-tu dire, Rosaline ? demanda Cella, intriguée.

— En passant dans le couloir avec le médecin Cédric, j'ai entendu l'Empereur parler seul. Il a dit qu'il ne voulait pas perdre ses deux fils précieux. Qu'il ne pouvait plus agir autrement. Il a demandé pardon à la défunte impératrice Solaris… Il est piégé dans les filets de l'impératrice Luna.

Un soufflé glacé passé sur la pièce.

— C'est donc pour me protéger qu'il n'a rien dit… souffla Solle. Et qu'il m'appelle « l'Aigle Noir »…

Étoilia se lève lentement. Tous les plateaux désormais vides, elle les plaça calmement sur le char. Puis, sans un mot, elle revint s'asseoir.

Sa voix s'élève, calme, puissante, figée dans une solennité noble :

— Si tous croient que « l'Aigle Noir » est un surnom horrible et indigne… alors ils n'ont rien compris à la valeur de ce symbole.

Kaelith fronce les sourcils.

— De quoi parlez-vous ?

— Oui, j'aimerais comprendre, Votre Grâce. a ajouté Ciella.

— « L'Aigle Noir » était le surnom de votre arrière-arrière-arrière-grand-père… l'ancien empereur aux yeux d'ambre et de neige. expliqua Étoilia, la voix empreinte de respect. Il reçut ce titre pour sa bravoure, quand il mit fin à la guerre des Continents. Le peuple de Lavandia l'a acclamé… et son fils hérita du trône.

— Le Jaguoir de Glace. murmura Ciella.

— Oui. acquiesça Étoilia. Son fils, aux yeux bleu marine, était un prédateur né. Il attendait le bon moment pour frapper. Malheureusement, une maladie l'emporte. Depuis, aucun membre de la famille impériale n'a hérité d'un symbole digne… Jusqu'à vous, Votre Altesse.

Elle posa son regard brillant sur Solle.

— « L'Aigle Noir » est un titre de grandeur. Vos yeux ambirés sont la preuve que vous portez l'héritage de l'ancien empereur. Ce n'est pas une insulte. C'est un honneur.

Le silence revient, chargé de respect.

Kaelith se redressa, impressionnée.

— Mais… comment savez-vous tout cela ?

Étoilia sourit doucement.

— Contrairement à mes sœurs, qui restaient avec notre mère à se maquiller, moi, j'accompagnais mon père à la bibliothèque du village. Il avait accès à d'anciens ouvrages que je lisais pendant des heures. Pendant que mes sœurs se préparaient à briller, moi… j'apprenais l'histoire. Et la cuisine. Et le ménage.

La marquise la contempla avec émotion.

— Vous êtes unique, Votre Grâce… Vous brillez comme la constellation du Phénix.

Un calme nouveau enveloppe le salon de l'aile de Saphir et de Rubis. Une paix douce, apaisante, que seule Étoilia semblait capable d'apporter.

Mais dans l'aile princière, les rires artificiels des prétendantes sonnaient faux. Derrière la lumière, ne régnait que ténèbres et mensonges.

Et désormais, personne ne pourrait plus faire de mal au prince Solle sans affronter la protectrice qui s'était levée…

Dame Étoilia Williams.

🕊️ À suivre…

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