chapitre 4: une proie de plus (suite)

Chris attrapa son verre qui traînait et le but d'une traite. Je décidai de l'imiter, après tout j'étais ici pour me détendre. Notre petit moment de tranquillité fut rapidement gâché par un groupe de personnes – dénudés - qui nous rejoignit dans le jacuzzi. Remarquant ma gêne, le brun me proposa alors de sortir d'ici, et j'acceptai avec grand plaisir.

Je détournai le regard attendant que Chris renfile sa serviette lorsque nous fûmes interpellés par un jeune couple trentenaire. Il ne se gênait pas pour nous demander si on était partant pour un plan à quatre et Chris se chargea de décliner poliment, non sans amusement.

— Si je n'étais pas avec toi, tu aurais accepté, pas vrai ? lui demandai-je une fois seuls.

— Non, ils ne me l’auraient pas proposé si j’étais seul. C’est le genre à être ensemble depuis longtemps et qui veulent du piment dans leur vie sexuelle, alors ils cherchent un autre couple pour échanger les partenaires, un truc du genre.

— Waouh ! Un vrai maître en la matière ! fis-je impressionnée et amusée.

— Je pourrais t'apprendre, sourit-il narquoisement.

— Chris, je t'ai déjà dit que je ne coucherai pas avec toi...

— Qui a parlé de coucher ? Viens, je vais te montrer quelque chose.

Il me prit la main et me traîna avec lui vers le seul endroit qu'on n'avait pas encore exploré ; l'étage. Une fois en haut, nous logeâmes un couloir bordé de plusieurs portes closes. Chris ne fit pas mine de les ouvrir, sûrement des chambres privées, et tourna sur la droite pour débouler dans un autre couloir.

Des bruits me parvinrent ; des gémissements, des halètements, des claquements évoquant le choc de deux corps. Toutes les portes étaient entrouvertes alors le brun poussa l'une d'elles, au hasard, et je reculai immédiatement en remarquant que le lit était occupé.

Le couple présent ; un homme et une femme, nous sourient puis continuèrent leur petite affaire comme si nous n'étions pas là. Chris me guida jusqu'à un fauteuil non loin du lit, et je fus encore plus troublée lorsqu'il me demanda de m'asseoir pour les regarder.

— On ne va pas jouer les voyeurs, c'est malsain ! refusai-je.

— Dans cette partie-là du club, les couples aiment être observés dans un contexte moins extravagant que celui de la grande salle en bas. Le voyeurisme est un plaisir parfaitement légitime, et c'est très... stimulant.

Je ne comprenais pas comment les gens pouvaient aimer s'exposer de la sorte, c'était leur intimité, un moment sacré...

Chris me força à rester, et j'essayai tant bien que mal de regarder autre part mais c'était plus fort que moi ; l'homme était allongé de tout son long sur le matelas et la femme le chevauchait avec élégance et spontanéité. Elle bougeait son corps et ses hanches d'une manière si sexy que ça en faisait gémir son partenaire rien qu'en la regardant.

Elle posa soudainement son regard sur Chris et lui fit signe de les rejoindre. Ce dernier posa ses yeux sur moi pour avoir mon accord. Il en avait envie, et bien qu'on ait un marché tous les deux, j'étais curieuse de le voir en action. J'étais en train de découvrir un univers totalement nouveau pour moi et j'avouerais être un tout petit peu excitée par tout cela.

— Vas-y, lui dis-je.

— Tu es sûre ? fit-il surpris.

— Vas-y avant que je ne change d'avis.

Il sourit, et s'en alla précipitamment rejoindre la jeune femme. Il grimpa sur le lit et se plaça derrière elle. Ses mains se posèrent sur sa taille et remontèrent doucement jusqu'à sa poitrine généreuse. Il empauma ses seins et elle bascula la tête en arrière en gémissant quand il posa ses lèvres sur son cou.

Je déglutis. Et dire que quelques minutes plus tôt, ses lèvres étaient sur moi. Je ne pus m'empêcher de ressentir une once de jalousie en le voyant ainsi avec une autre. Mon cœur se pinça, je me sentais mal malgré moi mais j'avais besoin de voir ce spectacle pour accepter une fois pour toutes que Chris n'était pas un homme pour moi.

