Teacher’S Pet

Teacher’S Pet

Chapitre premier :

La fac de loin ressemblait à un décor de film hollywoodien. Les pelouses parfaitement taillées s’étendaient comme un tapis vert, bordées d’arbres épais dont les feuilles bruissaient au rythme d’un vent tiède. Les bâtiments de briques rouges se dressaient avec une élégance solennelle, couronnés de vitraux et de hautes colonnes blanches. On aurait dit une carte postale, une de celles qu’on garde longtemps parce qu’elle fait rêver d’un avenir brillant.

Tanjiro serrait la lanière de son sac en cuir, ses yeux écarquillés, émerveillés, mais aussi anxieux. Son cœur battait vite, trop vite, comme à chaque fois qu’il se trouvait face à quelque chose d’immense et de nouveau. Derrière lui, Zenitsu traînait les pieds avec un gémissement dramatique, ses cheveux blonds décoiffés tombant sur son front.

— J’ai… j’ai pas le niveau, Tanjiro ! gémit-il. Regarde-moi cet endroit, c’est beaucoup trop prestigieux pour moi. On va me démasquer en deux secondes.

— Arrête de râler, réplique Inosuke, déjà perché sur un muret comme s’il partait à l’assaut du campus. T’as eu ta bourse donc t’as ta place ici. T’arrêtes de flipper et tu bouges ton cul.

— Mais t’es malade, toi ! grince Zenitsu, en essayant de lui attraper la cheville. Descends de là !

Tanjiro laisse échapper un rire bref. Ce n’était pas qu’il n’était pas inquiet, lui aussi. Mais voir ses deux amis se chamailler lui donnait l’impression que tout allait bien. Depuis leur petite ville au Japon jusqu’ici, à des milliers de kilomètres, rien n’avait vraiment changé entre eux : Zenitsu continuait à paniquer, Inosuke à foncer, et lui, Tanjiro, à garder tout le monde soudé.

— On va s’en sortir, dit-il d’une voix ferme mais douce. On est ensemble, c’est ça qui compte.

Zenitsu souffle, les yeux humides, mais se remet à marcher. Inosuke saute du muret d’un bond souple, atterrissant juste à côté de Tanjiro avec un sourire carnassier.

— Bon, c’est où qu’on chope nos emplois du temps ? demande-t-il, déjà prêt à foncer sans réfléchir.

Après quelques tâtonnements et un échange maladroit avec une étudiante qui leur indique la direction, les trois amis finissent devant un bâtiment administratif aux allures d’hôtel de ville miniature. L’intérieur sent le papier neuf et le désinfectant, les couloirs résonnent des pas d’étudiants pressés.

Ils passent un par un au bureau du responsable des admissions. Zenitsu tremble comme une feuille en tendant son dossier, Inosuke balance le sien sans un mot et repart avec son planning coincé sous le bras, tandis que Tanjiro prend le temps de remercier la secrétaire avec un sourire poli.

Dans le hall, ils comparent leurs feuilles.

— Moi j’ai Lettres modernes, salle 3C, annonce Zenitsu, déjà pâle comme la mort.

— Sciences appliquées, bâtiment B, grogne Inosuke.

— Et moi…histoire du droit, amphi 201, lit Tanjiro en fronçant les sourcils.

Ils se regardent. Trois chemins, trois directions différentes.

— On se retrouve ce soir, hein ? insiste Zenitsu, l’air d’aller à son exécution.

— Si tu survis, réplique Inosuke en lui écrasant l’épaule.

Tanjiro rit doucement.

— Courage, on se débrouillera.

Puis ils se séparent, engloutis par le flux des étudiants.

...**...

Tanjiro marche d’un pas rapide, serrant son emploi du temps dans la main. Les couloirs se ressemblent tous. Les panneaux indicateurs n’aident pas. Au bout de dix minutes, il se rend compte qu’il a tourné deux fois en rond. Un poids monte dans sa poitrine, cette angoisse sourde qu’il connaît trop bien. Se perdre, arriver en retard, décevoir dès le premier jour…

— Tu sembles chercher ton chemin.

La voix surgit derrière lui. Tanjiro se retourne et aperçoit un jeune homme, grand, large d’épaules, avec une chevelure flamboyante qui attire le regard, semblable aux flammes rebelles d’un feu ardent. Il porte une chemise blanche, les manches retroussées, et son sourire est si franc qu’il balaie l’air de toute lourdeur.

Tanjiro s’incline légèrement, réflexe respectueux.

— Euh..oui. Je cherche l’amphi 201. C’est mon premier jour ici, je me suis un peu perdu.

L’autre rit, un rire plein et chaud qui résonne dans le couloir vide.

