Les jours passèrent. Et Niko devint une obsession.
Pas par ses gestes. Ni par ses mots.
Il restait égal à lui-même — présent mais insaisissable. Une silhouette qu’on ne retient jamais tout à fait. Il ne l’étouffait pas, non. Il ne l’écrivait pas tous les jours, ne l’appelait pas la nuit. Il ne cherchait pas à occuper l’espace. Et pourtant, quand il apparaissait, le monde entier disparaissait autour de lui.
Léna, elle, ne disait rien. Mais elle attendait.
Dans le secret de ses silences, elle tendait des fils invisibles, scrutait chaque vibration de son téléphone, chaque délai de réponse. Elle s’imaginait ses gestes, ses rituels, son odeur sur d’autres draps que les siens. Elle s’imaginait ce qu’elle ne voulait surtout pas imaginer.
Elle essayait de le comprendre. De l’anticiper. De le contenir dans une cage mentale qu’elle seule pouvait verrouiller.
Et c’est là, exactement là, que la faille naquit.
Minuscule d’abord.
Juste un doute. Une frustration.
Puis une envie, dévorante, de plus.
Mais qu’elle refusait encore de nommer.
Un soir, il la rejoignit sans prévenir. Comme souvent.
Elle était debout, un verre à la main, les nerfs tendus sous une robe de soie. Quand il entra, elle le regarda longtemps, puis lança :
— Tu ne dis jamais ce que tu ressens.
— Je ressens. C’est déjà beaucoup.
— Et si moi, j’ai besoin d’attendre plus ?
— Alors tu es plus attachée que tu ne l’avoues.
Elle le détesta.
Pour lire si facilement à travers elle.
Et il l’aima un peu plus pour cette faille justement.
Parce qu’il la voyait enfin humaine, désarmée.
⸻
Trois mois plus tard.
Le sexe était devenu un rituel.
Pas seulement pour le plaisir. Pour le pouvoir.
Chaque nuit passée ensemble laissait une trace sur le corps de Léna : une marque rouge, une griffure, une morsure qu’elle découvrait le matin dans le miroir, comme un secret qu’elle se répétait à elle seule.
Elle aimait quand il la prenait sans un mot.
Contre le mur, sur le comptoir, dans un souffle urgent.
Quand il l’appelait ma lionne.
Quand ses doigts s’enfonçaient dans sa nuque et que ses lèvres la possédaient comme s’il voulait la briser.
Mais ce qu’elle aimait encore plus, c’était ce que ça voulait dire.
Qu’il ne voulait qu’elle.
Qu’il n’avait besoin de personne d’autre.
Et pourtant… parfois, lorsqu’il quittait son lit à l’aube, sans promesse, sans regard en arrière, elle ressentait une douleur sourde.
Une fièvre étrange, qu’elle ne savait pas nommer.
Un matin, la voix à peine levée, elle osa :
— Est-ce qu’il y en a d’autres ?
Il la regarda. Un silence. Puis :
— Tu veux une réponse… ou une garantie ?
— Je veux la vérité.
— Alors sache que je ne suis à personne. Mais ce que j’ai avec toi… je ne l’ai avec personne d’autre.
C’était une réponse honnête.
Et donc dangereuse.
⸻
Deux semaines plus tard.
Léna commença à changer.
Elle, la femme qui contrôlait tout, devint celle qui surveillait.
Elle consultait ses réseaux. Observait ses heures de connexion.
Un jour, elle marcha devant son entreprise. Elle ne rentra pas. Juste… pour voir. Pour s’assurer. Pour se prouver qu’il était là, qu’il existait pour elle, quelque part dans le réel.
Elle s’en voulait.
Elle qui méprisait les femmes jalouses.
Mais elle n’arrivait plus à desserrer sa mâchoire autour de cette peur.
Elle voulait plus que ses mains. Plus que ses nuits.
Elle voulait son exclusivité, son attention, sa dépendance.
Elle voulait être la seule chose qui vibrait dans son monde.
Alors elle se fit une promesse.
Clair. Brutal. Inévitable.
S’il est à moi, il le saura.
Et si ce n’est pas le cas…
Il comprendra ce qu’on perd, quand on trahit ce genre de femme.
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