Chapitre 5

PVD de Stephan

Elle ne se souvient plus de moi. De ce qui s’est passé. Peut-être qu’elle n’a jamais su.

— Te revoilà encore perdu dans tes pensées… Tu veux pas qu’on sorte aujourd’hui ? demande Mégane, adossée à l’encadrement de la porte.

— Pas aujourd’hui. Je suis crevé, j’ai des projets pour la fac.

Elle me dévisage, les bras croisés. Je sais qu’au fond, elle me hait autant qu’elle m’aime. Parce qu’on se baise sans engagement. Parce que je lui ai toujours dit que c’était comme ça. Et elle a toujours espéré que ce soit autrement.

Je descends prendre un truc à boire et tombe sur Mike, affalé sur le canapé, son ordinateur sur les genoux.

— T’as fini ton projet ? demande-t-il en me jetant un regard distrait.

— Pas vraiment.

— Le boss veut ça pour demain midi, mec. Et tu sais qu’il déconne pas. En plus, regarde le fric que tu te fais avec ce taf… Tu crois vraiment qu’il va attendre ?

— Relax, je vais le faire ce soir.

— T’as jamais merdé un contrat, t’as intérêt à pas commencer.

Je lève les yeux au ciel. Il a raison sur un point : je n’ai jamais foutu un deal en l’air. Ce boulot paie mon loyer, ma voiture, et me permet de rembourser les dettes de mon père. Parce que ouais, faut bien que quelqu’un s’en occupe. Maman est morte, et depuis, la famille nous a tourné le dos. Ces hypocrites. Eux qui ont des hôtels, des voitures, des affaires florissantes… et pas un rond pour aider mon vieux. Alors je fais ce qu’il faut.

Pirater les bases de données des entreprises, récupérer leurs stratégies marketing, leurs finances, et les revendre à leurs concurrents. C’est illégal ? Peut-être. Mais c’est efficace.

Je retourne dans ma chambre, et bien sûr, Mégane est encore là.

— Faut qu’on parle, lâche-t-elle en s’asseyant sur le lit.

Je tape la place à côté de moi pour l’inviter à s’installer. Je vois à sa tête que ça va partir en dispute. J’aimerais esquiver ça, mais elle ne lâchera pas.

Je tends la main, effleure son bras, remonte lentement jusqu’à sa nuque. Elle frissonne. J’écarte ses cheveux, dépose un baiser sur son cou, puis un autre, puis encore un. Je glisse une main sur sa hanche et la tire contre moi.

— Stephan… murmure-t-elle.

Je l’embrasse encore. Juste assez pour la faire taire. Juste assez pour qu’elle oublie ce qu’elle voulait dire.

Mais pas cette fois.

— Écoute, Stephan… Il faut vraiment qu’on parle.

Je soupire intérieurement et me détache légèrement. Son regard est brillant. Sa voix tremble.

— Est-ce que tu m’aimes ? demande-t-elle.

La question tombe comme un couperet.

On se connaît depuis l’enfance. Elle a toujours été là. Elle sait tout de moi, mes crises, mes conneries, mes autres meufs… et elle est restée. Toujours. Parce qu’elle croit qu’un jour, je vais l’aimer en retour.

Ce qui n’arrivera jamais.

— On s’était dit qu’on ne parlerait pas de ça, je rétorque.

— Je sais, mais j’ai besoin de savoir. Ça fait des années que je suis là pour toi. Je t’aime, Stephan.

Elle me crie dessus, comme si c’était de ma faute. Comme si c’était moi qui l’avais forcée à rester. Je ne lui ai jamais rien promis. Elle a fait ce choix toute seule.

— Depuis qu’on est gosses, je suis là, Stephan. Tu n’as personne d’autre que moi. Personne ne te supporte comme moi. Alors pourquoi ? Pourquoi tu ne m’aimes pas ?

Je la regarde sans rien dire.

— Stephan, dis-moi juste que tu m’aimes. J’ai besoin de l’entendre.

Je la fixe. Elle attend. Elle espère.

Alors je cède.

— Je t’aime aussi.

Elle s’arrête net. Me scrute. Elle sait.

— Tu mens.

— Je dis ce que tu veux entendre.

Elle éclate de rire, amer.

— J’ai toujours su que tu ne m’aimais pas, souffle-t-elle. Mais je me disais que si je restais, si je me battais assez longtemps, peut-être qu’un jour tu t’en rendrais compte.

Je hausse les épaules.

— Tu veux que je te dise quoi ?

— La vérité.

— La vérité, c’est que je ne t’aime pas, Mégane.

Un silence.

Elle serre les poings, avale sa salive, tente de ravaler ses larmes. Elle a enfin sa réponse.

— D’accord.

Elle se lève, prend ses affaires. Cette fois, elle part. Pour de bon, je crois.

Et honnêtement ?

Je ressens rien.

Je la regarde s’agiter, enfiler sa veste, attraper son sac. Je pourrais la retenir. Lui dire que je vais faire des efforts, que je vais changer. Elle me croirait. Elle reviendrait.

Mais non.

Elle mérite mieux.

Alors je la laisse partir.

— Je vais retourner dans mon ancien appart, dit-elle en évitant mon regard. Et je pense que… c’est mieux si on coupe contact. Je veux être avec quelqu’un qui me veut dans sa vie. Qui est sûr de moi.

— Ok.

Elle claque la porte.

Enfin la paix.

Je balance mon téléphone sur le lit et attrape mon ordinateur. Les factures ne vont pas se payer toutes seules.

Une notification.

Lia : J’ai vu une fille pleurer en sortant de chez toi. Tu l’as trompée ?

Je souris. Cette fille a du répondant.

Moi : Non, elle avait de la poussière dans l’œil.

Lia : Sacrée poussière alors.

Amusant.

Moi : Prends-moi demain à 18h. Oublie pas, chérie.

Lia : Ok.

Ce “ok” m’agace. Aucune émotion. Comme si elle s’en foutait.

Intéressant.

Je laisse tomber mon téléphone et me concentre sur mon boulot. Il est temps de bosser.

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