Chapitre 2.1

2017.

...Leaves...

...-...

..."...

...« La vie c'est des étapes : la plus douce c'est l'amour, la plus dure c'est la séparation, la plus pénible c'est les adieux, la plus belle c'est les retrouvailles... »...

^^^Anonyme.^^^

..."...

Voilà déjà deux semaines que je suis sortie de l'hôpital avec mon enfant. Ma mère m'a obligé à rejoindre le domicile familial le temps de me trouver un appartement. Parce qu'avec un enfant dans les bras, il faut bien que je me trouve un toit ici, à Manhattan.

Mon père qui était énormément déçu quand il a su que j'étais enceinte s'est indirectement attaché à son petit-fils et vient souvent dans ma chambre passer du temps avec lui. Il lui montre de l'intérêt, jouant avec ses petites mains, changeant quelquefois sa couche, le berçant. Il semble plus heureux, comme à l'arrivée de Joshua. Je dois avouer que c'est grâce au bébé si ma relation avec lui s'est améliorée. Le décès d'Hidden y est pour quelque chose également. Comme on le dit si bien, le monde ne verra plus ton mauvais côté une fois six pieds sous terre.

Je ne voulais plus revenir à Manhattan, chaque endroit, recoins, ruelles me rappellent sans cesse l'amour de ma vie. Vivre en Arkansas m'a permis de respirer un coup. Avec un peu plus de temps, j'allais sûrement guérir. J'adorais me promener au bord de la rivière, je pouvais évacuer plus naturellement mes pensées négatives. J'avais pourtant pris une décision radicale, mais ma mère n'était pas d'accord à l'idée que je les prive des bons moments qu'ils pourront passer en compagnie de leur petit-fils. Je n'avais pas grand-chose sur moi, je suis un peu fauchée depuis qu'Hidden n'est plus là. Je n'avais plus le droit, à cet instant-là, de dire non.

Je ne pensais pas pouvoir m'occuper de mon enfant, mais ces deux semaines m'ont prouvé le contraire. Non seulement j'ai su en prendre soin, ses pleurs nocturnes ont également aidé à améliorer la communication entre ma mère et moi. Cette dernière vient souvent demander si son petit-fils va bien, me rappelant de ne pas oublier de lui changer la couche. Très protectrice, elle me propose même de dormir avec moi pour garder un œil sur le bébé. Seulement, je suis restée trop longtemps dans cette maison et les souvenirs douloureux me poignardent chaque jour un peu plus le cœur. Pour le bien de ma santé mentale, il faut que je m'en éloigne.

Ma mère s'est proposée de m'aider pour le loyer, le temps que je trouve un travail. Aujourd'hui, je m'installe dans mon nouveau chez moi avec mon fils.

Je vivrai en colocation avec un homme, c'est tout ce que je sais. J'ai tout de suite sauté sur l'occasion quand j'ai vu l'annonce d'un appartement. Le prix du loyer est attrayant. Malheureusement, je n'ai pas eu le temps ni la chance de pouvoir le visiter. J'ai un peu peur d'habiter avec un inconnu, mes parents sont dans le même état. Ils ont premièrement désapprouvé cette idée, j'ai dû faire comprendre que je voulais ce toit et pas un autre.

J'espère juste que mon colocataire supportera les cris nocturnes d'un nouveau-né bien qu'il en soit prévenu.

Mon fils a de la chance d'avoir des grands-parents aussi généreux, ils avaient tout prévu et je n'ai eu à débourser aucun centime. Néanmoins, je compte bien le gâter du mieux que je peux, je ne veux pas que des idées noires me viennent à l'esprit. Le rendre heureux me permettrait de mieux vivre ma vie, sans culpabiliser.

Mon père a été clair, il ne veut pas que son petit-fils se retrouve à l'orphelinat ou sous leur charge. Il ne veut pas qu'il connaisse la douleur d'un orphelin ou d'un enfant abandonné par ses parents. Assise sur mon lit, je caresse son biberon en rêvassant. J'ai déjà fait ma valise et celle de mon bébé, mon père rentre dans dix minutes et nous déposera.

