Épisode 5

Tía Eva était amusante après qu'elle m'ait littéralement remplie de sucreries et de chocolats, sous prétexte de ne pas le dire à maman. Elle m'a emmenée à la cuisine pour découvrir comment ma popularité était à l'école. Je ne vais pas mentir, c'était divertissant de voir son enthousiasme disparaître alors qu'elle m'écoutait raconter tout ce qui s'était passé à l'école de Chicago.

"C'est une sorte de blague ?!" s'exclama-t-elle avec incrédulité, et cela m'amusa. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ri comme ça.

"Es-tu sûre d'être la fille de Mary ? Mon Dieu, ta mère doit devenir folle parce que sa petite princesse n'a pas suivi ses traces," dit Tía Eva, se tenant maintenant près de l'évier et remplissant une bouilloire d'eau. Ses yeux fixaient la cour où les torches étaient allumées, le temps avait passé si vite que je n'avais même pas remarqué le coucher de soleil.

"En fait... Je ne l'ai pas dit à maman. Elle ne prenait jamais le temps de m'écouter, elle sautait toujours aux conclusions par elle-même, alors j'ai laissé tomber," répondis-je, ne riant plus, regardant mes doigts entrelacés sur le comptoir en marbre. Je ne sais pas à quoi ressemblait mon expression, mais ce n'était probablement pas la meilleure car ma tante vint vers moi et me serra fort dans ses bras.

"Je suis la tante cool, tu peux tout me dire," répondit-elle en plaisantant, et je remarquai alors que son sourire s'élargissait encore.

"Luke et Cristal sont arrivés, ils vont explorer la maison, et je te rejoindrai dans le salon pour une tasse de thé. Tu aimes le thé au fenouil?" Je ne savais pas comment elle savait si exactement que mes cousins étaient arrivés, mais j'acceptai le thé et la petite exploration de la maison.

Quittant la cuisine derrière moi, mes pieds m'emmenèrent au salon principal où se trouvait une table remplie de portraits et de photographies. Je souris en regardant les images, tous les membres de la famille étaient là. Ma grand-mère était sur une photo avec tous ses enfants, je reconnus ma mère et tante Eva, mais je ne savais pas qui était la troisième personne, et le plus drôle était qu'ils avaient tous des pendentifs en argent autour du cou avec différents symboles. Je suis restée des heures à regarder cette photo jusqu'à ce que la voix de Luke me fasse sursauter.

"Quand j'étais petit, j'aimais aussi admirer cette photo. Notre mère et nos oncles," dit-il en s'approchant avec un sourire espiègle.

"Je n'ai pas pu rencontrer celui-ci..." je pointai l'homme sur la photo, et je remarquai que son sourire s'estompa légèrement.

"Oncle Esteban, on dit qu'il est tombé amoureux d'une Mexicaine et quand elle est partie, il l'a suivie, laissant la famille derrière lui. C'était avant que tu ne naisses, et quand toi et ta mère êtes parties, il est revenu avec un fils de huit ans. Il a laissé le fils ici et est reparti... notre oncle errant," Luke parla comme s'il revivait le passé, et cela ne me dérangea pas le moins du monde. Je restai un peu plus longtemps à admirer les photos, mais de temps en temps mes yeux rencontraient ton pendentif, j'avais oublié à quoi ressemblait le désir d'avoir un pendentif comme ça.

"Oh, vous êtes là vous ! Allez, maman a préparé le thé," Cristal apparut complètement différente de quand je l'avais vue en ville. Ses cheveux étaient tressés maintenant, elle portait une robe d'été rose, et les bottes rustiques avaient été remplacées par des sandales. On me tira par le bras vers l'endroit où se trouvait le thé, et le parfum du fenouil était sans aucun doute le meilleur de tous.

Luke resta en arrière, peut-être qu'il n'aimait pas le thé ou ma présence ne le rendait pas aussi heureux que je l'imaginais. J'écartai ces pensées de mon esprit et me concentrai sur les retrouvailles familiales, tant de choses avaient changé, ou était-ce juste l'imagination trop vive d'une enfant de six ans face à la réalité ?

À chaque pas vers la pièce où se trouvait le thé, des souvenirs affluèrent. Je me souvenais quand j'avais cinq ans et que je courais le long de ce même chemin en jouant avec Cristal. En descendant deux marches, je ris en me rappelant de la chute que j'avais faite, ce qui avait entraîné une bosse sur mon front.

"Tu t'en souviens, n'est-ce pas, cousine ?" Cristal se retourna pour me regarder avec un sourire sur le visage, et je hochai la tête, en riant toujours.

"Je me souviens de la panique que j'ai ressentie ce jour-là, la bosse sur ta tête était énorme... Luke aurait pu me tuer ce jour-là..." Cristal continua de rire en se laissant tomber sur le canapé.

Bien sûr ! Un enfant prenant soin d'un autre, Lou Lou était notre petite princesse, imaginez comment Benjamin se sentirait quand il apprendrait qu'elle est tombée... Heureusement, tante Mary est arrivée la première et a fait cette astuce avec la cuillère. Luke entra dans la pièce les mains dans les poches, m'appeler par mon surnom me donna des frissons dans le dos, cela faisait un moment que je n'avais pas entendu ce surnom.

Le silence remplit la pièce pendant quelques minutes, d'après ce que je pouvais dire, le nom de mon frère décédé était toujours une source de tristesse pour la famille, Luke semblait être assez proche de Ben. La vapeur de la tasse de thé attira mon attention.

Je souhaitais avoir plus de souvenirs de mon frère aîné, mais il semblerait que tout ce qui le concernait, lui et papa, ait été bloqué de mon esprit, tout ce que je pouvais faire était d'imaginer à quoi aurait ressemblé notre relation. Ma mère a laissé échapper deux fois que mon frère était très protecteur envers moi, et maintenant, avec les mots de Luke, je ne pouvais qu'imaginer comment aurait été ma vie s'ils étaient encore vivants.

Le son de la porte qui s'ouvre attira mon attention sur le garçon aux cheveux noirs qui entra, enlevant ses chaussures et marmonnant quelques choses en espagnol.

"Et le mouton noir de la famille revient." Cristal laissa échapper les mots sans se soucier du regard désapprobateur de sa mère, je retins mon rire jusqu'à ce que je voie ma mère et grand-mère Agnès entrer juste derrière.

"Qu'est-ce que le délinquant a fait cette fois ?" demanda Cristal, et en réponse, reçut une claque sur le bras de tante Eva.

"Assignation à résidence... il a été pris en flagrant délit de vandalisme dans l'église Santa Maria." répondit grand-mère Agnès en suivant le parfum du thé, remerciant sa bonne étoile.

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