Chapitre 3 : Un dîner dénigrant

Le silence régnait devant le grand hall d'entrée du palais. Tous les regards étaient fixés sur Étoilia, la plus jeune des filles du duc Williams. Elle est venue de forcer l'impératrice Luna, ancienne servante devenue souveraine, à mettre un genou à terre. Et ce n'était que le début.

Dans les bras d'Étoilia, le prince Solle tentait de se redresser. Il grimaça, sa cheville enflée ne supportait plus aucun poids.

— Ne forcez pas, votre Altesse, dit doucement Étoilia, le regard empli de retenue.

Puis, elle leva les yeux vers son majordome, Éric, et sa servante Rosaline, qui s'apprêtaient à la servir pendant tout son séjour au palais.

— Éric, pourrais-tu aider Sa Majesté ? Il ne peut pas marcher seul pour l'instant.

Le majordome s'incline avec respect.

— À vos ordres, Madame.

Rosaline, portant la valise de sa maîtresse, le suivit en silence. Ensemble, ils prennent les devants, laissant derrière eux la foule figée d'étonnement. Les autres princes, tout comme l'empereur, avaient le regard rivé sur la silhouette noble de la jeune duchesse.

Même l'impératrice Luna sentit une gêne profonde naître dans son cœur. Pour elle, un obstacle venait de surgir là où elle pensait ne trouver que des filles vides d'esprit et de personnalité.

— Alors la rumeur était vraie, murmura le prince Louis. Sa beauté est vraiment à couper le souffle.

— Et son caractère... ajoutéa Kaelith. Comme le décrivaient les villageois.

— Aucun doute, conclut Hornor. Elle a un tempérament de feu, malgré une douceur apparente... Elle ne se laisse pas faire.

Les quatre sœurs d'Étoilia, qui écoutaient tout d'une oreille, serraient les dents. Leurs visages étaient figés par la jalousie et la honte. Une à une, elles rentrèrent, furieuses. Dans l'aile princière, leurs portes claquèrent. On entendait déjà leurs cris, exigeant des bains parfumés et des servantes à leur service.

Pendant ce temps, dans l'aile de Saphir et de Rubis, une question franchit les lèvres d'Étoilia :

— Excusez-moi, mais pourquoi la chambre de Sa Majesté se trouve-t-elle ici, et non dans l'aile princière ?

Un tribunal silence s'installe. Ce fut le prince Solle lui-même qui y mit fin.

— Parce que je ne suis pas le bienvenu là-bas, répondu-il, la voix posée. L'impératrice a brûlé toutes mes affaires. Elle a donné mes appartements aux autres princes.

Rosaline baissa les yeux, puis ajoutée d'une voix tremblante :

— L'empereur n'a rien fait. Il a laissé croire au peuple que le prince héritier était le prince Kaelith... L'impératrice a même forcé les autres concubines à ignorer Solle.

Étoilia croisa les bras, l'air indignée.

— Vous me rappelez mes sœurs. Elles aussi m'ont fait vivre un enfer, tout ça pour une couronne. Quelle absurdité...

Je regarde seulement, surpris.

— Vous n'êtes donc pas ici pour monter sur le trône ?

— Je suis venu au palais sur ordre de l'empereur. Rien de plus. S'agiter, se pavaner pour être vue des princes ? Très peu pour moi. Et si se peindre les jouets est nécessaire pour être admirée... eh bien, je préfère rester invisible.

Ses mots claquèrent comme un vent de sincérité. Éric, Rosaline et même le prince Solle en frissonnèrent. Leurs regards se tournèrent, presque instinctivement, vers la fenêtre. La constellation du phénix brillait au loin, paisible et brûlante.

Quelques heures plus tard, le dîner impérial avait lieu. Escortée par Éric, Étoilia arrive aux côtés du prince Solle.

— Le prince Solle et la duchesse Étoilia font leur entrée ! annonce un voiturier.

Tous se tournèrent vers eux. Éric aida respectueusement Solle à rejoindre sa place, pendant qu'Étoilia s'inclinait devant la table royale.

— Je vous remercie de m'avoir invitée à votre table, Votre Altesse, dit-elle d'une voix douce.

