LES CNTD

Le Siège des Anciens Guerriers (SEG)

Un homme d’un certain âge était assis dans son bureau. Il faisait très sombre, les fenêtres étaient teintées de noir. L’homme en question fumait un cigare et déclara :

« Ah... C’est si barbant d’être un ancien guerrier. Pourquoi j’ai accepté ce poste ? Je m’ennuie à mourir... Et ça fait longtemps que je n’ai pas affronté un démon. »

Il leva les yeux vers le plafond, prit un air pensif et poursuivit :

« Ça fait déjà seize ans depuis la Deuxième Guerre Démoniaque... J’aimerais bien avoir un peu d’excitation. Ce n’est pas trop demander. »

Un homme d’environ trente ans, vêtu d’une veste noire, entra dans la pièce en refermant la porte derrière lui. Il s’arrêta devant le bureau, un dossier en main, et déclara d’un ton sérieux :

« Bonjour, monsieur Todoroki. Troisième au siège de— »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Todoroki l’interrompit, visiblement agacé par ce titre.

« Wow, wow, wow, Michel ! T’as pas besoin de me balancer tous mes titres à chaque fois que tu entres ici ! Ça devient soûlant à la longue. »

« D-Désolé, monsieur Todoroki… » répondit Michel en s’inclinant légèrement.

L’ancien guerrier souffla bruyamment.

« Pff… Tu veux quoi ? Allez, fais vite. »

Michel ouvrit son dossier et annonça :

« Nous avons reçu un rapport étrange… C’est à propos d’un jeune garçon. »

Todoroki roula des yeux.

« Quoi, il a vendu son âme à Heizer ? »

« Non. »

« Alors, qu’est-ce qu’il a fait ? »

D’un ton grave, Michel répondit :

« Il a tué un démon de classe A. »

Todoroki haussa un sourcil et, sans grand intérêt, rétorqua :

« Et alors ? Ce n’est pas incroyable qu’un Marqué tue un démon, c’est banal. »

Michel ajouta avec insistance :

« Justement… C’est bien ça le problème : il n’est pas Marqué. »

Un sourire d’excitation se dessina sur le visage de Todoroki en entendant ces mots.

« Oh... Un Non-Marqué qui tue un démon ? »

Il s’appuya contre son siège et demanda :

« Comment il s’appelle ? »

Michel posa une photo sur le bureau et répondit :

« Il s’appelle Igris Luzolo. »

Todoroki observa l’image avant de murmurer :

« Igris Luzolo… Voilà qui est follement excitant. »

L’Arrivée d’Igris au CNTD

Pendant ce temps, de l’autre côté de la ville, Igris venait d’arriver devant le bâtiment du CNTD. Des personnes entraient et sortaient sans cesse. Le complexe était impressionnant, s’élevant sur plusieurs étages.

Igris observa la structure, inspira profondément, puis prit un air déterminé avant de franchir l’entrée.

À l’intérieur, l’ambiance était animée. De nombreux chasseurs de différentes classes étaient présents : E, D, C, B et même A. Certains entraient, d’autres sortaient, tandis que de nouvelles recrues discutaient avec les anciens.

En voyant tous ces Tueurs de Démons réunis en un seul endroit, une rage sourde monta en lui. Il baissa la tête, mit ses mains dans ses poches et pensa :

« C’est étrange… Je sais que je ressens de la haine envers les Tueurs de Démons à cause de leur hypocrisie et de leur lâcheté qui ont coûté la vie à mon meilleur ami… Mais depuis que je suis devenu un Demi-Démon, cette haine semble s’être intensifiée d’une manière incommensurable. Je dois garder mon calme… Face à eux tous, je n’ai aucune chance. »

Il releva les yeux et s’avança vers le guichet. L’employée derrière le comptoir était absorbée par son écran.

Igris lui adressa un sourire et lança :

« Bonjour, madame. »

La femme leva la tête et le fixa un instant. Son cœur manqua un battement en voyant son visage. Sa coupe de cheveux accentuait encore plus son charisme. Gênée, elle bafouilla :

« Euh… O-Oui… C’est… C’est pourquoi ? »

« Je viens m’inscrire pour devenir un Tueur de Démons. »

L’employée fouilla dans ses documents.

« Un instant, je prends le formulaire… »

Igris en profita pour observer la salle. Il remarqua que tous les chasseurs présents arboraient fièrement leurs marques sur différentes parties de leur corps : l’épaule, la cuisse… Certains faisaient même exprès de les exposer.

Finalement, la femme trouva le document et demanda :

« Monsieur, j’ai trouvé le formulaire. J’aurai besoin de votre nom, de votre post-nom, de votre prénom et de votre date de naissance. »

Igris remplit les informations demandées :

Nom : Luzolo

Post-nom : Lema

Prénom : Igris

Date de naissance : 31/05/200*

L’employée hocha la tête.

« Monsieur Luzolo, quel est votre type de marque ? »

Igris fronça légèrement les sourcils et répondit :

« Hein ? Ah, j’ai un "X" noir… Ça veut dire que je suis un assassin, n’est-ce pas ? »

Elle confirma :

« C’est exact. Mais pour enregistrer cette information, je vais devoir vérifier votre marque pour m’assurer de son authenticité. »

« D’accord. »

Igris enleva son débardeur. L’employée, surprise, s’exclama en rougissant légèrement :

« M-Mais… Monsieur, que faites-vous ?! »

Il haussa un sourcil.

