Chapitre 3

Le soleil filtrait à travers les rideaux usés, déposant des ombres vacillantes sur le parquet glacé.

Livaï restait figé, le dos contre le mur froid, les bras croisés si fort qu’il en sentait ses jointures blanchir.

Il n’avait pas fermé les yeux. Pas une seule fois.

Il savait que si le sommeil venait, il serait dévoré par les cauchemars — trop réels, trop cruels.

Chaque respiration lui semblait lourde, comme un poids sur sa poitrine, une menace sourde.

Les pas dans l’escalier firent battre son cœur à un rythme désordonné.

Pas de ces pas familiers, rassurants. Non.

C’étaient des pas qui annonçaient une tempête, lente et glaciale.

Eren apparut, torse nu, les cheveux emmêlés, le visage marqué par une nuit blanche.

Son regard trouva Livaï, dur et chargé d’une douceur empoisonnée.

> Eren : T’es déjà debout…

(il baissa la voix, presque un souffle)

Je suis désolé pour hier soir… enfin, pas entièrement.

C’est aussi de ta faute si j’ai pété un câble.

Mais j’aurais pas dû lever la main. