chapitre 5

La maison dormait.

Seule la pluie battait encore doucement contre les vitres, comme si elle refusait, elle aussi, de trouver le sommeil.

Ethan fixait le plafond depuis des heures, incapable de fermer les yeux.

Les mots d’Alexander tournaient dans sa tête, sans répit.

> « Ce n’est pas une impression, Clara. »

« Oui, et je ne le regrette pas. »

Chaque syllabe vibrait encore dans son esprit, brûlante et irréelle.

Avait-il vraiment dit ça ? Devant sa mère ? Devant son ex-fiancée ?

Ethan se couvrit le visage avec les mains, sentant ses joues chauffer.

— Pourquoi j’y pense encore… murmura-t-il à voix basse.

Il se tourna sur le côté. La lune dessinait des ombres argentées sur le mur.

Dans ce silence trop vaste, son cœur battait trop fort, trop vite.

Il essaya de se raisonner : Alexander avait sûrement dit cela pour le protéger, pour faire taire Clara.

Oui, c’était juste… un réflexe, une stratégie.

Mais alors, pourquoi ses yeux disaient autre chose ?

Ethan se redressa, incapable de rester couché.

Il enfila un pull et sortit discrètement dans le couloir.

Les planches craquaient sous ses pas, et l’air frais du couloir fit frissonner sa peau.

De la lumière filtrait sous la porte du bureau d’Alexander.

Il hésita.

Puis, poussé par une curiosité qu’il ne comprenait pas, il s’approcha.

À travers l’entrebâillement, il aperçut Alexander, assis derrière son bureau, penché sur un dossier.

Son visage était fermé, concentré — mais ses yeux trahissaient une fatigue lourde.

Le téléphone vibra sur la table.

— Oui, dit-il d’une voix grave. J’ai vu l’article.

Un silence.

— Non. Aucune photo, seulement des rumeurs. Qu’ils continuent à chercher, ils ne trouveront rien.

Un autre silence, plus long.

— Je sais ce que je fais. Bonne nuit.

Il raccrocha, posa lentement le téléphone, puis se massa les tempes.

Ethan recula avant d’être vu, le cœur serré.

Un article ? Des rumeurs ?

Il retourna dans sa chambre, troublé.

Il ouvrit la télévision pour étouffer ses pensées, mais une chaîne d’informations diffusait justement un reportage sur Drake Industries.

La voix du présentateur résonna :

> — Selon des sources proches, Alexander Drake aurait été aperçu en compagnie d’un jeune inconnu vivant désormais sous son toit. Aucun nom n’a encore été révélé, mais les spéculations vont bon train quant à la nature de leur relation…

Ethan éteignit aussitôt.

Il resta un long moment immobile, le souffle court.

Les journalistes… déjà.

Il se laissa tomber sur le lit, les yeux fixés sur le plafond.

— Pourquoi moi… ? chuchota-t-il.

Son cœur lui faisait mal.

Il n’avait rien demandé, et pourtant, tout semblait le dépasser.

Puis, malgré lui, son esprit revint vers Alexander.

Cet homme qui, malgré sa froideur, avait veillé sur lui, l’avait protégé sans rien demander.

Il se revit, quelques heures plus tôt, lorsqu’Alexander avait posé sa main sur son poignet pour l’empêcher de partir.

La chaleur de ce contact restait gravée dans sa peau.

Ethan inspira profondément, ferma les yeux.

Une image lui revint, floue, douloureuse : un autre homme, un sourire, un baiser trahi… son ex-fiancé.

Et, aussitôt, la voix d’Alexander chassa ce souvenir :

> « Tu n’as rien à fuir. »

Il serra le drap entre ses doigts.

Pour la première fois depuis longtemps, il ne savait plus ce qu’il devait ressentir.

Une part de lui voulait s’enfuir avant d’attirer davantage de problèmes.

Mais une autre, plus profonde, voulait rester — pour comprendre ce lien qu’il refusait de nommer.

Le vent se leva dehors.

Une bourrasque fit battre les volets, comme si la maison elle-même partageait son agitation.

Dans le bureau, au même moment, Alexander regardait le même ciel.

Son téléphone vibra à nouveau : un message de son conseiller en communication.

> « Les médias veulent des preuves. Ils cherchent à identifier le garçon. Je bloque les fuites. »

Alexander posa l’appareil sans répondre.

Son regard se perdit dans la nuit.

— Tu ne sauras rien, murmura-t-il. Pas tant que je serai là.

Au petit matin, Ethan ne dormait toujours pas.

Les premiers rayons du soleil traversèrent les rideaux, éclairant son visage fatigué.

Il ferma les yeux, le cœur lourd mais résolu.

Une chose était claire désormais : il n’était plus qu’un invité ici.

Il faisait partie, malgré lui, du monde dangereux d’Alexander Drake.

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