chapitre 7: plus réceptive ( la suite)

...****************...

— Qu'est-ce que tu m'as fait ? m'affolai-je.

Je touchai bêtement mon cou. Je n'avais pas mal mais ça me piquait un peu. Il m'aurait mordu ? Il serait tordu à ce point ?

— Je te laisse le découvrir par toi-même, me fit-il un clin d'œil.

Je serrai les dents et attrapai mon sac à main pour en sortir un petit miroir de poche. En découvrant la marque rouge-violette qui décorait ma peau, je lâchai un cri d'horreur.

— Oh mon Dieu ! qu'est-ce que tu as fait ! Si ma grand-mère voit ça elle va me tuer !

— Relaxe Isabella, ce n'est pas si gros. Ça partira dans deux ou trois jours.

— Deux ou trois jours ? Comment vais-je cacher ce truc, putain !?

J'étais folle de rage. Il était allé trop loin cette fois. Il m'avait marqué. Il m'avait fait un suçon !

— Il faut sérieusement que tu détendes ton string, Isabella, me gronda-t-il. Tu as vingt-quatre ans, tu es vierge, tu fous les jetons à tout le monde avec ta pudeur exagérée et le seul homme qui ose te toucher malgré ton caractère de merde, tu le rembarres. Je veux seulement t'aider, moi !

— M'aider ? Tu me prends pour une conne ? Tout ce que tu veux c'est coucher avec moi !

— Faux. J'ai un scoop pour toi ; je ne couche pas avec les vierges. Je veux t'aider à te libérer de l'emprise de ta famille, c'est elle qui te rend aussi crispée.

J'inspirai profondément.

— C'est très généreux de ta part mais ma vie me convient parfaitement. Maintenant fiche-moi la paix ! Ah et ta démission n'est pas acceptée. Ma meilleure revanche serait de te laisser travailler ici, contre ton gré.

Il sourit.

— Ok je me barre, et tu ne m'obligeras pas à bosser avec toi Isabella. Mes parents non plus d'ailleurs. Il est temps que je retrouve ma vie d'avant, j'ai assez perdu de temps avec toi comme ça, cracha-t-il méchamment.

J'entrouvris la bouche, blasée, et il m'adressa un dernier faux sourire avant de quitter mon bureau. Bon sang, cet homme était décidément bipolaire.

***

Je tournai la clé dans la serrure, puis entrai en essayant de faire le moins de bruit possible. J'enlevai mes talons, les tins dans ma main et commençai à monter pieds nus les escaliers. La lumière s'alluma soudainement et un raclement de gorge se fit entendre. Merde. Je me tournai vers ma grand-mère qui me fixait déjà, les bras croisés sous sa poitrine.

— Où comptes-tu allée comme ça Isabella ?

— Je ne voulais pas vous déranger, j'en suis sûre que le film que vous regardez est très captivant, fis-je sarcastiquement.

— Viens avec moi, ton grand-père et moi avons à te parler.

Je soupirai. Je n'avais pas envie de discuter, je voulais monter prendre une douche et me reposer après la longue journée que je venais de passer ; entre ce qui s'était passé entre Chris et moi, le suçon que j'avais du mal à dissimuler avec mes cheveux, et ma conversation super louche au téléphone avec mon frère, j'avais besoin de faire le point.

À contrecœur, je suivis Irène au salon là où mon grand-père nous attendait. Je pris place à côté de lui sur le sofa alors que ma grand-mère resta debout devant moi. Les expressions sur leurs visages ne présageaient rien de bon. De quoi voulaient-ils me parler ?

— Tout va bien entre Christopher et toi ? Me questionna mon grand-père.

— Oui, on se supporte.

Je ne voulais pas leur dire que je l'avais viré à cause de ses batifolages avec mon assistante, et qu'il avait finalement voulu démissionner mais que j'avais refusé sa demande. Nous nous étions comportés comme des enfants.

Chris ne pouvait pas partir comme ça sur un coup de tête. Malgré son insouciance, j'avais besoin de lui pour gérer la société. J'en parlerai avec lui demain et on essayera de trouver un arrangement à l'amiable.

— Il y a quelque chose dont on voudrait te parler, il est temps que tu apprennes toute la vérité Isabella, lâcha ma grand-mère.

Je déglutis. De quelle vérité me parlait-elle ? Celle que me cachait mon frère ?

— Tes parents auraient voulu t'en parler mais ils sont partis beaucoup trop tôt...

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu me fais flipper là...

Elle inspira calmement avant de saisir une enveloppe posée sur la table basse. Elle me la tendit, le regard rempli de chagrin. Je la pris, dubitative, et en sortie une lettre signée de mes parents :

« Chère Isabella,

Notre petite fille adorée, si tu lis cette lettre c'est que tu vas avoir vingt-cinq ans dans exactement trois mois, mais que nous ne sommes plus là pour les fêter avec toi, ni te parler de ton avenir. On voulait quand même que tu l'apprennes par nous, c'est le moins qu'on puisse faire en tant que parents.

Ce que tu ignores à propos de notre entreprise familiale, c'est qu'on ne l'a pas fondé par nos propres moyens. Moi, ton papa, je n'ai pas réussi à avoir assez de prêts bancaires et je ne voulant pas demander la somme manquante à mes parents, je me suis tourné vers un vieil ami à moi, Robert Warner.

La famille Warner nous a énormément aidés, plus que nous l'aurions espéré, et rien que pour cela nous lui serons éternellement reconnaissants. Robert et sa femme n'ont cependant pas accepté qu'on les rembourse, ils tenaient à nous faire ce cadeau sans rien réclamer en retour.

