Prologue.

Bip. Bip. Bip.

« Salutations, vous êtes sur le répondeur d'Hidden. Veuillez laisser un message après le bip sonore et je vous rappellerai. »

...Mhm ...

...ne t'inquiète pas,...

...c'est le dernier appel...

...car je pars....

Je sais, tu dois te dire que je force un peu trop mais j'en ai rien à foutre. Tu dois savoir que ce n'est pas vraiment de ma faute, mais celle de mon cœur. Tu m'as complètement brisée, bousillée, tu as détruit ma vie, mes rêves, mes ambitions et toute mon âme, c'est assez drôle, non ? Parce que tu ne l'as pas voulu.

Je n'arrive pas à te dire adieu car il y a toujours une chose qui me ramène à toi. Parfois, je crois voir ton prénom dans mes notifications, je sens ton odeur dans ma salle de bain, sur mes draps, partout dans mon appartement. Et pour ça, je t'appelle souvent, espérant entendre ta voix qui virait de rauque à suave, éraillée à délectable, selon ton humeur. Maintenant, tout ce qui reste de toi, c'est cette voix synthétisée de ton répondeur qui accélère brutalement le rythme de mon cœur.

C'était facile pour toi de dire au revoir aux personnes que t'aimes, à croire que tu ne ressentais vraiment rien. Comme si tu étais un bonhomme de neige*, peut-être était-ce une image que tu essayais de me montrer pour qu'à la fin, je te haïsse, non ? Cependant, les faits sont les faits, en un jour - oui, en un seul jour - tu as mis fin au bonheur éternel, fin aux années qu'on aurait pu passer ensemble, fin aux espoirs.

...Leaves se racle la gorge, essayant tant bien que mal d'avoir un air calme, une voix normale. ...

Tu sais, Hidden, mes copines m'ont dit que l'amour fait souffrir, que ça peut être un médicament pour le cœur et la santé mentale tout comme ça peut être toxique. J'ai, moi-même, été témoin de leur peine, leur chagrin et leur douleur, alors ce n'était pas difficile à croire. C'est pour ça que je n'ai jamais osé sortir avec un homme. Mais, putain, je n'ai pas pu contrôler mes sentiments, je t'ai tout donné, mon cœur ainsi que mon être. Tu n'avais, à cet instant, plus le droit de partir.

Bon sang, Hidden... tu m'avais promis, tu m'avais dit être plus solide que cette foutue maladie, mais était-ce seulement pour me rassurer ? Tu savais que tu ne t'en sortirais pas. J'étais bête de te croire. Tu souffrais en silence, me montrant un corps fort de jour en jour, me laissant me blottir dans tes bras sans me soucier de ton état. J'ai compris que ce sourire était en fait une douleur que tu cachais. Comment ai-je pu être aussi aveugle ? Je ne sais pas si je dois te haïr ou mourir aussi.

...Les larmes de Leaves coulent le long de ses joues malgré elle, ses mains tremblent. Elle reprend son souffle et se remet à parler....

En partant, tu as tué une partie de moi, je ne me sens plus vraiment vivante. À vrai dire, je ne sais plus ce que je fais. Je dois être folle, tu ne trouves pas ? Je sais que je n'aurai pas de réponse mais je continue à t'appeler. J'ai tellement de choses à te dire mais très peu de temps pour ça.

J'aurais aimé partager ta douleur. Toi, c'est ce que tu faisais à chacun de mes problèmes. J'aurais aimé porter la maladie à ta place, t'épargner des années de souffrance. Je regrette tellement de choses, j'aurais aimé que tu saches que j'attends un bébé. J'aurais aimé que tu me dises tout ce que tu avais sur le cœur. Te haïr en ce moment ne suffirait pas à m'ouvrir les yeux, à m'apprendre à m'aimer sans toi.

...Elle baisse sa tête en caressant son ventre, une profonde tristesse la submerge. ...

Qu'est-ce que je vais dire à notre enfant quand il me demandera « où est papa, maman ? » Je ne saurai pas quoi lui répondre. Je ne te pardonne pas et je ne ressens plus rien de toute façon. Tu as emporté avec toi, ma joie de vivre et ce monde fou m'est devenu si noir, si étrange et si grand. Je ne méritais pas ça.

Ce que je veux, c'est que notre enfant te ressemble. Que je vois en lui, ta belle personnalité. Ton prénom signifiait « cacher » en anglais. Rien qu'avec ça, j'aurais dû me méfier. Tu ne me disais pas tout, j'en ai la rage. Je ne vais pas te mentir, j'ai pensé donner à notre enfant ton prénom, mais je n'en ai plus le courage. J'ai peur que, comme toi, lui aussi me dissimule de graves choses à l'avenir.

Je sais que je ne t'oublierai jamais. C'est impossible, tu as énormément marqué ma vie. Ce message sera le dernier, j'en ai marre de parler dans le vent, j'en ai ras-le-bol de dire certaines choses que je ne pense pas. Bref, je t'aime et j'en souffre. Là, je pars, je ne sais pas où mais je veux être loin de cette ville et de ses souvenirs douloureux qui me hantent pendant un temps indéfini.

...Leaves sort de la cabine téléphonique en essuyant ses larmes de ses deux mains avant de les fourrer dans les poches de son manteau noir et se précipite de reprendre la route vers un avenir encore inconnu. ...

..._________________...

* La métaphore avec le Bonhomme de neige : Si on devait analyser un bonhomme de neige, on ne dirait pas qu'il peut éprouver quelque chose (sentiments ou entailles, par exemple). En utilisant cette métaphore, je m'engage à dire que c'est comme si Hidden n'éprouvait plus rien à ce moment là, il était vide de tout sentiment. Je peux changer la comparaison, mais je garde celle-là, parce que c'est original.

Populaire

Comments

Anne-Laure Duhoux

Anne-Laure Duhoux

C trop beau j’en ai les la aux yeux 😭

2023-07-17

1

Tous

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!