Chapitre 6

PVD de Lia

Mon cœur bat à tout rompre. Impossible de bouger. Mon corps reste figé, comme paralysé, et je n’ai presque plus d’air. J’essaie de crier, mais rien ne sort de ma bouche. J’étouffe. J’ai besoin d’air, mes poumons se serrent, et une douleur sourde s’installe dans ma poitrine.

Ça recommence encore. Toujours ce même cauchemar. Ce sentiment de perdre le contrôle, d’être engloutie par quelque chose d’invisible. Un abîme noir qui m’avale sans que je puisse lutter.

Et puis, d’un coup, je me réveille.

Je halète, le souffle court. Sans réfléchir, je me précipite vers la fenêtre et l’ouvre en grand. L’air frais du matin me frappe le visage. Il est cinq heures. Tant mieux. Je refuse de me rendormir. De toute façon, je sais que je n’y arriverai pas.

J’attrape une serviette et file sous la douche. L’eau glacée me ramène à la réalité. Je prends mon temps pour ranger ma chambre, espérant qu’occuper mon esprit m’évitera de ressasser. Mais c’est peine perdue. Ces souvenirs reviennent toujours, comme un poison qui s’infiltre lentement.

Cette nuit à l’hôpital…

Ce moment où j’ai failli tout perdre…

La honte, l’impuissance…

Je secoue la tête. Ne pense pas à ça. Avance.

Je descends prendre le petit-déjeuner. Comme d’habitude, la maison est vide. Une assiette m’attend sur la table avec une note de ma mère : J’ai du travail.

Un soupir m’échappe. J’aimerais qu’elle se repose, qu’elle prenne du temps pour elle, qu’elle aille mieux. Mais tout ce que je peux faire, c’est espérer que les affaires finissent par s’arranger.

Après avoir mangé, je quitte la maison et prends la route de la fac. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Stephan. Rien qu’à cette pensée, mon cœur rate un battement.

Ses yeux… ses pupilles que j’adore… Son regard intense, cet air nonchalant, ce sourire en coin qui me fait perdre la tête. Physiquement, il est… attirant. Vraiment.

Mais cette fille d’hier… Celle que j’ai vue sortir de chez lui, le visage ravagé… Je n’arrête pas d’y penser. Elle avait l’air d’avoir souffert. Et ça, c’est un signal d’alarme.

Je dois me protéger.

L’attirance est là, oui. Mais je refuse de me laisser avoir. Pas cette fois.

—

J’arrive enfin à la fac et me dirige directement vers notre bureau. Toute l’équipe est déjà là : Anthony, Mickael, Andie, Lucie, Abby. Ils m’attendent.

Je m’installe et dépose mes affaires. Aujourd’hui, on organise la réception des premières années. Il y a encore mille détails à régler : la déco, le programme, les plannings des clubs, les événements à venir…

La journée passe lentement. Trop lentement.

À mesure que le temps avance, je sens l’excitation monter. J’ai hâte. Hâte de voir où Stephan va m’emmener. De savoir ce qu’il a prévu.

Quand la réunion se termine enfin, je me précipite vers le bus. Direction : Stephan.

Le trajet semble interminable. Chaque minute paraît durer une heure.

Pourquoi je suis aussi impatiente ?

Je ne le connais même pas vraiment. Du moins, pas encore. Et pourtant… il y a cette sensation étrange, ce frisson d’excitation que je n’arrive pas à ignorer.

Non. Je ne peux pas tomber sous son charme. Pas déjà.

J’arrive à destination. En descendant du bus, mon regard le capte immédiatement.

Tee-shirt noir, short noir, cheveux fraîchement coupés, boucle d’oreille scintillante sous la lumière… et ces muscles.

Je crois que je fonds sur place.

Puis il me voit.

Un sourire en coin se dessine sur son visage. Un sourire à la fois amusé et… calculé. Un sourire qui me fait perdre la notion du temps.

— Je pensais que tu allais être en retard. dit-il d’un ton léger.

Sa voix… profonde, calme, un brin moqueuse.

Je retiens mon souffle.

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