Le week-end s’annonçait long, gris et chiant. Après la semaine qu’elle venait de se taper — trahison, humiliation, milliardaire envahissant et sœur venimeuse —, Alexiana aurait bien aimé appuyer sur « pause » et dormir pendant trois jours d’affilée. Mais évidemment, la vie, cette garce, en décida autrement.
Samedi matin, 9 h 30.
Son téléphone vibra à s’en décrocher la table de nuit.
Un message inconnu :
> Devine qui est de retour à la ville, cousine préférée ? 😎
Alexiana cligna des yeux, à moitié réveillée.
— Pas possible… murmura-t-elle avant d’ouvrir grand les yeux.
Non, elle ne rêvait pas.
Lui. Ethan.
Son cousin, son frère de cœur, son partenaire de conneries et de confidences depuis l’enfance.
Celui qui l’avait toujours défendue contre les moqueries et les injustices.
Celui qui lui avait promis, à douze ans, qu’il casserait la gueule de quiconque oserait la faire pleurer.Et il était de retour.
La tornade Ethan
Trente minutes plus tard, un klaxon déchira le silence du quartier.
Alexiana ouvrit sa fenêtre et leva les yeux au ciel.
Une voiture noire étincelante venait de se garer devant chez elle. La portière s’ouvrit, et un type à la carrure athlétique, cheveux bruns ébouriffés et sourire arrogant, sortit comme s’il débarquait d’un film.
— ALEXIIIIIIE ! cria-t-il en levant les bras.
Elle éclata de rire malgré elle.
— T’as pas changé, espèce de boulet !
Ethan traversa le portail et la serra dans ses bras comme s’ils s’étaient quittés hier.
— T’as grandi, cousine. Et t’as gardé ta sale gueule d’ado rebelle.
— Et toi, t’as gardé ton humour de merde.
Ils éclatèrent de rire, leurs chamailleries retrouvant leur rythme naturel.
Ethan posa son sac et la scruta avec un air moqueur.
— T’es sérieuse là, Alex ? Sweat déchiré, jean troué, cheveux… enfin… c’est quoi, ça ? Un nid d’oiseau ?
Elle leva les yeux au ciel.
— Oh non, pitié, commence pas.
— Si, je commence. Parce que t’es canon, mais tu caches tout ça derrière ton look de fille qui déteste la planète entière.
— J’aime pas me fondre dans la masse, c’est tout.
— C’est pas une excuse pour ressembler à une militante contre le shampoing, répondit-il en riant.
Elle lui donna une tape sur l’épaule.
— T’es toujours aussi con.
— Et toi toujours aussi bornée. Mais t’inquiète, j’ai prévu un plan. Ce week-end, je m’occupe de toi.
Alexiana fronça les sourcils.
— Oh non, je sens venir la catastrophe.
— Pas du tout. Juste un petit relooking. Rien de dramatique.
Elle écarquilla les yeux.
— Un quoi ?!
— Un relooking, Alex. Tu sais, ce truc que font les gens normaux pour ressembler à… eh bien, à des humains.
Elle éclata de rire.
— T’as intérêt à reculer, Ethan. J’te jure, si tu m’approches avec un fer à lisser, j’te le fais avaler.
— Challenge accepté, répondit-il, le sourire en coin.
Le reste de la journée, Ethan ne lâcha pas l’affaire.
Partout où elle allait, il trouvait un moyen d’en reparler : pendant le petit-déj, pendant les courses, même pendant qu’elle essayait de regarder une série tranquille.
— Allez, Alex, juste un peu. Pas besoin de devenir une poupée. Promis.
— Ethan, tu piges pas. C’est pas moi, ces trucs-là.
— Ouais, mais c’est justement le problème. Le monde te juge avant même de t’écouter. Et toi, tu pourrais les faire taire juste en entrant dans une pièce.
— J’ai pas besoin d’impressionner qui que ce soit.
— Non, mais t’as besoin de te rappeler qui t’es, répondit-il doucement.
Elle resta muette. Parce qu’il avait touché juste.
Depuis Ryan. Depuis Madison. Depuis cette foutue trahison, elle se sentait vide, fade, effacée. Comme si elle s’était laissée happer par la douleur.
Alors le soir venu, après une longue hésitation, elle finit par céder.
— D’accord, soupira-t-elle. Mais je te préviens : au moindre truc rose, je me tire.
Ethan éclata d’un rire victorieux.
— Marché conclu, soldate.
Transformation express
Le dimanche, dès 10 h, Ethan la traîna dans un salon de coiffure chic du centre-ville.
Le genre d’endroit où les sièges sentaient le luxe et les coiffeurs parlaient comme s’ils étaient nés à Paris.
Alexiana s’y sentait comme un chat dans un aquarium.
— Respire, cousine. Ce n’est pas un tribunal, dit Ethan.
— J’me sens comme un cobaye, plutôt.
La coiffeuse, une femme élégante aux boucles argentées, fit le tour d’elle avec un regard critique.
— Oh là là… il y a du potentiel ici. Beaucoup de potentiel.
Alexiana serra les dents.
— Génial. Je suis un « projet ».
Deux heures plus tard, elle ne se reconnut plus.
Ses cheveux bruns cascadaient en boucles douces, encadrant son visage. Ses yeux verts ressortaient, brillants comme deux pierres précieuses. Un peu de maquillage, rien d’exagéré, juste ce qu’il fallait pour révéler ce qu’elle avait toujours caché.
Quand elle se regarda dans le miroir, elle eut un petit choc.
— Putain… murmura-t-elle.
— Je t’avais dit quoi ? lança Ethan, fier comme un coq.
— C’est… moi, ça ?
Elle eut envie de rire et de pleurer en même temps.
