chapitre 3: l'amour rend aveugle

J-79

Point de vue d'Isabella :

Enfin le week-end ! Je pouvais savourer tranquillement deux petits jours de repos depuis que j'avais commencé le travail.

Je quittai mon lit en traînant des pieds, et après un rapide saut à la salle de bain, je descendis au salon. Je consultai l'heure et fus surprise de constater qu'il était déjà 10 h et que ma grand-mère ne m'avait pas réveillé plus tôt.

Je trouvai cette dernière tranquillement installée sur le canapé en train de papoter avec mon grand-père. Ils interrompirent leur conversation en remarquant ma présence.

— Bonjour.

— Bonjour Isabella. Comme d'habitude, tu te lèves tard.

— J'ai bien mérité une grasse matinée après la semaine que je viens de passer.

— Tout se passe bien avec Christopher ? me demanda mon grand-père.

Comment leur expliquer que Christopher était un obsédé sexuel et que depuis que je l'avais remis à sa place, il m'ignorait totalement ?

En effet, depuis ce qui s'était passé entre nous dans mon bureau, il ne me souriait plus sournoisement, ne se moquait plus de moi, et ne faisait plus de remarque déplacée concernant ma pudeur. Mais en ce qui était de ses engagements professionnels, il était toujours le même ; irresponsable et en retard.

— Ça se passe bien, mentis-je.

— Parfait, sourit ma grand-mère. D'ailleurs je pensais l'inviter dîner chez nous ce soir. Sébastien et Claire seront là également.

— Pourquoi tu veux l'inviter à notre repas familial ?

— Parce qu'il est de la famille maintenant, un peu comme Claire.

— Non, il n'a rien à voir avec elle ! Claire est la petite amie de Sébastien, donc c'est normal que vous l'invitiez, mais Chris n'est que l'associé avec qui vous m'avez obligé à travailler ! m'irritai-je.

— Je croyais que vous vous entendiez bien ? fit mon grand-père, perdu.

— Pas si bien que ça finalement.

Je partis prendre mon café dans la cuisine sans voir leurs réactions. Ils exagéraient sur ce coup. Chris n'était en aucun cas le bienvenu dans cette maison.

...****************...

En train de me préparer dans ma chambre, j'entendis toquer à la porte de celle-ci. Je dis à la personne d'entrer sans prendre la peine de vérifier moi-même. Je sursautai et mon cœur loupa un battement quand je remarquai Chris dans le reflet de mon miroir. Je me retournai pour le dévisager. Sans surprise, Irène n'avait fait qu'à sa tête.

— Ta grand-mère m'a un peu forcé à monter te voir. Pour une fois que je suis en avance...

En avance et très beau. Il portait un slim noir et une chemise bleue à carreaux qu'il avait laissée ouverte dévoilant son t-shirt blanc en dessous. Ses cheveux étaient comme à leur habitude, ébouriffés par le vent, et sa barbe avait bien poussé depuis notre rencontre.

— Tu peux attendre ici tant que tu ne me déranges pas, dis-je nonchalamment.

Je retournai à mes occupations, ce qui voulait dire me trouver une coiffure adéquate. J'avais déjà enfilé une robe bleu marine moulante avec les bras et le dos nu et appliqué mon maquillage. Je brossai mes cheveux, les plaçai sur le côté puis soufflai d'agacement. Je ferai peut-être mieux de les couper, ça m'épargnera ce calvaire à chaque fois.

— Besoin d'aide ? l'entendis-je me demander.

— À moins que tu sois coiffeur, non.

— Je peux te faire une queue-de-cheval ? Je sais comment faire...

Je me retournai machinalement vers lui. Son ex avait les cheveux longs, je présume.

— À bon ? Tes coups d'un soir te laissent les coiffer aussi ? me moquai-je.

— Laisse tomber, détourna-t-il le regard.

Je m'avançai lentement vers lui. Il était assis au bord de mon lit et fixait un point imaginaire. Je lui tendis ma brosse à cheveux. Je pouvais me faire une queue-de-cheval moi-même mais j'étais curieuse de voir comment il allait s'y prendre.

— Tu peux toujours essayer, lui fis-je un demi-sourire.

Il me sourit. Une première depuis une semaine. Je m'assis à côté de lui, lui tournant le dos, et doucement, je sentis ses mains agiles sur ma chevelure. C'était la deuxième fois qu'il y touchait. Il s'y prenait très adroitement. Je frissonnai à chaque fois que ses doigts touchèrent ma nuque sans le faire exprès. Rapidement, il réussit à me faire une queue-de-cheval haute. Je regardai mon reflet dans la glace et j'étais plutôt contente du résultat.

— Tu m'en veux toujours ? me demanda-t-il.

— Pour quoi ?

— Pour ce qui s'est passé la dernière fois, je sais que j'ai dépassé les bornes.

— C'est peu de le dire !

— Ça peut m'arriver d'avoir des accès de colère et de me défouler sur les... enfin, avec le sexe, mais je n'aurais pas dû te traiter comme ça.

Il semblait sincère, mais je ne pouvais toujours pas lui faire confiance.

— On peut au moins faire semblant d'être amis pour ce soir ? Ça ferait plaisir à ta grand-mère, ajouta-t-il.

— Elle m'agace tellement celle-là, grognai-je.

— Elle m'aime un peu trop on dirait, et j'avoue que c'est flippant.

Je le rejoignis sur le lit pour enfiler mes talons et dès que je me penchai, je le vis du coin de l'œil me dévorer du regard, ou du moins, s'attarder sur mon décolleté.

— Ma grand-mère n'aime personne, et si elle est si gentille avec toi, c'est qu'elle complote quelque chose.

— Par exemple ?

— Je ne sais pas mais je le découvrirai.

Il me sourit, enjoué. La porte de ma chambre s'ouvrit au même moment et mon frère apparut. Il avait un grand sourire plaqué sur les lèvres qui s'évanouit dès qu'il repéra Chris et son visage se décomposa. Je n'avais toujours pas deviné ce qu'il pouvait bien me cacher.

— Salut, vous pouvez descendre, on n'attend plus que vous, à moins que vous ayez mieux à faire.

— Sébastien...

Il ne me laissa pas parler et repartit. Je soupirai.

— C'est quoi son problème avec moi ?

— Il ne t'aime pas, dis-je franchement.

— Ça, je le sais déjà, mais pourquoi ? Il ne me connaît même pas.

— Ça aussi je dois le découvrir.

Il haussa les épaules et nous descendîmes rejoindre les autres. Je retrouvai mes grands-parents, et Sébastien en compagnie de sa copine.

Claire était brune aux longs cheveux ondulés. Elle avait de grands yeux verts, et une garde-robe toujours tendance. Je ne la détestais pas mais on n'était pas amie non plus. Je trouvais qu'elle était hypocrite et superficielle, mais tant que mon frère l'aimait et qu'elle le rendait heureux, c'était tout ce qui comptait.

— Salut Claire.

— Oh, Isabella ! Ça fait plaisir de te voir, tu es éblouissante ! sourit-elle faussement.

Hypocrite.

— Merci ! Mais pas autant que toi, pris-je le même ton.

Je sentis la présence de Chris derrière moi, alors je décidai de faire les présentations.

— Claire, je te présente Chris Warner. Et Chris, voici Claire Marshall, la petite amie de Sébastien.

Un sourire mutin se dessina sur les lèvres du brun alors qu'il détaillait la jeune femme attentivement. Le visage de cette dernière se décomposa et elle perdit littéralement l'usage de la parole. Chris tendit sa main vers elle et je jurerai voir la sienne trembler en la serrant. Ils se connaissaient.

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