chapitre 4 :
Le vacarme des armes résonnait encore dans l’air lorsque Nero s’extirpa de sa voiture blindée, les yeux acérés, le regard brûlant d’une rage froide. Il n’avait pas dormi depuis près de trente heures, mais la fatigue n’avait jamais été un obstacle pour lui. Pas quand il s’agissait de protéger ce qu’il possédait. Et cette cargaison, celle que ses ennemis avaient osé prendre pour cible, représentait bien plus qu’un simple enjeu financier : elle était un message. Une provocation. Une déclaration de guerre.
Autour de lui, ses hommes s’affairaient dans l’entrepôt criblé de balles. Le sol était jonché de douilles, de traces de sang, et de caisses éventrées. L’attaque avait été fulgurante, précise. Des professionnels. Peut-être même des traîtres dans ses rangs.
— « Nettoyez tout. Et doublez les effectifs autour des prochains convois. Je veux des rapports horaires. Si vous me cachez quelque chose… »
Il n’eut pas besoin de finir sa phrase. Son silence valait promesse de mort.
Mais derrière la violence de la nuit, une autre pensée ne cessait de le hanter. Taeo. L’enfant qui, malgré tout, l’appelait encore Papa, mais ne le regardait plus comme avant. Depuis qu’il avait rencontré cet oméga. Elian.
Un nom doux, presque trop doux. Trop fragile.
Et pourtant…
Au même moment, loin de la fureur et du sang, la chaleur régnait dans une pièce baignée de lumière dorée. Taeo était blotti dans les bras d’Elian, ses petits doigts serrés autour de la chemise trop large de l’oméga, comme s’il avait peur que tout cela disparaisse à nouveau. Elian lui chantait doucement une berceuse, une de celles que personne ne lui avait jamais chantées à lui. Pourtant, chaque note semblait naître d’un instinct oublié, un écho d’amour qu’il n’avait jamais reçu mais qu’il offrait, entier, à cet enfant.
Ce qu’ils ignoraient, c’est qu’ils étaient observés.
Dans l’ombre du couloir, une silhouette féminine scrutait la scène à travers une fente dans la porte. Ses yeux verts brillaient d’une lueur trouble. Elle observait les gestes tendres, analysait les mots, notait les moindres expressions du visage d’Elian. Elle s’appelait Soraya. Une ancienne oméga reconvertie en servante du manoir, mais bien plus rusée qu’elle ne le laissait paraître. Elle n’aimait pas Elian. Parce qu’il n’avait rien fait pour mériter cette affection. Parce qu’elle voyait dans les yeux de Taeo une lumière qu’elle n’avait jamais vue dans ceux de Nero.
Et cela la dérangeait.
Deux semaines passèrent.
Taeo avait retrouvé son rire, mais à condition qu’Elian soit à ses côtés. La garde affectée par Nero restait près d’eux, silencieuse, parfois intrusive, notant tout. Mais Elian ne disait rien. Il acceptait chaque restriction avec la résignation de ceux qui n’avaient jamais eu le choix.
Nero, quant à lui, restait distant. Il ne les approchait qu’à de rares moments, observant cette étrange complicité naissante avec suspicion. L’enfant semblait s’épanouir… mais était-ce au détriment de son autorité ?
Un soir, alors qu’il se trouvait dans son bureau, les mains croisées sur une liasse de documents confidentiels, il leva les yeux vers l’homme assis en face de lui.
— « Tu es le seul en qui j’ai encore confiance, luka. Je veux que tu creuses. Elian… ce gamin n’est pas ordinaire. Il a cette façon de s’effacer tout en captivant l’attention. Ça me dérange. Je veux savoir tout ce qu’il cache. Son origine. Sa famille. Ses liens. Ses blessures. Tout. »
Luka, un alpha au regard calme mais inébranlable, acquiesça lentement.
— « Je m’en occupe. Tu veux que je parte maintenant ? »
— « Oui. Et Luka… sois discret. Personne ne doit savoir que je l’ai mis sur surveillance. Pas même lui. »
— « Je sais ce que je fais. »
Alors que Luka quittait le bureau, Nero se leva, se dirigea vers la fenêtre et observa les lumières du domaine qui scintillaient au loin. Une tempête était en train de se former. Et il ne savait toujours pas si Elian en était le cœur… ou la victime.
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
Comments