— Le plaisir est partagé, petite duchesse. Prenez place, répondez à l'empereur Zeus avec chaleur.

Étoilia s'installa entre Solle et la marquise Ciella, tante des princes et sœur de la défunte impératrice Solaris.

Les plats commencent à être servis... et une scène choquante suivie.

Devant les autres princesses prétendantes et les princes assis en face, des mets somptueux furent déposés. Mais à l'endroit d'Étoilia, de la marquise et de Solle... on servit des restes et de l'eau fade.

Les rires éclatèrent. Les princes s'amusèrent, les sœurs d'Étoilia gloussèrent avec mépris, et même l'impératrice Luna ne put s'empêcher d'éclater de rire.

L'empereur, silencieux, semble frémir. Le prince Kaelith, quant à lui, serre les poings, la grossièrement croustillante.

Mais la voix d'Étoilia claqua comme un fouet :

— Vous êtes d'ignobles personnages. Oser vous moquer d'un prince, de votre sang, comme s'il n'était qu'un vulgaire parasite ? Pitoyable....

Le silence fut total. La marquise Ciella la regarda, stupéfaite. Les princes baissaient les yeux. Les sœurs d'Étoilia cessèrent de rire. Même Luna resta figée, les lèvres tremblantes.

Le regard ferme, Étoilia se leva.

— Je vais prendre congé. Quitte à manger des restes, je préfère préparer moi-même mon repas, dans mon aile.

Éric se leva à son tour pour aider Solle. La marquise les suivit, silencieuse mais digne. Tous trois quittèrent la salle. Les salutations restèrent figés sur leur départ.

Dans les couloirs, Ciella observait le dos droit de la jeune duchesse. Elle comprit que cette fille n'était pas comme les autres.

De retour à la salle du banquet, la tension était étouffante.

— Moi, l'impératrice... Elle ose me traiter d'indigne ? Cette petite ingrate ! siffla Luna, hors d'elle.

— Et pourtant, elle avait raison, répondit Kaelith d'un ton glacial. Vous avez humilié mon frère. Et je vous rappelle qu'il est un prince autant que moi.

— Personne ne veut de lui comme héritier, lancement Louis. Cette petite duchesse finira par se lasser.

Kaelith le fixa, puis déclare :

— Je parie qu'elle deviendra l'obstacle de celle qui se prend pour impératrice.

— QUOI ?! JE SUIS TA MÈRE, KAELITH ! hurla Luna.

— Vous n'êtes pas ma mère. Je suis le fils de Solaris. Et j'en ai assez de jouer le rôle du bon fils.

Il se leva, repoussa sa chaise et sortit. Mais au lieu de se diriger vers ses appartements, il tourne vers l'aile de Saphir et de Rubis.

— Je veux me racheter... Je ne veux plus laisser mon frère seul. Je ne veux plus obéir à une belle-mère qui l'humilie.

Kaelith venait de faire un choix. Pour la première fois depuis longtemps, il avait décidé de protéger son frère.

À suivre...

Chapitre 4 : Dame Étoilia aux fourneaux

Guidée par Rosaline, Étoilia pénétra dans l'aile de Saphir et Rubis. Bercée par l'odeur capiteuse du château, elle arrive en cuisine… et se figea.

La pièce était un désastre : des marmites de bouillon calciné, une pile de vaisselle vendue jusqu'au plafond, des légumes moisis sur le plan de travail, et de la farine périmée collée dans les pièces. Le silence pesait, seul écho d'un service abandonné trop tôt.

Étoilia retroussa ses manches, noua un foulard sur ses cheveux, et balaya l'espace du regard, déterminé.

— Ma Lady, vous n'êtes pas obligée de faire ça, murmura Rosaline, posant une main hésitante sur son bras.

— Ne t'inquiète pas, Rosaline. répondit Étoilia calmement. Le ménage et la cuisine, ça m'est familier. Contrairement à mes sœurs, j'aidais les servantes et le cuisinier du manoir.

Puis, son regard glissa vers Rosaline avec une lueur de curiosité.

— Dis-moi… le prince Solle at-il des allergies alimentaires ? Et la marquise Ciella ?

Rosaline prit un air respectueux.

—Oui, Votre Grâce. Le prince est allergique aux fruits de mer, à la carotte, à la tomate et à l'agneau. La marquise ne souffre d'aucune allergie.