N'ayant pas eu le courage de choisir un prénom pour mon fils, j'ai demandé à mes parents de le faire. Ils ont choisi Loëvann, c'est original et figurait parmi les prénoms qu'on voulait donner à nos enfants Hidden et moi. Il aurait été heureux de voir mes géniteurs suggérer ça, j'en suis certaine.

...« Hide, ...

...je pense que mes parents sont tombés sur le carnet où étaient stockés tous les prénoms qu'on voulait donner à nos gosses. Je suis sûre que tu aurais aussi choisi Loëvann pour notre premier enfant. Tu aimais beaucoup la douceur de sa prononciation et son originalité. »...

Je me penche vers le berceau où dort Loëvann, je soulève un peu son bonnet pour contempler ses cheveux. Ils sont bouclés et déjà volumineux. Je caresse indirectement son petit front tout doux, ses petites mains se desserrent puis se resserrent délicatement. Un sourire étire mes lèvres, il a tout juste deux semaines et commence déjà à avoir les traits de son père. Mon cœur commence brutalement des mouvements agités, je pose ma main sur ma poitrine avec rapidité. Empêchant tant bien que mal les larmes de couler. À ce rythme, Loëvann risque de se réveiller tant les battements sont forts.

J'ajuste le bonnet de mon fils avant de me diriger vers la fenêtre. Un nombre incalculable de souvenirs refont surface tandis que mon regard se pose sur la terrasse. Je revois une image d'Hidden et moi, nous nous tenions la main et avancions vers le seuil de la porte. J'essayais tant bien que mal de l'apaiser, mais le stress manquait de l'étouffer.

Il était encore plus charmant quand il arborait un visage mi-effrayé, mi-timide.

Si le fond de mon âme coulait déjà de larmes incontrôlées, celles qui font surface et longent mes joues sont encore plus abondantes. Je vais mal, je n'arrive pas à passer à autre chose. Hidden et moi ne faisions qu'un et maintenant que cette partie est morte, quel sens donner à ma vie ? À quoi bon continuer de vivre ? À lutter ? Mon enfant se porterait bien mieux avec mes parents, je ne me supporte pas. J'ai peur de lui partager que de mauvaises ondes.

Je me retourne vers son berceau et croise le regard inquiet du fantôme de mon défunt mari. Mes larmes redoublent de vitesse et je m'effondre par terre en hurlant intérieurement de douleur. Qu'ai-je bien pu faire pour mériter ça ? À seulement dix-huit ans, je perds mon mari, ma raison de vivre. Pourquoi ? Suis-je maudite ? Pourquoi toute cette douleur ? Mon corps frêle ne le supporte plus.

...'...

...« J'ai envie de mourir, je veux vraiment te rejoindre, Hidden... »...

...'...

Son fantôme me regarde, toujours inquiet à côté de notre enfant. Il secoue la tête en souriant et pose sa main sur le berceau en contemplant impassiblement le visage de Loëvann avant qu'un second sourire triste n'étire ses lèvres.

Maintenant que je le fixe attentivement, je me demande si c'est vraiment son fantôme ou une illusion de lui qu'a créé mon imagination. Il ne m'approche pas, comme s'il avait peur de me blesser. Il ne parle pas, le fait qu'avec des signes et en laissant transparaître ses émotions, mais la plupart du temps, il sourit. Comme si maintenant, il se sentait libre.

La porte de ma chambre s'ouvre et laisse entrer mon petit frère, Joshua, qui se précipite vers moi en me prenant dans ses bras. Je réponds à son étreinte après m'être essuyée le visage.

- Tu pleures encore, Leaves ? Ça me fait mal, tu sais ? déclare-t-il doucement, la tête enfouit dans ma nuque.

Entre-temps, il a appris à prononcer mon prénom.

- Ne t'inquiète pas, Josh'. Il fallait juste que je me libère un peu.

