Les chaînes du sang pur

Chapitre 2:

La porte de l’appartement s’ouvrit avec fracas.

Un homme en noir, grand, imposant, à l’allure glaciale, entra sans prévenir. Sa présence aspirait l’air de la pièce, comme un orage silencieux. Elian, figé près du canapé, serra instinctivement Taeo contre lui, son cœur battant si fort qu’il crut un instant qu’il allait tomber.

— Taeo ! appela la voix grave de l’inconnu.

L’enfant leva les yeux. Une étincelle de terreur traversa ses prunelles, suivie d’un silence absolu. Il tremblait, agrippé au pull d’Elian.

— Papa... souffla-t-il enfin, d’une voix minuscule.

Le regard d’acier de l’homme se posa sur Elian. Un jugement instantané. Froid. Tranchant. Et d’une violence silencieuse. Il ne parla pas, se contenta d’avancer vers eux comme une tempête contenue.

— Je... je ne lui ai rien fait, dit Elian, la gorge serrée. Il est venu à moi, je ne savais même pas qui il était...

Nero n’écoutait pas. Il n’entendait rien d’autre que l’écho d’une alarme muette dans sa tête. Son fils avait disparu. Huit semaines. Et il le retrouvait dans les bras d’un inconnu ? D’un oméga ?

Il arracha Taeo à Elian, sans ménagement.

— NON ! cria l’enfant en pleurant. Non ! Maman ! MAMAN !

Le cri glaça le sang de tous les présents. Même Nero, dans sa colère aveugle, hésita une seconde. Taeo s’agitait dans ses bras comme un animal blessé.

— Elle n’a rien fait ! hurla-t-il. Je veux rester avec elle ! C’est ma maman maintenant !

— Tais-toi, Taeo.

Mais l’enfant continuait, le visage noyé de larmes.

— Elle m’aime ! Elle me soigne quand j’ai mal ! Elle me lit des histoires ! On mange des gâteaux ! Papa, laisse-la tranquille !

Nero, déstabilisé, jeta un regard rapide à Elian. L’omega était en larmes, les mains tremblantes. Il semblait si frêle. Si... hors de ce monde.

Et pourtant, il avait réussi à faire quelque chose que personne n’avait su accomplir : apaiser Taeo.

Mais la colère reprit le dessus.

— Attachez-le, ordonna-t-il froidement.

— Non, s’il vous plaît...

Les gardes, venus avec lui, se saisirent d’Elian. Il ne résista pas. À quoi bon ? Ses yeux restèrent fixés sur Taeo, qui hurlait encore, agrippé à son père.

— Ne l’emmène pas ! Papa, s’il te plaît ! Je veux ma maman !

— Ce n’est pas ta mère, Taeo ! grogna Nero, agacé.

Mais l’enfant se débattait, mordait, frappait.

Nero, exaspéré, quitta les lieux en tenant son fils. Elian fut traîné à l’arrière, les poignets attachés, son cœur en miettes.

---

Le manoir de Nero était situé à la lisière d’une forêt, à l’écart de la ville. Une bâtisse ancienne, grandiose, mais silencieuse comme un tombeau.

On jeta Elian dans une pièce en sous-sol. Une cave froide, humide, sans fenêtre. À peine éclairée par une ampoule vacillante.

— Tu resteras ici jusqu’à nouvel ordre, cracha un garde avant de refermer la porte.

Elian s’écroula contre le mur, le souffle court. La peur l’enveloppait. Mais plus encore : la douleur d’avoir vu Taeo pleurer. Son petit rayon de lumière.

---

À l’étage, Taeo hurlait encore.

— MAMAN ! MAMAN !

Il refusa de manger ce soir-là.

Puis le lendemain.

Et le surlendemain.

Il ne parlait plus à personne. Il avait verrouillé sa porte de chambre. Même les nounous et les gardes n’arrivaient plus à le faire sortir. Le petit garçon joyeux et malicieux était devenu une coquille vide, assise devant la fenêtre, silencieuse, le regard dans le vide.

Nero observait, impuissant. Ce fils qu’il croyait connaître... semblait brisé.

Il convoqua ses conseillers. Interrogea les domestiques. Puis il se rendit seul devant la porte de la chambre.

— Taeo... murmura-t-il, adossé au bois.

Silence.

— Que t’a-t-il fait, cet oméga ?

Une voix s’éleva, faible. Presque un souffle.

— Il m’a aimé...

Nero sentit son cœur se contracter.

— Il m’a dit que j’étais pas un problème... Il a dormi avec moi quand j’avais peur... Il m’a jamais crié dessus... Il me disait que j’étais important...

Un silence douloureux s’installa.

— Et toi ? Tu fais que me gronder... Tu cries tout le temps... Tu m’as pas cherché pendant deux jours... Lui il a pleuré toute la nuit quand j’ai disparu deux heures...

Nero resta là, figé.

Les mots de son fils résonnaient comme un verdict.

Il comprenait enfin que ce n’était pas un simple caprice. Pas une crise passagère.

Elian avait apporté à Taeo ce qu’il n’avait jamais su donner : de la tendresse. Une douceur sans conditions. Un amour pur.

Et maintenant, l’enfant se fanait sans lui.

---

Trois jours plus tard, à l’aube, Nero descendit seul dans la cave.

Il ouvrit la porte. Elian était recroquevillé, transi de froid, les yeux rougis par les larmes.

— Viens.

L’oméga leva la tête, méfiant.

— Je ne vais pas te faire de mal. Taeo te réclame. Il ne mange plus. Il ne parle plus. Il ne dort plus. Tu lui as fait quoi ?

Elian serra les lèvres.

— Je l’ai aimé, murmura-t-il. C’est tout.

Un silence pesant s’installa. Nero observa cet être fragile, au fond d’une cave, prêt à tout pour un enfant qui n’était même pas le sien.

Il tendit la main.

— Viens. On va remonter.

Elian hésita. Puis, d’un pas vacillant, il accepta l’aide.

Et dans les couloirs silencieux du manoir, deux mondes se mirent en mouvement.

Un père qui doutait. Un omega brisé. Et un enfant prêt à tout pour les réunir.

---

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!