Étoilia clignait des yeux, surprise : elle partageait les mêmes intolérances.

— Merci, Rosaline. dit-elle. Envoie aussi le médecin de ma famille pour qu'il examine le prince.

Rosaline s'incline et quitte la pièce. Elle croisa bientôt le prince Kaelith dans le couloir et l'arrêta doucement :

— Votre Altesse…

— Rosaline ? Où est mon frère, ma tante et la petite duchesse ? exigea-t-il de s'inquiéter.

— Le prince se trouve dans le salon Saphir et Rubis avec la marquise., répondu-elle. La duchesse, elle, est en cuisine, en train de préparer le repas.

Kaelith sourit faiblement.

— Donc ce n'était pas une plaisanterie… Elle allait vraiment cuisiner.

Puis il hocha la tête et laissa Rosaline repartir, passant devant une cuisine fraîchement nettoyée où Étoilia marquait déjà chaque geste de patience et de précision.

Dans la cuisine, Étoilia alignait ses ingrédients.

— Puisqu'il ne peut manger ni agneau ni carotte, murmura-t‑elle en coupant le potiron, je vais faire une soupe onctueuse et une cuisse de poulet bien tendre.

Elle assaisonna le poulet, l'enduisit de citron, huile d'olive, sel, poivre et piment doux, puis le mit à mariner. Le potiron fut découpé, cuit doucement dans de la crème liquide, avant de mijoter à petit feu.

Kaelith observe sans oser troubler son geste.

— Elle n'est vraiment pas comme ses sœurs... pensa-t-il avant de s'éclipser pour retrouver son frère et sa tante.

Dans l'aile princière, l'impératrice Luna fulminait dans sa chambre ornée de son portrait impérial. Les autres princes déitaient des paris mesquins sur qui séduirait Étoilia, tandis que ses sœurs tiraient tous les plans possibles pour conquérir les faveurs royales.

De son côté, l'empereur Zeus, le regard tourné vers les étoiles, priait dans le silence glacial de la nuit :

— Solaris... redonne-moi ton amour. Je ne peux plus agir autrement. Si Luna venait à nuire à Solle... je perdrais tout ce qui reste de notre passé, et Kaelith serait à sa merci.

Rosaline, revenant du couloir avec le médecin de la famille Williams, Cédric, entendit cette confession. Elle comprit enfin le poids qui pesait sur l'empereur.

Alors qu'ils progressaient dans les couloirs, une délicate odeur de cuisine les guida :

— On dirait que le prince sera gâté ce soir. sourit Rosaline.

— Cette odeur… c'est la petite duchesse. Elle cuisine, n'est-ce pas ? demanda Cédric, source levé.

— Oui. J'avoue que j'étais inquiet.

Ils passèrent près d'une porte où, de l'autre côté, l'une des sœurs d'Étoilia quittait les lieux avec un room service décrépi, sous le regard distrait de Rosaline et Cédric.

— Ma Lady, le médecin Cédric est ici.

— Bonsoir, Madame. Pourquoi m'avoir fait appeler ? demanda Cédric en s'adressant à Étoilia.

— Tu es là, merci. répond-elle. Je veux que tu auscultes le prince Solle. L'autre médecin impérial m'a ri au visage, j'ai failli lui jeter ses lunettes mais je me suis retenue.

Cédric hocha la tête, compréhensif.

— Où le trouve-t-on ?

— Au salon, avec le prince et la marquise Ciella. Allons-y.

Le trio s'avance vers le salon. Solle, assis près de sa tante, relève la tête, étrangement tiré par l'arôme venant du couloir.

— Ça a envoyé bon, dit-il doucement.

— Oui, c'est vrai, acquiesça Kaelith.

— On dirait qu'elle arrive, ajouta la marquise Ciella.

Un léger coup retenu à la porte et Solle se redressa, aidé par sa tante. Rosaline ouvre et Étoilia entra, poussant le précaire room‑service, suivie de Cédric. Le médecin s'incline avec respect devant la marquise.

— Bonsoir, Madame la Marquise. Je suis le médecin de la famille d'Étoilia, présent à sa demande.

🕊️ À suivre...

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!