Chapitre 3

La nuit était tombée depuis longtemps quand Alexiana poussa son verre vide du bout des doigts. Elle n’avait pas bu d’alcool – son cerveau n’avait pas besoin d’être noyé pour être en vrac – mais la tension dans son corps était celle d’une fille prête à exploser. Harris Stiven Parks, toujours planté là avec sa gueule de pub pour parfum de luxe, l’observait avec une intensité agaçante.

— Tu devrais rentrer, finit-il par dire, sa voix grave caressant l’air comme une promesse.

— Merci papa, mais j’ai pas besoin de baby-sitter, répondit-elle en levant les yeux au ciel.

Harris haussa un sourcil amusé, jouant avec le bord de son verre.

— J’te propose juste de te déposer. Tu crois que j’ai que ça à foutre de jouer les chauffeurs ?

Elle le fixa un instant. Bordel, il avait ce truc… cette façon de rendre chaque phrase à la fois arrogante et séduisante. Mais elle se reprit aussitôt.

— Non, Parks. Personne ne doit nous voir ensemble. La dernière chose dont j’ai besoin, c’est de me retrouver dans la liste de tes conquêtes.

Son sourire s’élargit.

— Qui t’a dit que je te voulais sur la liste ?

Elle éclata d’un rire sarcastique.

— Toi, t’es le genre de mec qui veut toujours gagner, pas vrai ? Mais désolée, champion, je suis pas un trophée à accrocher à ton mur.

Il la regarda avec ce mélange d’agacement et d’admiration qui la mettait mal à l’aise. Puis il lâcha un simple :

— Comme tu veux, Grosvelt. Mais t’auras pas toujours le luxe de refuser mon aide.

Elle attrapa son sac et se leva, son cœur battant trop vite pour son propre goût.

— Bonne nuit, milliardaire. Trouve-toi une autre victime.

Elle sortit dans la fraîcheur de la nuit, seule, ses pas résonnant sur le trottoir humide. Mais ce qui résonnait le plus fort, c’était sa propre pensée : Pourquoi j’ai l’impression que je viens de refuser quelque chose qui va me hanter ?

********

Le lendemain

Le soleil tapait fort sur la cour de l’Académie Saint-Vincent, mais Alexiana avait l’impression que son monde était toujours plongé dans une foutue tempête. Son sac en bandoulière pesait comme un boulet alors qu’elle traversait les rangées d’élèves. Tous ces visages souriants, tous ces chuchotements… Elle savait que ça parlait d’elle. Elle savait que Madison avait déjà vendu son histoire comme une marchandise discount.Et elle ne tarda pas à en avoir la confirmation.

Madison Grosvelt, la fille modèle, la princesse aux cheveux blonds parfaitement lissés, avança vers elle avec son éternel sourire d’ange en plastique. Autour d’elle, un petit groupe de filles ricanaient comme un chœur de hyènes.

— Oh, Alexiana, lança Madison d’une voix sucrée. Tu es radieuse ce matin… même si, je dois avouer, ça ne doit pas être facile de te lever quand tu sais que ton mec préfère… mieux.

Un éclat de rire général.

Alexiana inspira profondément. La rage montait déjà, mais elle la canalisa, comme toujours, en sarcasme pur.

— C’est vrai, Madison, tu as raison. Tu es vraiment mieux. Plus superficielle, plus fausse, plus pathétique. Je comprends pourquoi Ryan t’a choisie. Deux paquets de vide, ça fait un joli duo.

Les rires étouffés se transformèrent en un silence gêné. Même les pestes autour de Madison reculèrent un peu.

Madison, piquée au vif, fronça les sourcils mais retrouva vite son masque angélique.

— Oh, ma pauvre sœur… toujours obligée d’être vulgaire pour exister.

Alexiana s’approcha d’elle, si près qu’elle pouvait sentir son parfum trop sucré.

— Et toi, toujours obligée d’écarter les cuisses pour exister.

Un « oooh » choqué s’éleva dans la cour. Madison resta figée, ses yeux bleus s’écarquillant. Mais avant qu’elle puisse répliquer, une nouvelle silhouette apparut au bout de la cour.

Et bien sûr, c’était lui. Parks.

Il traversait l’endroit comme un roi traversant son royaume, entouré de regards fascinés. Les garçons voulaient être lui, les filles voulaient être avec lui. Et Madison, évidemment, se redressa comme une actrice voyant enfin arriver son public.

— Harris ! lança-t-elle avec un sourire éclatant.

Elle se précipita vers lui, posant une main sur son bras comme si elle le connaissait depuis toujours.

— Je suis Madison, la sœur d’Alexiana. On ne s’est pas encore présentés, c’est fou, non ?

Harris la regarda, un sourire poli au coin des lèvres.

— En effet.

Alexiana, de loin, serra les dents. Bien sûr. Évidemment. Madison allait tout faire pour se coller à lui. Parce que Madison ne supportait pas que quelque chose ou quelqu’un échappe à son contrôle. Et Harris… eh bien, Harris était le putain de trophée ultime.

Madison gloussa comme une idiote, jouant avec une mèche de cheveux.

— Tu sais, j’ai toujours adoré les esprits brillants. Et puis, on me dit souvent que je suis très… ouverte d’esprit.

Alexiana leva les yeux au ciel. Oh putain, elle est vraiment en train de draguer comme une lycéenne de sitcom.

Mais Harris, à la surprise générale, détourna doucement son bras et répondit calmement :

— C’est bon à savoir. Mais je préfère les gens qui ne jouent pas un rôle.

Madison resta figée, son sourire craquant comme du verre. Les élèves autour retinrent un rire.

Et Harris, sans plus attendre, tourna la tête vers Alexiana. Leurs regards se croisèrent.

Un frisson parcourut son dos. Il ne souriait pas cette fois. Non. Son expression disait quelque chose comme : Tu vois, Grosvelt ? J’ai choisi mon camp.

Alexiana détourna les yeux aussitôt, rageuse de sentir ses joues chauffer. Elle ne voulait pas de ce genre de jeu. Elle ne voulait pas être impliquée. Mais bordel, pourquoi son cœur battait-il comme s’il voulait s’échapper de sa poitrine ?

*********

L’après-midi

Alexiana tenta d’éviter sa sœur le reste de la journée, mais Madison, fidèle à elle-même, trouvait toujours un moyen de la piquer. Un mot dans les couloirs. Un sourire hypocrite en classe. Des chuchotements venimeux aux oreilles de tout le monde.

Et bien sûr, à chaque fois qu’Harris passait, Madison se transformait en caricature de séductrice : éclats de rire forcés, cheveux rejetés en arrière, regards langoureux.

Alexiana, de son côté, se contentait de croiser les bras et d’observer de loin. Elle ne dirait jamais à voix haute qu’elle bouillonnait de jalousie. Non. Elle préférait enfiler son masque sarcastique et faire semblant que ça ne la touchait pas.

Mais à l’intérieur, c’était un putain de brasier.

***********

Le soir

En rentrant, Alexiana s’effondra sur son lit, le regard fixé au plafond.

Pourquoi j’ai l’impression que le monde entier s’acharne contre moi ? Pourquoi il faut que ce milliardaire se pointe pile quand tout s’écroule ? Et pourquoi… pourquoi je ressens cette foutue envie de lui faire confiance ?

Elle serra son oreiller, incapable d’admettre ce qu’elle savait déjà : Harris était en train de devenir une obsession. Et ça, c’était dangereux. Très dangereux.

Episodes

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!