Chapitre 4

PVD de Lia

J’essaie de fouiller dans ma mémoire, de me rappeler son visage, un moment précis où nos chemins auraient pu se croiser. Mais rien. Aucune image. Le collège ? Le lycée ? Je fixe mes pieds, perdue dans mes pensées.

— On y va ?

Sa voix me ramène à la réalité. Je relève la tête et croise son regard perçant. Il ne détourne pas les yeux. Merde, il est beau. Je me contente d’acquiescer avec un léger sourire.

Dans la voiture, je m’accroche à mes pensées comme à une bouée. Comment connaît-il Luca ? C’est ça qui me perturbe le plus. Est-ce qu’on s’est déjà parlé avant ? S’il faisait partie de mon entourage, pourquoi ne m’en souviens-je pas ?

L’air est glacial. Un frisson me parcourt alors que je m’installe à l’intérieur. Il referme la portière derrière moi avant de prendre place côté conducteur.

— Donc, on a l’intention de ne rien se dire toute la soirée ?

Je tourne la tête vers lui. Il a ce demi-sourire amusé, celui qui dit je sais que tu crèves d’envie de poser des questions mais que tu te retiens.

— Ok, je connais Luca, commence-t-il en démarrant la voiture. C’est mon pote. Et je suis capitaine de l’équipe de basket. Toi, tu es notre vidéaste. Voilà comment je sais.

— C’est tout ?

Je ne suis pas convaincue. Il y a autre chose. Son regard… il est différent. Comme s’il me connaissait depuis toujours.

— On était au même collège, poursuit-il. Même niveau, classes différentes.

Je fronce les sourcils. Si c’était vrai, je m’en souviendrais… non ?

— Désolée, je ne me rappelle pas de toi.

— Je sais.

Son ton est calme, presque résigné. Puis, après un silence :

— Donne-moi un autre rendez-vous, une soirée comme celle-ci, sans parler du passé. Et après ça, je te dirai tout.

— On dirait que tu vas me confesser un truc.

Il esquisse un sourire en coin.

— C’est exactement ça. Mais avant, je veux que tu me connaisses assez.

Je reste figée, incapable de détourner les yeux. Pourquoi ce suspense ? Pourquoi ne pas juste me dire la vérité maintenant ? Mon cœur s’emballe. Un souvenir oublié… ou refoulé ?

Et si… il faisait partie de cette période que j’essaie d’enterrer ?

Non. Je me souviens de ceux qui m’ont brisée. Et il n’en fait pas partie.

Mon corps se tend malgré moi. Mes mains deviennent moites, ma respiration s’accélère. Je ne veux pas repenser au collège. Ce chapitre-là, je l’ai fermé. Mais mon cerveau se met en mode alerte, cherchant à assembler les pièces du puzzle.

Il soupire doucement.

— Je sais que ça a été dur, murmure-t-il. Je voulais juste passer du temps avec toi… mais je vais te laisser digérer ça.

La voiture ralentit. Il se gare devant sa maison. J’ai besoin d’air.

Dès qu’il coupe le moteur, j’ouvre la portière et sors précipitamment. Mes pas sont hésitants, je marche sans but, tentant de calmer le tourbillon d’émotions qui me traverse.

Et puis, je le sens.

Ses bras m’enlacent par-derrière, son torse contre mon dos. Putain.

Son parfum flotte autour de moi, un mélange de tabac et d’un parfum boisé. Une odeur familière. Réconfortante.

Il caresse doucement mon dos, ses doigts glissant lentement. C’est… agréable. Trop agréable. Je ferme les yeux un instant, me laissant aller à cette sensation.

— On se voit dans trois jours, dit-il à mon oreille. J’ai déjà ton numéro, alors je t’écrirai.

Je me fige.

— Attends… comment ça, t’as mon numéro ?

Il rit doucement, resserrant un peu son étreinte avant de me relâcher.

— D’accord, soufflé-je.

Un dernier regard. Et je m’éloigne. Sans me retourner.

Je ne sais pas ce que je ressens exactement. Mais une chose est sûre : j’ai envie de le revoir.

À la maison.

Comme d’habitude, mes parents sont enfermés dans leur chambre. Ma sœur est avec son mari. Nathe est parti je-ne-sais-où et mon petit frère est scotché à son téléphone.

Parfois, j’aimerais qu’on redevienne cette famille unie d’avant. Les sorties me manquent. Avant, on riait ensemble. Maintenant, on ne fait que survivre.

Et les autres ? Les cousins, les oncles et tantes ? Disparus. Distant depuis qu’on a chuté financièrement. La famille de mon père, puissante et influente, avec leurs hôtels, leurs voitures, leurs entreprises… Ils auraient pu nous aider. Ils ne l’ont pas fait.

Je les déteste.

Je souffle longuement, puis me dirige vers la salle de bain. Douche froide. Besoin d’effacer la journée. Besoin d’oublier.

Ensuite, direction mon lit. J’ouvre mon ordi et lance un film, n’importe lequel. Je veux juste m’échapper.

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