À cette époque, ta maman était enceinte de toi, nous étions tellement impatients de te rencontrer, et on espérait qu'une fois adulte, tu reprendrais les rênes de notre société, vu que ton grand-père compte depuis toujours léger la sienne à ton frère.

La famille Warner avait un fils âgé de six ans à cette époque ; Christopher. Adorable et poli, il faisait la fierté de ses parents. Quand tu es venue au monde, Marilyn Warner était tellement fascinée par toi, par ta beauté et toutes les ondes positives que tu dégageais. Pour une femme qui rêvait depuis toujours d'avoir une fille, tu étais parfaite à ses yeux.

Un jour, avec son mari, elle est venue nous voir pour nous parler de la société et de notre dette envers eux. Ils ne voulaient toujours pas d'argent, mais voulant préserver l'avenir de leur fils unique, ils souhaitaient qu'il dirige la société avec toi.

On a hésité au début, sachant que dans nos traditions familiales, on ne s'associe avec personne en dehors de la famille. Pour remédier à cela, nous avons convenu qu'à l'âge de vingt-cinq ans, tu épouseras Christopher Warner, pour ainsi perpétuer notre héritage et léger à votre tour cette entreprise à vos enfants plus tard.

Chérie, nous savons que cette nouvelle n'est sûrement pas facile à encaisser, mais tu es promise à ce jeune homme depuis ta naissance. On a préféré te garder dans l'ignorance, et Christopher non plus n'en sait rien du tout, pour que vous puissiez vivre vos vies séparément sans être perturbés par un tel engagement.

Il est temps maintenant Isabella, tu es prête à commencer ta nouvelle vie en tant que femme d'affaires, épouse et future mère.

Nous espérons que tu trouveras en cet homme tout ce que tu cherches ; amour, respect et fidélité. Et nous espérons aussi que tu nous pardonneras ce rebondissement soudain.

Tes parents qui t'aiment »

Non, ce n'était pas possible...

Oh, mon Dieu...

Chris et moi ? Promis l'un à l'autre ?

Comment mes parents avaient-ils pu me faire une chose pareille ? Si l'idée venait de ma grand-mère ça ne m'aurait pas étonné, mais eux...

Il fallait croire qu'on était réellement une famille archaïque qui refusait d'évoluer.

Cela faisait exactement vingt minutes que je tenais la lettre dans mes mains, la relisant encore et encore, priant que ça ne soit qu'une putain de farce. Mais non. Ça n'en était pas une. C'était bien l'écriture de mon père, et sa signature.

Un mariage avec Chris ? Lui et moi, mari et femme ?

C'était définitivement impossible pour moi d'accepter une idée pareille !

— Isabella... essaya ma grand-mère.

— Je t'interdis de m'adresser la parole !

— J'aurais voulu t'en parler plus tôt, mais c'était la volonté de tes parents, ils ne voulaient pas que tu sois chamboulée...

— Et tu crois que je ne le suis pas là ? Putain mais est-ce que vous savez au moins qui est vraiment Chris Warner ? Ce qu'il a fait dans sa vie ? Le nombre de filles qu'il s'est tapé ? Il n'est pas fait pour un putain de mariage ! Il n'a pas été élevé comme moi ! Il est tout sauf manipulable ! Vous ne pouvez pas l'obliger à accepter une telle connerie ! Et moi non plus !

Furieuse, je me levai en jetant la lettre sur la table. Je n'en voulais pas. Je ne voulais rien du tout venant de leur part. Même mes parents m'avaient déçu ! En qui pourrais-je avoir confiance après tout ça ?

— Vous n'avez pas le choix, l'entendis-je. Marilyn est en ce moment même en train d'en parler avec son fils. Le mariage est prévu dans deux mois.

Mes yeux s'écarquillèrent et je pivotai pour lui refaire face.

— Deux mois ? Vous avez définitivement perdu l'esprit !

— Vous signerez un contrat de mariage, qui mentionnera spécifiquement que vous ne divorcerez pas, même d'un accord mutuel, à moins que l'un de vous deux accepte d'être ruiné. Donc, seule la mort vous séparera et annulera ce mariage, continua-t-elle.

À cet instant précis, je sentis mon monde s'effondrer sous mes pieds. Un mariage forcé, et pas de divorce. On sera coincés ensemble pour toujours.

On serait comme ces couples mariés juste sur les papiers, et qui vivent séparément dans la vraie vie... Je ne voulais pas de ça. Je ne voulais pas gâcher ma vie !

Incapable de répondre, je courrai m'enfermer dans ma chambre. Une fois seule, je me laissai tomber sur mon lit et éclatai en sanglot.

Dans d'autres circonstances, je serais heureuse d'épouser un homme comme Chris. Après tout, il était jeune, riche, et super beau. Le problème avec lui ; il n'était pas fait pour l'engagement, il avait besoin de sa liberté et de son indépendance. Si on se mariait, il me tromperait à notre lune de miel avec la première venue.

Son obsession sexuelle était maladive, il ne saurait pas se contrôler, et je ne pourrais pas supporter un tel calvaire. Et le pire dans tout ça, c'était que je l'avais vu de mes propres yeux se faire choyer par une inconnue. Oh mon Dieu, quelle horreur !

Comment pourrais-je le regarder dans les yeux et dire qu'il était mon époux ?

Le fait qu'il me plaise énormément n'y changera rien. C'était juste de l'attirance physique, ça me passera. Je n'étais pas amoureuse de lui, je ne pouvais pas devenir sa femme. C'était totalement insensé.

...****************...

***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***