Le réveil fut lent.
Flou.
Hanna flottait quelque part entre douleur et vertige, ses membres lourds, engourdis.
L’air sentait la fleur noire… et le métal brûlé.
Elle ouvrit les yeux.
La pièce était sublime.
De grandes tentures de velours pourpre. Des chandeliers d’or noir suspendus au plafond. Des coussins, des tapis épais, une lumière douce et chaude…
Presque trop parfaite.
Trop… trompeuse.
Mais elle ne pouvait bouger.
Des chaînes fines, noires, faites d’un métal inconnu, liaient ses poignets et ses chevilles.
Elles ne blessaient pas.
Elles épuisaient.
Elle tenta de déplier ses ailes — rien.
Comme si l’obscurité les avait vidées de toute force.
Son regard se perdit dans la pénombre.
La pièce était belle, oui.
Mais tout autour d’elle… était noir. Parfaitement noir.
Et les Aetheris…
craignent le noir.
Ils y voient, oui.
Mais ce n’est pas leur monde.
Le noir les dévore de l’intérieur.
— Bienvenue, murmura une voix douce, presque caressante.
Un souffle chaud dans le creux de l’oreille.
Une présence derrière elle.
Layla.
Elle était là. Allongée dans l’ombre, nue de toute peur, vêtue de noir profond, marchant pieds nus sur le sol comme si ce sanctuaire était un autel à son nom.
Elle se pencha lentement, faisant glisser un doigt glacé sur le bras d’Hanna.
— Tu es si belle quand tu trembles.
Hanna ferma les yeux, se mordit la lèvre.
Ne pas céder.
Ne pas ressentir.
Mais Layla savait déjà.
— Tu sens ça, pas vrai ?
Ce frisson dans ta nuque…
C’est le noir qui t’avale, petite lumière.
Elle rit doucement, puis s’assit à califourchon sur Hanna, sans brusquerie.
Ses mains glissèrent dans les cheveux d’argent, lentement.
— J’aime quand mes proies croient encore avoir le choix.
Quand leur esprit lutte… même si leur corps commence déjà à me répondre.
Elle se pencha, tout près, ses lèvres frôlant celles d’Hanna, sans les toucher.
— Je vais te détruire.
Mais d’abord… je vais jouer.
Avec ta peur.
Avec ton cœur.
Et, si tu me laisses faire… avec ton corps.
Elle sourit. Un sourire de glace et de feu mêlés.
Puis elle l’embrassa.
Pas brutalement.
Avec une lenteur calculée. Une maîtrise affolante.
Assez pour brûler.
Assez pour troubler.
Assez pour faire naître… la confusion.
Quand elle recula, Hanna avait le souffle coupé.
Elle ne savait plus si elle voulait fuir… ou comprendre.
Layla lui murmura au creux de la gorge :
— Tu ne veux pas mourir.
Pas encore.
Pas tant que je peux encore… m’amuser.
Elle se releva lentement, comme une prêtresse après un rituel interdit.
— Repose-toi, Aetheris.
La vraie danse commence bientôt.
Et elle disparut à nouveau dans l’ombre.
Laissant Hanna seule. Enchaînée.
Et incapable de comprendre ce qui, en elle, venait de frissonner.
Le silence retomba, lourd, comme une couverture de cendres.
Hanna resta seule dans la chambre dorée.
Toujours attachée.
Toujours enveloppée de cette obscurité douce, sucrée, étouffante.
Toujours vivante. Pour l’instant.
Elle ferma les yeux, retenant une larme, une seule, brûlante et dorée qui coula lentement le long de sa tempe.
Puis, dans un souffle brisé, elle murmura pour elle-même :
— Elle va me briser…
Mais pas maintenant.
Pas comme ça.
Un frisson d’orgueil, faible mais réel, naquit dans sa poitrine.
— Je suis une Aetheris.
La dernière.
Je suis la lumière.
Et même si elle me dévore… je brûlerai jusqu’au bout.
Ses chaînes tintèrent doucement lorsqu’elle tira un peu dessus. Un mouvement inutile, mais symbolique.
Elle rouvrit les yeux, fixant l’obscurité, comme si elle parlait à l’ombre elle-même.
— Tu veux jouer, Layla…
Alors joue.
Mais n’oublie pas : parfois, même la proie… mord.
Un sourire triste, défiant, étira ses lèvres blessées.
Et dans l’obscurité… le feu ne s’était pas encore éteint.
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