Quelques minutes à peine, la jeune femme changea de position, se mettant à quatre pattes sur le lit, son partenaire ne tarda pas à la prendre par-derrière, tandis qu'elle attrapa la serviette de Chris – qui se trouvait devant elle - et commença à la défaire.

Bordel, non !

Je n'eus pas le temps de détourner le regard que la serviette en question tomba au sol. Je lâchai un hoquet, sans m'en rendre compte, en découvrant le membre imposant du brun. Il était déjà au garde-à-vous, bien droit et gonflé. Il bandait déjà l'enfoiré !

La jeune femme le fixa avec gourmandise en se léchant les lèvres puis ne tarda pas à le prendre en bouche. Il grogna instantanément, attrapa sauvagement ses cheveux sombres et les empoigna fermement. Son regard se posa sur moi, curieux de voir ma réaction mais je tentai de rester la plus impassible possible bien que je bouille de l'intérieur.

Certes, je lui avais donné mon accord pour les rejoindre mais je ne pensais pas qu'il allait littéralement recevoir une fellation sous mes pauvres yeux ! Il aurait pu se contenter de la toucher, j'aurais pu passer outre, mais là... j'étais dégoûtée et sans voix.

La gêne et la colère grandissaient en moi, suivant l'intensité de leurs mouvements et leurs gémissements. La fille avait de l'expérience et l'enfonçait le plus profondément possible au fond de sa gorge, elle caressait même ses testicules avec sa main libre, sauf que Chris n'était pas des plus tendre avec elle. Il lui tirait les cheveux et bougeait brutalement ses hanches comme s'il était en train de pénétrer son vagin et non sa bouche.

Elle semblait bizarrement aimer cette agressivité et avait même joui à plusieurs reprises depuis qu'on était là, l'homme aussi, sauf mon associé qui s'avérait avoir beaucoup d'endurance. Je claquai ma langue dans ma bouche, impatiente que toute cette mascarade se termine. J'aurais pu m'en aller, mais il se serait moqué du fait que j'étais trop pudique.

Chris me regardait de temps en temps, sans scrupule, et la dernière fois qu'il le fit, je lui lançai un regard glacial qui me vaut un sourire satirique de sa part. Connard.

On ne se lâchait pas des yeux et tout à coup, je le vis fermer les siens et grogner sans plus pouvoir se contrôler. Il jouit enfin et la jeune femme s'occupa de lui jusqu'au bout, avalant sa semence et nettoyant son anatomie impeccablement. Une fois terminé, il attrapa sa serviette au sol et la renfila. Sans un mot ni un regard dans leur direction, il s'approcha de moi mais je ne le laissai pas m'atteindre et quittai furieusement la pièce.

Dehors, j'inspirai un bon coup. Je ne savais plus ce qui était le plus traumatisant ; le fait que je me retrouvais dans un club libertin, que j'avais vu le pénis de Chris, ou encore le fait qu'il se soit fait sucer par une inconnue sous mes yeux.

— Tu n'as pas le droit de me faire la gueule, fit-il en me rejoignant. Je te signale que c'est toi qui m'as dit d'y aller !

— Mais tu aurais dû savoir que je n'avais aucune envie de te voir te faire sucer !

— Arrête, ce n'est pas si dramatique. Imagine-toi que c'était un porno, ça te passera !

— Tu as un problème, Chris ! Tu es maladivement accro et ce genre d'endroit est toxique pour toi.

— En quoi se faire plaisir est toxique ? Si tu n'étais pas vierge et effarouchée ça aurait pu être toi à sa place.

Mes yeux s'arrondirent. Alors là, j'étais totalement sous le choc.

— Je n'avais pas envie d'elle, continua-t-il, c'est à cause de toi si je bandais autant. Putain, je n'ai pu jouir qu'en t'imaginant à sa place, alors sois un peu indulgente et arrête de me faire la morale ou... ou ta crise de jalousie, je n'en sais rien !

