PVD de Stephan
Donc, finalement, j’avais raison. Elle ne se rappelle vraiment pas de moi. Et d’un côté, c’est une bonne chose. Ça veut dire qu’elle ne se souvient pas des conneries que j’ai pu lui faire. Mais ça me perturbe aussi. Comment peut-elle m’avoir oublié après tout ce qu’on a vécu ? Je pensais lui en avoir fait assez baver pour marquer sa mémoire. Huit ans, c’est long, mais pas assez pour effacer une douleur. Peut-être que mon physique a changé. Ou peut-être qu’elle fait exprès.
Je suis perdu dans mes pensées quand une voix m’interpelle.
— Tu as l’air ailleurs… Un problème que je peux régler ? murmure Mégane.
Je lève les yeux vers elle. Son pyjama en satin rouge tombe négligemment sur son corps, à peine assez long pour couvrir ses cuisses. Ses cheveux blonds sont en bataille, comme si elle sortait d’un rêve ou… d’une attente impatiente. Son regard est intense, sûr d’elle.
— Tu penses pouvoir régler mon problème ? je réponds en arquant un sourcil.
— J’en suis certaine.
Elle s’approche sans hésitation, effleure ma joue du bout des doigts, lentement, presque avec tendresse. Mais moi, je ne ressens rien. Rien d’autre que l’étrange obsession de comprendre pourquoi Lia ne se souvient pas de moi.
Puis, Mégane se hisse sur la pointe des pieds et effleure mes lèvres des siennes.
C’est là que mon corps réagit.
Je la saisis par la taille, mes mains glissant sur la douceur de son satin. Elle pousse un soupir satisfait, son souffle chaud caressant ma peau. Son baiser devient plus insistant, et je m’abandonne à l’instant. Je ne pense plus, je ressens juste.
Ses doigts glissent sous mon t-shirt et le retirent avec une lenteur étudiée. Elle trace du bout des ongles le contour de mes muscles avant de descendre plus bas. Son regard est brûlant, provocateur.
— Tu m’as manqué, Stephan, murmure-t-elle contre ma peau, déposant un baiser sur mon torse.
Je ne réponds pas. Ce genre de phrases, je les ignore. On sait tous les deux pourquoi on est là. Rien de plus.
D’un geste sûr, je la soulève et l’allonge sur le canapé. Mon regard plonge dans le sien, cherchant… je ne sais même pas quoi. Une distraction ? Une réponse ?
— Je t’aime, souffle-t-elle soudain, comme une supplication.
Je me fige.
Bordel.
Les mots résonnent dans l’air, lourds de sens et de non-dits. Je la fixe, cherchant à comprendre si elle est sérieuse ou si c’est juste l’habitude qui parle.
— Écoute, je suis désolée… C’est sorti tout seul, dit-elle précipitamment, comme si elle venait de commettre une erreur fatale.
Un sourire cynique étire mes lèvres.
— On ne dit plus ce genre de choses, Mégane. Pas entre nous.
Son regard vacille, mais elle hoche la tête. Et moi, je continue comme si de rien n’était. Parce qu’après tout, un marché est un marché.
Une heure plus tard, je descends préparer quelque chose à manger. Il est déjà 18h. J’entends Mégane au téléphone avec ses copines, en train de leur raconter qu’apparemment, je suis “trop toxique pour elle”. Amusant. Pour moi, la toxicité n’existe pas quand deux personnes savent exactement à quoi s’attendre.
Je prends une pomme et sors. L’air frais me fait du bien. J’adore cette ville. Kingswear a ce côté paisible que peu d’endroits ont. Les maisons aux façades colorées, la rivière qui reflète les lumières du soir… Ici, tout semble figé dans le temps.
J’entends des voix au loin, mes potes sont en train de débattre sur une partie de poker. Je m’apprête à les rejoindre quand une voix féminine me fait tourner la tête.
— Stephan, Stephan !
Je la reconnais immédiatement. Lia.
Elle marche droit vers moi, probablement en rentrant de la fac.
— Alors, ton cours était bien, mon chaton ?
Elle lève les yeux au ciel.
— Arrête de m’appeler comme ça. Et oui, c’était bien. Tu as encore découvert d’autres infos sur moi ?
Elle sourit. Un sourire qui ne me déplaît pas vraiment.
— Si je te disais tout ce que je sais sur toi, tu me fuirais.
— Je ne déteste personne, Stephan.
— Impossible. Toutes les filles finissent par me détester.
— Je ne suis pas “toutes les filles”, je suis ton chaton.
Elle me fixe droit dans les yeux. Un regard intense, profond. Je crois qu’on pourrait se comprendre sans parler.
Elle détourne la tête et annonce :
— Bon, je dois y aller.
Pas question.
— T’as pas faim ?
— Tu veux cuisiner pour moi ?
Je hausse un sourcil.
— Je suis flatté que tu crois en mes talents, mais non. Un petit burger ? Un sandwich ? Une pizza ? Je préfère tout lister pour éviter que tu trouves une excuse.
Elle rit. Et putain, j’adore son rire.
— D’accord.
Son “d’accord” sonne comme une victoire.
Je prends mes clés, démarre la voiture et m’arrête à sa hauteur. Elle entre directement.
Non. Ça, ça ne passe pas.
Je ressors immédiatement.
— Il y a un problème ? me demande-t-elle.
Je reste immobile. Je veux qu’elle sorte.
— Hé, je te parle ! Il y a un problème ?
Elle finit par descendre, l’air perplexe.
— Tu ne veux plus qu’on sorte, c’est ça ? C’est à cause de la fille de ce midi ?
Elle hausse les épaules.
— Je comprendrais.
— Non, mais…
Elle parle trop. Je réouvre la portière, un sourire en coin.
— Voilà, maintenant tu peux entrer. Je suis un gentleman, moi.
Elle me tape sur l’épaule en souriant. Ce contact, cette petite douleur… Je pourrais m’y habituer.
Quand je reprends enfin le volant, je lui lance :
— Tu croyais vraiment que j’allais te lâcher, chaton ?
— J’ai cru que tu faisais une crise, un truc de bipolarité ou je sais pas quoi.
Elle sourit encore. Et merde. Ce sourire-là, il me fait quelque chose. Son regard ? C’est comme s’il pouvait voir à travers moi.
Et moi, j’ai comme l’impression qu’elle est en train de se rappeler de moi.
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