« Bah, je vous montre ma marque. Elle est sur mon dos. »

Gênée, elle détourna les yeux et murmura :

« Ah… Je comprends. »

Un silence s’installa. Autour d’eux, des chasseurs s’étaient arrêtés pour observer la scène. Certains murmuraient :

« Wow, quel corps pour son âge… »

« Il doit être au moins rang B ou C… Mais sa marque est noire ? Il n’est que rang E ?! Incroyable… »

« Un tel physique, c’est des années de travail. »

L’employée cocha la case "Assassin", puis tendit un stylo à Igris.

« Voilà, monsieur. Vous êtes presque un Tueur de Démons. Mais avant, vous devez passer un test dans la salle d’entraînement. C’est la grande porte à gauche. »

Igris s’apprêta à partir, mais l’employée l’arrêta timidement :

« Euh… Monsieur Luzolo… Ce n’est pas très professionnel, mais… Pourrais-je avoir votre numéro ? »

Igris haussa un sourcil, puis sourit.

« D’accord, pas de problème. »

Il nota son numéro et se dirigea vers la porte. Derrière lui, l’employée laissa échapper un petit cri de joie, excitée comme une enfant.

En entrant, Igris arriva dans un long couloir blanc. Sur les murs, il y avait des symboles gravés représentant différentes catégories de combattants : des griffures (signe des tanks), une étoile (signe des mages), une marque canine (signe des guerriers) et une spirale (signe des guérisseurs).

Il traversa le couloir et ouvrit une porte. À l’intérieur, une foule nombreuse était rassemblée : des humains et des elfes, tous réunis dans une grande salle. En observant autour de lui, il remarqua un immense terrain vide s’étendant sur plusieurs mètres.

Igris réfléchit un instant et se dit :

"Hm... Il y a vraiment beaucoup de monde ici, des elfes et des humains, des filles et des garçons... Je me demande ce qu’ils préparent."

Soudain, un homme imposant se tenait debout dans la salle. Une elfe, en marchant, le bouscula accidentellement. C’était une jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux argentés, vêtue d’une robe noire et de bas gris. L’homme, visiblement agacé, lui lança d’un ton frustré :

— Eh, toi, la démone ! Tu ne sais pas marcher ou quoi ?

L’elfe lui répondit avec un léger sourire en le regardant :

— Désolée, monsieur, mais je ne suis pas une démone. Je suis une elfe, ça se voit à mes oreilles.

L’homme la fixa avec un regard noir et répliqua :

— Tu viens du Continent du Chaos, n’est-ce pas ?

L’elfe, un peu intimidée, baissa légèrement la tête et répondit :

— Euh... oui, ma famille est originaire de là-bas...

L’homme éclata alors de colère et hurla :

— ALORS TU N’ES QU’UN DÉMON, COMME TOUS LES AUTRES !!

Terrifiée, la jeune elfe tomba à terre. L’homme poursuivit avec rage :

— C’est à cause de vous que nous perdons des proches chaque jour ! Chaque jour, une attaque de démon est signalée, et des innocents meurent ! Si vous n’étiez jamais apparus, rien de tout cela ne serait arrivé !

L’elfe éclata en sanglots, assise sur le sol, et balbutia :

— Ce... ce n’est pas moi ! Je ne suis pas un démon...

L’homme continua, implacable :

— Et toi, tu veux faire semblant, hein ? Vous, les elfes, vous venez soi-disant nous aider, mais en réalité, c’est juste pour nous narguer ! Alors ce que je vais vous demander est simple...

Il la pointa du doigt et siffla :

— Rentre chez toi.

L’elfe, toujours en larmes, murmura :

— Je ne suis pas un démon...

— Bien sûr que si, tu es un...

L’homme n’eut pas le temps de finir sa phrase. Igris s’interposa brusquement entre eux et déclara froidement :

— Ok, ça suffit, mec. Tu sais que le racisme envers les elfes a été interdit depuis 1960 ?

L’homme le regarda d’un air mauvais et répliqua :

— Toi, on t’a pas sonné ! Occupe-toi de tes affaires !

Igris esquissa un sourire et répondit :

— Ah bon ? Pourtant, tu m’as "sonné" il n’y a pas si longtemps... Nous, les Noirs, on n’était pas vraiment appréciés à une époque, mais regarde maintenant : le racisme n’existe plus ! Il y a bien quelques racistes ici et là, mais l’humanité a évolué.

Son ton devint plus menaçant alors qu’il ajouta :

— Donc, insulter cette fille et les autres elfes, c’est comme m’insulter moi. Et si tu continues, ça va mal finir... pour l’un de nous deux. Et quand je dis "l’un de nous", je veux dire toi.

Mais dans sa tête, Igris paniquait :

"Merde... mais qu’est-ce que je raconte ? Ce type pourrait me démolir... Mais si je me défile maintenant, je perdrai toute crédibilité. Allez, restons dans le rôle."

L’homme fixa Igris un instant, puis tourna les talons en s’éloignant. Il lança simplement :

— Fous-moi la paix.

Igris souffla intérieurement de soulagement :

"Ah, merci mon Dieu, il est parti."

L’elfe releva légèrement la tête, baissant timidement le regard avant d’appeler Igris :

— Eh... monsieur ?

Igris se retourna et vit la jeune fille qui séchait ses larmes du bout des doigts. Elle lui adressa un sourire reconnaissant et dit :

— Merci de m’avoir défendue. Je vous en suis grandement reconnaissante.

Igris, un peu gêné, répondit :

— T’inquiète, c’est rien... Un nom suffira amplement.

La jeune fille sourit et se présenta :

— Oh, un nom ? Je m’appelle Erica Rinegali.