choix difficile

Elisa tenait son téléphone d’une main tremblante, les yeux fixés sur le message qui venait de s'afficher. Il était de ce vieux camarade, celui qu'elle avait connu à une époque où la vie semblait plus simple, avant que la réalité ne vienne bouleverser son existence. Il s’appelait Max, et même si leurs chemins s’étaient éloignés au fil des ans, il restait une figure familière. Mais ce n'était pas la familiarité qui la faisait hésiter maintenant.

Le message de Max n’était pas long, mais son contenu avait la puissance d’un coup de poing :

Max : « Salut Elisa. Je sais que ça fait longtemps, mais si tu as besoin de fric rapidement, je peux t’aider. Tu sais comment ça marche. Appelle-moi. »

Le cœur d'Elisa s’emballa. « Si tu as besoin de fric rapidement »... Ces mots résonnaient en elle avec une gravité qu’elle n’aurait pas pu anticiper. Elle savait bien ce que Max voulait dire. Il n'était pas du genre à proposer son aide sans arrière-pensée. Et elle le savait encore mieux : il appartenait à un réseau. Un réseau de personnes prêtes à tout pour se faire de l'argent, un réseau où elle aurait pu se perdre à tout moment si elle n’avait pas pris ses distances il y a quelques années.

Mais aujourd'hui, tout était différent. Son père était entre la vie et la mort. Il avait besoin d'une opération coûteuse, et chaque seconde comptait. Ils n'avaient pas d'argent, ni le temps d'attendre. Elle n'avait plus le choix, ou du moins, c’est ce qu’elle se disait.

Elle se leva du canapé, ses mains froides contre la chaleur du téléphone. Chaque instant semblait se figer alors qu’elle se dirigeait vers la fenêtre, cherchant une réponse dans le ciel gris au-delà. Elle était seule, une fois de plus face à une décision dévastatrice. Une décision qui pourrait changer sa vie à jamais.

Elisa avait toujours voulu éviter ce genre de solution. La prostitution n'était pas quelque chose qu'elle avait envisagé pour elle-même, mais les circonstances étaient différentes. Son père. L’urgence. L’impossibilité de dire non. Elle avait besoin de cet argent. Elle devait le faire. Au fond d’elle-même, elle sentait la culpabilité s’installer, mais elle ne pouvait pas se permettre de réfléchir trop longtemps. Le temps pressait.

Elle appuya sur l’icône de Max, hésitant une dernière fois avant de glisser son doigt sur l’écran. Une longue attente, puis finalement, la sonnerie. Quelques secondes plus tard, sa voix familière se fit entendre, grave et dénuée de toute émotion.

Max : « Elisa. T'as réfléchi à ma proposition ? »

Elisa (d’une voix faible) : « Oui… j’ai réfléchi. Et je suis prête. »

Les mots sortirent d’un coup, comme un souffle qu’elle avait retenu trop longtemps. Et là, tout à coup, elle se sentit vide. Elle avait pris sa décision, mais à quel prix ? Elle n'avait même pas eu le courage d'expliquer à Max pourquoi elle faisait cela, ni même de lui poser des questions sur les risques. Elle savait qu’il connaissait les rouages du système, et elle savait qu’il ne jugerait pas.

Max : « T’es certaine ? C’est pas un chemin facile, Elisa. »

Elisa sentit une bouffée de chaleur l'envahir, puis un froid glacial. C'était la première fois qu'il exprimait une forme de doute. Mais elle était déjà trop loin dans sa réflexion pour revenir en arrière.

Elisa : « Oui… Je n’ai pas le choix. Mon père a besoin de cette opération. »

Il y eut un silence de l’autre côté de la ligne, comme si Max mesurait la portée de ses mots. Puis il soupira.

Max : « Très bien. Je vais t’expliquer comment ça marche. Tu devras rencontrer quelqu’un ce soir. Il faudra que tu suives les instructions à la lettre. Ça va être rapide. »

Elisa sentit une boule se former dans son ventre. Elle n’était pas prête à entendre tout ça, mais elle savait qu’elle devait le faire. Elle devait le faire pour son père. Pour lui donner une chance de vivre.

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Le soir venu, Elisa se prépara avec une anxiété grandissante. Elle se tenait dans le miroir, scrutant son reflet. Le visage d'une jeune femme perdue, en proie à des dilemmes intérieurs. Elle avait l'impression d’être une étrangère dans sa propre peau. Mais elle n’avait pas le luxe du temps ni de l'option d'échapper à cette réalité. Son père allait mourir sans l’argent nécessaire.

Elle arriva à l'endroit qu'on lui avait donné. Un appartement dans un quartier que les gens évitaient. Un bâtiment ancien, son décor en décomposition comme un souvenir d'une époque révolue. Elisa frissonna. Chaque pas qu'elle fit la rapprochait de l’inconnu, de l’angoisse, de la décision qu’elle savait irréversible.

Un homme l’attendait à l’entrée. Grand, sombre, et impassible. Il lui fit signe d'entrer sans un mot, et elle obéit. À cet instant, Elisa savait qu’elle venait de franchir une frontière. Une frontière qu’elle ne pourrait jamais franchir en sens inverse.

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