Sous surveillance

chapitre 3:

La serrure grinça doucement sous la main gantée de Nero.

Dans un silence pesant, il ouvrit la lourde porte de la cave où il avait jeté l’oméga à son arrivée. L’odeur d’humidité et de pierre froide n’avait rien à envier à la tension qui régnait dans l’air. La lumière crue des néons révéla la silhouette recroquevillée d’Elian, assis dans un coin, les bras serrés autour de ses genoux, la tête baissée, comme s’il craignait que le moindre mouvement attire un nouveau coup.

Ses yeux mordorés, aux reflets ternes d’épuisement, se levèrent lentement vers l’Alpha.

— Lève-toi, ordonna Nero d’une voix glaciale.

Elian obéit sans un mot, les jambes tremblantes, le cœur battant à tout rompre. Il pensait que sa fin approchait. Peut-être que cette fois, on allait le faire taire pour de bon.

Mais contre toute attente, Nero le mena non pas vers la sortie du manoir, ni vers un sous-sol plus profond… mais à l’étage, dans une aile plus calme.

— Tu seras assigné à cette chambre, annonça-t-il en ouvrant une porte à double battants. Tu n’en sors que si je t’y autorise. Tu ne parles à personne. Tu ne poses pas de questions.

La pièce était modeste pour un manoir aussi imposant : un lit large, des rideaux gris perle, un tapis épais, et un placard vide. Pas de miroir. Pas de téléphone. Aucune fenêtre donnant directement sur l’extérieur. Une cage dorée.

Elian serra les poings, mais son regard se porta vers Nero, hésitant.

— Je peux… voir Taeo ? demanda-t-il d’une voix tremblante, à peine audible.

Le nom de son fils résonna dans le cœur de l’Alpha comme un choc électrique. Il se raidit.

Ses yeux sombres se plissèrent.

— Tu oses prononcer son nom ? Après ce que tu lui as fait ?

— Je ne lui ai rien fait ! Il… Il est venu à moi. Il était seul. Il avait froid. Il pleurait. Il disait qu’il voulait qu’on l’aime…

Nero serra la mâchoire, un tic nerveux agitant sa tempe.

Pendant huit semaines, ce petit avait disparu, et le monde entier avait été mis sens dessus dessous pour le retrouver. Et quand enfin il l’avait retrouvé, il l’appelait "maman". Refusait de s’alimenter. Le fuyait, lui, son propre père.

Tout ça à cause de cet oméga inconnu, faible et pauvre, qui vivait dans un taudis ?

— Une seule visite, déclara-t-il brusquement. Et tu la feras en ma présence.

Elian baissa la tête, soulagé malgré tout. Il hocha la tête avec reconnaissance.

Ils quittèrent la chambre sous les yeux vigilants de deux gardes postés au bout du couloir. Elian sentit leurs regards peser sur lui, mais il se contenta de suivre Nero, les pieds nus sur le parquet lustré.

Ils s’arrêtèrent devant une grande porte sculptée. Nero frappa deux fois. Aucun son ne répondit.

Il ouvrit.

Taeo était là, assis dans un coin, en pyjama, une peluche entre les bras. Son plateau-repas intact était posé sur la table. Ses joues étaient creusées, ses yeux rougis.

Mais dès qu’il vit Elian, son visage s’illumina.

— MAMAN ! cria-t-il en se précipitant dans les bras de l’oméga.

Elian s’agenouilla juste à temps pour le rattraper, le serrant contre lui si fort qu’il sentit ses côtes craquer. Il enfouit son nez dans les cheveux du petit garçon, retenant un sanglot.

— Mon cœur… tu vas bien ? Je suis là maintenant…

Taeo hocha frénétiquement la tête, puis, levant un regard implorant vers Nero, il supplia :

— Dis à maman qu’elle peut rester ici pour toujours, papa. Elle a été gentille. Elle a fait des gâteaux avec moi. Elle m’a appris à dessiner des cœurs. Et elle sent bon, comme la vraie maman dans mon rêve.

Nero détourna le regard, un frisson glacé parcourant son échine.

Son fils ne l’avait jamais regardé ainsi. Il ne s’était jamais blotti contre lui avec cette confiance-là. Pourquoi un parfait inconnu recevait-il ce que lui, son père, n’avait jamais mérité ?

Il fit un pas en arrière.

— Je dois partir. Une urgence au port. Reste ici avec lui. Mais…

Son ton devint tranchant comme une lame :

— Un garde restera devant la porte. Et chaque mot, chaque geste sera rapporté. Je veux aussi une enquête complète sur ton passé, Elian. Si j’apprends que tu as manipulé mon fils ou touché à un seul de ses cheveux…

Il ne termina pas. Il n’en avait pas besoin.

Il fit signe à un garde d’approcher, puis quitta la pièce, sans se retourner.

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Taeo s’endormit contre Elian, les bras autour de sa taille, le visage serein. L’oméga n’osait plus bouger. Son regard se perdit un instant vers le garde silencieux posté devant la porte entrouverte.

Il n’avait jamais demandé à être aimé. Il n’avait jamais imaginé être une figure maternelle. Mais cet enfant avait brisé quelque chose en lui. Ou plutôt… réparé un peu ce qui avait été détruit.

Il se pencha doucement pour embrasser le front de Taeo.

— Je suis là, mon petit trésor… murmura-t-il. Et même si ton père me déteste… je resterai.

Du couloir, dans l’ombre, un autre regard s’attardait.

Une silhouette féminine, fine, élégante. Une servante de l’aile Est. Elle observait. Elle notait. .

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