— Parfait ! Moi aussi, c’est mon premier jour dans cette fac. Et devine quoi ? Je vais justement à l’amphi 201. On y va ensemble ?

Surpris, Tanjiro hoche la tête avec soulagement.

— Vraiment ? Merci beaucoup.

Ils marchent côte à côte, et Tanjiro, encore intimidé, lance quelques questions.

— Tu es… en droit aussi ?

— Effectivement et l’Histoire du Droit est mon domaine de prédilection, répond l’homme, son sourire toujours accroché aux lèvres.

Le couloir s’ouvre enfin sur un vaste amphithéâtre. Les étudiants s’installent déjà, posant leurs sacs et ouvrant leurs ordinateurs. Tanjiro soupire de soulagement. Il se tourne vers son guide.

— Merci, sans toi j’aurais erré toute la journée.

Mais l’homme avance d’un pas assuré vers l’estrade, dépose son sac près du bureau, et se tourne vers l’assemblée. Son sourire s’élargit encore.

— Bonjour à tous. Je suis le professeur Rengoku Kyojuro, et j’aurai l’honneur de vous enseigner l’Histoire du droit cette année.

Le cœur de Tanjiro rate un battement. Il sentit son estomac se tordre. L’homme qu’il avait suivi n’était pas un étudiant, mais son professeur. Il rejoignit une place libre au milieu des rangs, s’asseyant avec raideur, les oreilles brûlantes de honte. Tout autour de lui, les étudiants chuchotaient, déjà fascinés par le professeur.

Mais Tanjiro n’entendait plus rien. Son regard revenait toujours à cet homme flamboyant qui parlait avec une assurance tranquille, comme s’il portait en lui une énergie inépuisable. Les mots s’écoulaient — dates, notions, anecdotes sur les origines du droit — mais Tanjiro ne retenait que le timbre vibrant de sa voix et la façon dont son sourire semblait illuminer la salle.

Puis vint le moment des présentations. Rengoku appela les noms un par un, et chaque étudiant devait dire pourquoi il avait choisi cette filière. Certains répondaient par automatisme, d’autres bredouillaient, quelques-uns plaisantaient.

— Kamado Tanjiro, annonça-t-il d’une voix claire.

Tanjiro se leva, le cœur battant trop vite. Il baissa légèrement la tête par réflexe.

— J’ai choisi le droit parce que…j’aimerais défendre ceux qui n’ont pas de voix. J’ai toujours pensé qu’il fallait protéger les autres, et que la justice était le meilleur moyen d’y parvenir.

Un silence léger flotta, brisé par un éclat de rire bref mais chaleureux. Rengoku le fixait avec un éclat étrange dans les yeux, comme s’il venait de se reconnaître dans un miroir inattendu.

— Exactement les mêmes raisons qui m’ont poussé à faire mes études, dit-il en hochant la tête, son sourire élargi (si c’était vraiment possible) d’une sincérité désarmante.

Tanjiro resta figé une seconde. Il sentit un frisson parcourir sa nuque sous l’intensité du regard de son professeur. Puis il se rassit, troublé.

Le cours continua, mais pour Tanjiro, les minutes défilèrent dans une brume étrange. Il notait machinalement, incapable de détacher son esprit de la silhouette de Rengoku, de sa voix chaude résonnant encore dans ses oreilles.

Enfin, la cloche retentit. Les étudiants commencèrent à ranger leurs affaires dans un brouhaha général. Tanjiro hésita, serrant son sac contre lui. Puis il se leva et descendit les marches de l’amphithéâtre, son angoisse battant dans sa poitrine.

— Excusez-moi, professeur.

Rengoku releva la tête de ses notes, son sourire intact.

— Oui ?

— Je voulais… je voulais m’excuser, balbutia Tanjiro, les joues rouges. Tout à l’heure, je vous ai parlé comme à un étudiant. J’ignorais que vous étiez mon professeur. Je n’aurais jamais dû me permettre de—

Rengoku éclata d’un rire franc, qui fit taire un instant les chuchotements des derniers étudiants.

— Allons, Kamado ! Ce n’est rien. Je suis moi aussi japonais. La rigueur de notre éducation nous pousse parfois à nous excuser pour des broutilles, n’est-ce pas ?

Il lui lança un clin d’œil complice, balayant ses craintes d’un geste invisible.

— Concentres-toi sur tes études. C’est tout ce que je te demande.

Tanjiro resta figé, incapable de répondre immédiatement. Il hocha simplement la tête, le souffle court. En sortant de l’amphi, il pensa : Cet homme est…incroyablement classe.

Et il sut, sans se l’avouer encore, qu’il ne pourrait plus jamais détourner son regard de lui.

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