06

Louis ouvrit la porte de son appartement avec des émotions contradictoires. Le grincement de la vieille porte l’accueillit, le ramenant à une réalité bien éloignée du luxe dans lequel vivait Étienne. Son appartement était petit, simple, et loin des lumières éclatantes de Paris qu’Étienne connaissait si bien. Il jeta sa veste sur le canapé et s'effondra sur son lit.

Son regard fixait le plafond jauni tandis que ses pensées tournaient en boucle. Les nuits d'intimité, les baisers enivrants, et les caresses inoubliables d'Étienne ne cessaient de hanter son esprit. Louis toucha ses propres lèvres, se rappelant à quel point les baisers d'Étienne étaient remplis de passion.

Mais ces souvenirs s’effacèrent rapidement, remplacés par une vérité amère. Étienne vivait dans un monde totalement différent — un homme à succès entouré de luxe. Pendant ce temps, Louis n’était qu’un simple coursier indépendant, passant ses journées à livrer des colis pour survivre.

Il se redressa soudainement. « Je dois changer, » murmura-t-il, une lueur de détermination dans les yeux. Il refusait d’être quelqu’un qui se contentait de vivre dans l’ombre d’Étienne. Il voulait devenir l’égal d’Étienne, quelqu’un qui pouvait marcher à ses côtés avec fierté.

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Le lendemain matin, Louis se leva tôt et enfila ses meilleurs vêtements. Une chemise bleue un peu usée, un pantalon noir bien repassé, et des chaussures qu’il avait soigneusement cirées pour les rendre présentables. Avec son dossier de candidature sous le bras, il se précipita vers une entreprise qu’il avait trouvée sur Internet.

Le bâtiment, un gratte-ciel imposant au cœur de Paris, le fit déglutir. Mais il refoula sa nervosité et entra dans le hall.

Après avoir salué la réceptionniste, il fut invité à attendre dans la salle d’attente. Quelques minutes plus tard, un homme en costume parfaitement ajusté sortit de l'ascenseur. Son sourire était froid, ses yeux calculateurs scrutèrent Louis de la tête aux pieds.

« Louis Dupont ? » demanda-t-il d’une voix sceptique.

« Oui, c’est moi, » répondit Louis calmement.

L’homme fronça légèrement les sourcils en parcourant le dossier de Louis. « Vous postulez pour le poste de manager junior ? »

« Oui, monsieur, » répondit Louis avec assurance.

L’homme laissa échapper un rire sec, teinté de mépris. « Avec une expérience comme celle-ci ? Vous ne remplissez même pas les qualifications minimales. Vous croyez que notre entreprise est un terrain de jeu ? »

Le visage de Louis devint rouge sous l’effet de la colère et de l'humiliation. « Je n’ai peut-être pas beaucoup d’expérience, mais j’ai la volonté et la capacité d’apprendre, » répondit-il fermement.

L’homme se pencha vers lui, un sourire méprisant aux lèvres. « La volonté seule ne suffit pas. Regardez-vous. Votre apparence ne reflète même pas quelqu’un qui mérite d’être ici. »

Louis serra les poings, tentant de contenir sa rage. Mais avant qu’il ne puisse répondre, une voix ferme brisa le silence.

« Que se passe-t-il ici ? »

Tout le monde se tourna vers la porte. Étienne se tenait là, vêtu d’un costume noir élégant, son expression froide et autoritaire.

« Étienne ? » s’exclama Louis, surpris de le voir.

L’homme en costume pâlit immédiatement. « Monsieur Étienne ! Je ne savais pas que vous seriez ici aujourd’hui, » dit-il nerveusement.

Étienne entra dans la pièce, chacun de ses pas résonnant avec gravité. Son regard glacial transperça l’homme devant lui. « Et que faisiez-vous exactement ? » demanda-t-il d’une voix basse, menaçante.

« Je... je faisais simplement remarquer à ce candidat qu’il ne correspondait pas aux qualifications, » balbutia l’homme, cherchant à se justifier.

Étienne jeta un regard à Louis, puis reporta son attention sur l’homme, son expression devenant encore plus dure. « Remarquer ? En insultant quelqu’un qui est venu ici avec sincérité ? En le rabaissant ? Est-ce ainsi que vous pensez que je dirige cette entreprise ? »

L’homme resta silencieux, incapable de répondre.

« Vous pensez avoir le droit de juger quelqu’un uniquement sur son apparence ? Qui croyez-vous être ? » La voix d’Étienne monta d’un cran, résonnant dans toute la pièce. « Je n’ai pas besoin de quelqu’un comme vous dans mon entreprise. »

« Monsieur, je faisais juste mon travail ! » tenta de se défendre l’homme.

Étienne s’approcha de lui, le dominant de toute sa hauteur. « Et vous avez échoué. Vous êtes viré. Immédiatement. »

« Monsieur, je vous en prie— »

« Il n’y a pas de 'je vous en prie' ! » coupa Étienne sèchement. « Rassemblez vos affaires et quittez cet immeuble dans l’heure. Si vous ne partez pas, je m’assurerai que vous ne trouverez jamais de travail ailleurs. »

Le visage de l’homme devint livide. Il s’inclina plusieurs fois avant de s’éclipser rapidement.

Une fois l’homme parti, Étienne se tourna vers Louis, son expression se radoucissant légèrement, mais ses yeux trahissaient encore une colère sous-jacente.

« Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? » demanda-t-il.

Louis baissa les yeux, honteux. « Je ne voulais pas te déranger. Je voulais essayer par moi-même. »

Étienne s’approcha, posant une main réconfortante sur l’épaule de Louis. « Louis, je comprends que tu veuilles être indépendant. Mais tu dois savoir que je suis là pour toi. Toujours. »

Le cœur de Louis se serra à ces mots. Étienne était tellement protecteur, mais Louis ne pouvait s’empêcher de se sentir insignifiant à ses côtés.

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Ce soir-là, Étienne invita Louis à dîner dans un petit restaurant confortable en périphérie de la ville. Ils savourèrent un repas simple mais délicieux, discutant de leur passé et de leurs rêves pour l’avenir.

Cependant, malgré l’atmosphère chaleureuse, Étienne pouvait sentir que quelque chose pesait encore sur Louis.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Louis ? » demanda-t-il alors qu’ils finissaient leur repas.

« Rien, » répondit Louis avec un sourire forcé.

« Louis, » insista Étienne d’une voix douce mais ferme. « Tu sais que tu peux tout me dire, n’est-ce pas ? »

Louis baissa la tête, jouant nerveusement avec sa fourchette. « Je veux juste... être meilleur pour toi, Étienne. C’est tout. »

Étienne attrapa la main de Louis et la serra fermement. « Tu n’as pas besoin de changer pour moi. Je t’aime tel que tu es. »

Louis resta silencieux, son cœur battant à tout rompre en entendant ces mots.

Après le dîner, Étienne raccompagna Louis à son appartement. Ils se dirent au revoir devant la porte, mais avant qu’Étienne ne parte, il caressa doucement la joue de Louis.

« Ne sois pas si dur envers toi-même, Louis, » murmura-t-il avant de s’éloigner.

Louis entra dans son appartement, s’effondra sur le canapé, et laissa ses pensées vagabonder. La journée avait été éprouvante, mais elle lui avait aussi rappelé une chose importante : il n’était pas seul dans cette bataille. Étienne était là pour lui, et cela lui donnait la force de continuer à avancer.

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