Il partit ensuite, me laissant pétrifier. Il bandait à cause de moi ? Et avait joui en pensant à moi ? Et ben ça alors, si je m'attendais à ce genre de révélations !

J'avais bien compris qu'il était frustré après ce qui s'était passé entre nous dans le jacuzzi mais de là à penser à moi alors qu'il était avec une autre... j'étais surprise. Chris n'était pas du genre à s'intéresser à une seule femme, mais moi, je refusais ses avances et ma résistance ne faisait qu'alimentait son désir désespéré de m'avoir.

Je m'élançai aussitôt à sa recherche et finis par le trouver dans les vestiaires. Il avait enfilé son pantalon et s'apprêtait à faire de même avec son t-shirt. Je m'approchai timidement de lui.

— Ça a dû beaucoup te coûter de m'avouer un truc pareil...

— Tu te trompes, je n'en ai strictement rien à faire, me regarda-t-il. Écoute, on ne se connaît pas très bien tous les deux, et ça peut sembler très pervers que je fantasme sur toi, mais... c'est plus fort que moi. C'est sûrement le fait que tu sois vierge qui m'excite autant chez toi, alors ne t'en fait pas, je ne te harcèlerai pas et tu ne deviendrais pas ma nouvelle obsession. Ça me passera, comme toutes les autres.

Comme toutes les autres. Évidemment. Je croyais quoi ? Que j'étais la seule qui lui avait fait cet effet-là ? Bien sûr que non. Il avait connu des dizaines, voire des centaines de filles avant moi, beaucoup l'avaient sûrement marqué, Alice la première.

— Tu seras quand même privé de sexe demain, changeai-je de sujet.

Il sourit.

— Je sais, la journée promet d'être très longue.

***

Ses mains sur mes hanches. Sa bouche contre la mienne. Son corps nu au-dessus du mien.

J'étais totalement immobilisé par son poids alors que ses mains baladeuses explorèrent chaque recoin de ma peau. Ses lèvres étaient exquises, et sa langue se mouvait parfaitement bien avec la mienne. J'étais ivre de désir, totalement à la merci de cet homme dont les yeux bleus me foudroyaient.

Je frémis quand sa main se fraya un chemin jusqu'à mon intimité, et gémis dès que deux de ses doigts me pénétrèrent. J'en pouvais plus de cette torture, j'avais envie de lui, terriblement...

— Tu es prête, Isabella ? fit-il d'une voix rauque.

— Oui, je veux que tu sois le premier.

C'était ce que je voulais, et sans regret.

Il se redressa légèrement, retira ses doigts puis approcha son sexe de mon entrejambe. J'allais vraiment faire ça ? Offrir ma virginité à l'homme que je méprisais ?

La panique m'envahit soudainement et je commençai à me débattre sur le lit en essayant de le repousser. Finalement, je n'étais pas prête à avoir le cœur brisé à la suite de ce rapport sexuel.

— Non ! Chris ! Arrête ! hurlai-je.

Il ne m'écoutait pas. Il était totalement déconnecté de la réalité. Il n'était... pas là ?

Je me redressai dans mon lit, totalement affolée. Je regardai autour de moi mais il n'y avait personne. Je portai mon pyjama et ma chambre était plongée dans l'obscurité. Je me passai les mains dans les cheveux en inspirant profondément. Ce n'était qu'un rêve.

Un rêve érotique avec Chris en premier plan.

Il savait que ça m'arriverait, il l'avait prédit quelques jours plus tôt.

Cet homme occupait toutes mes pensées et ça commençait à devenir un véritable problème. Je ne pouvais pas faire ce genre de rêve où je perdrais ma virginité avec lui. Je ne voulais pas fantasmer sur lui et je n'avais aucun désir sexuel pour lui, du moins j'essayais de refouler ce sentiment naissant en moi.

Déboussolée, je me recouchai dans mon lit, et me recoquillai en boule. Je fermai les yeux en espérant retrouver un sommeil paisible, mais hélas, les yeux de Chris Warner étaient mon unique havre de paix.

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