- Mais je ne comprends pas pourquoi tu es tout le temps triste ? Maman m'a dit que tonton Hidden se repose et veille sur nous, c'est devenu un ange, non ?

Éberluée, je le repousse un peu. C'est la première fois qu'il prononce aussi bien le prénom d'Hide, il grandit. Je souris rapidement en écartant une mèche brune sur son visage. Il a toujours cette tignasse rebelle.

- Oui. C'est vrai, mais j'aurais aimé qu'il reste encore un peu avec nous pour connaître Loëvann, avoué-je en essayant de chasser mon envie de pleurer.

- Oui, moi aussi ! D'ailleurs, je n'ai pas pu prendre ma revanche au foot, quand je le reverrai, je le battrai !

J'éclate de rire en même temps que lui en le chatouillant un peu, il me supplie d'arrêter - ce que je fais en lui faisant un bisou sur la joue. Quand il grandira et comprendra, il se sentira très mal, car Hidden avait pris une grande place dans son petit cœur généreux.

...« Tu sais, ...

...Joshua a gagné en maturité. Il arrive de mieux en mieux à prononcer les mots ou prénoms....

...Je crois qu'il a compris que la mort cause des douleurs insupportables, il ne veut juste pas connaître cette souffrance pour le moment. Ce qu'il ignore encore, c'est qu'en repoussant son envie de pleurer, hurler, il garde des blessures qui seront plus tenaces à la longue. »...

Loëvann s'agite dans son berceau et pousse quelques cris. Je m'approche de lui et le prends dans mes bras, il est temps de lui changer sa couche. Joshua s'approche de nous et me regarde faire, il pose ses doigts sur son nez en éclatant de rire.

- Waaah, ça sent pas bon le caca des bébés !

Loëvann, à qui la vue est encore floue, fixe aveuglément le plafond. Il ne pleure plus, mais ne va pas tarder à le faire vu la déformation des traits de son visage. Il a faim.

- Oui, c'est vrai, affirmé-je en souriant.

Je donne la couche jetable à mon petit frère pour qu'il aille la mettre à la poubelle, ce qu'il fait après être sorti de ma chambre, le nez toujours pincé par ses doigts. J'installe Loëvann sur mes cuisses pour le nourrir au sein. Je le fixe et il fait de même comme s'il arrivait parfaitement à me voir, je souris tendrement. Il est si beau, il a de quoi en faire des jaloux.

Hidden m'a laissé le plus beau cadeau de toute ma vie, c'est comme si je l'avais lui, mais en plus petit. Il ferme peu à peu ses petits yeux tandis que mon père fait son apparition tout doucement.

- Alors, ma chérie, comment s'est passé ta journée avec Vann ? me demande-t-il en déposant un baiser sur le front de mon enfant avant d'en faire autant avec moi.

- C'était tranquille. Je n'ai pas vraiment pu me reposer ces derniers temps, il pleure beaucoup surtout la nuit. Il se réveille au moins trois fois pour manger, il m'épuise.

Il sourit tendrement :

- Toi, tu étais encore pire. Ta mère était sur le point de devenir folle ! Tu te réveillais au moins cinq fois et la nuit, j'étais beaucoup trop fatigué pour m'occuper d'une gosse. Ta mère voulait me tuer à chaque fois, elle me faisait chier.

Nous partons tous les deux en fous rires, ça nous avait manqué. Ces moments de rigolade pour détendre l'atmosphère, c'est toujours aussi apaisant. Je m'efforce à montrer que je vais bien, même si ce n'est pas vraiment le cas. Je ne veux pas qu'ils s'en rendent compte.

Je ne veux pas que mes parents souffrent à cause de moi. C'est vrai qu'ils m'ont surpris plusieurs fois en train de pleurer et ils essaient de me rendre heureuse, du mieux qu'ils le peuvent. L'idée que j'aille vivre en colocation alors que j'ai déjà une maison et une chambre, ne leur plaît pas, mais c'est ma décision. Cette maison me rappelle Hidden. J'en ai la boule au ventre.

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liline

liline

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2021-06-14

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