Pour la première fois depuis des mois, elle se sentait belle. Pas à cause du maquillage, mais parce qu’elle se revoyait enfin.
— T’es magnifique, cousine, dit Ethan plus doucement. Et le monde va le savoir demain.
**********
Lundi matin, l’Académie Saint-Vincent ressemblait à une ruche en plein chaos. Des groupes d’étudiants parlaient fort, des filles gloussaient, des mecs jouaient les durs. Comme d’habitude.
Jusqu’à ce qu’Alexiana franchisse les portes.
Silence.
Un silence lourd, presque sacré.
Toutes les têtes se tournèrent.
La fille aux jeans troués et au sarcasme ravageur venait de disparaître.
À sa place, une déesse urbaine, élégante, froide, avec une aura magnétique.
Pantalon noir moulant, chemise blanche légèrement entrouverte, bottines en cuir. Ses cheveux brillaient à la lumière, ses yeux semblaient lancer des éclairs.
Les murmures commencèrent aussitôt.
— C’est qui, elle ?
— Nouvelle élève ?
— Putain, regarde ses yeux…
— On dirait Alexiana, mais impossible, elle est pas aussi… wow.
Elle traversa la cour comme si de rien n’était, les écouteurs dans les oreilles, la tête haute.
Mais à l’intérieur, elle jubilait. Voilà, Madison. Regarde bien. T’as voulu m’enterrer ? J’suis revenue plus belle que jamais.
Et justement, Madison ne tarda pas à apparaître.
Quand elle aperçut Alexiana, son visage se figea. Ses amies aussi restèrent sans voix.
— Non… c’est pas possible, lâcha-t-elle.
Alexiana esquissa un sourire en coin.
— Surprise, sœurette. Tu croyais que t’avais le monopole du glamour ?
Les rires fusèrent autour. Madison, rouge de rage, tourna les talons.
Et au loin, Harris Stiven Parks, appuyé contre un mur, observa la scène.
Un sourire discret se dessina sur ses lèvres. Il ne dit rien, mais son regard en disait long : Je savais qu’il y avait une bombe sous cette carapace.
*********
En classe
Quand Alexiana entra en amphi, tout le monde s’arrêta de parler.
Le professeur, un vieux monsieur à lunettes, fronça les sourcils.
— Mademoiselle, vous êtes nouvelle ?
Un silence tendu.
Puis Alexiana sourit et répondit calmement :
— Non, monsieur. C’est moi, Alexiana Grosvelt.
Un éclat de surprise parcourut la salle.
— QUOI ?!
— Impossible !
— La rebelle ?!
Elle haussa un sourcil, posant son sac sur la table.
— Vous savez, les miracles de la civilisation moderne : une douche, un peigne et un peu de confiance.
Rires dans la salle. Le professeur leva les mains, amusé.
— Eh bien… bienvenue à nouveau parmi nous, mademoiselle Grosvelt.
Alexiana prit place, satisfaite. Mais à peine assise, la porte s’ouvrit de nouveau.
— Ah, parfait, dit le prof. Voici le nouvel étudiant transféré pour ce semestre.
Tous les regards se tournèrent vers la porte.
Et Alexiana sentit son cœur faire un bond.
Ethan.
Son cousin.
Habillé en jean clair, t-shirt blanc, sourire insolent. Le mec avait une aura naturelle, celle du gars qui sait qu’il plaît.
Le prof sourit.
— Présentez-vous, jeune homme.
— Ethan Marlowe, dit-il en lançant un clin d’œil vers Alexiana. Et… oui, je suis le cousin d’Alexiana Grosvelt.
Explosion de murmures dans la classe.
Certains élèves se tournèrent vers Alexiana, incrédules.
Elle, elle s’enfonça dans son siège avec un petit sourire ironique.
— Génial, marmonna-t-elle. Maintenant, tout le monde va croire qu’on vient d’un film Netflix.
Ethan s’installa juste à côté d’elle.
— Surprise, cousine. Je t’avais dit que j’étais là pour remettre un peu de vie dans ton monde.
Elle leva les yeux au ciel.
— Ouais, ou juste pour foutre le bordel, comme d’habitude.
Il éclata de rire.
— Les deux, probablement.
*******
à la Pause
À la cafétéria, c’était devenu officiel : Alexiana Grosvelt venait de créer un séisme social.
Les filles chuchotaient, les garçons la suivaient du regard, certains osaient même lui parler.
Et Harris… lui, continuait à l’observer de loin, un sourire aux lèvres, les bras croisés, intrigué par cette version d’elle qu’il n’avait encore jamais vue.
Ethan, assis en face d’elle, sirotait son café.
— Regarde-les tous, cousine. T’es devenue la star du campus.
— Super. J’vais ouvrir un fan-club, tiens.
— Tu pourrais. Mais je sais que t’en as rien à foutre.
Elle sourit doucement.
— Exact.
Puis, au fond de la salle, elle croisa le regard de Harris.
Un long échange silencieux.
Pas de mots, pas de gestes.
Juste une tension électrique, comme une promesse de feu sous la surface.
Ethan remarqua l’échange et arqua un sourcil.
— C’est qui, ce type ?
— Personne, répondit-elle trop vite.
— Personne, hein ? Il te dévore du regard pour “personne”.
Elle soupira.
— Laisse tomber, Ethan. C’est… compliqué.
Il hocha la tête, amusé.
— T’inquiète, cousine. Je suis là pour protéger ton cœur… ou le briser un peu, si besoin.
Elle éclata de rire.
— Crétin.
Et ce jour-là, sans le savoir, Alexiana venait de redevenir la fille que tout le monde voulait connaître — et que Harris n’allait plus jamais ignorer.
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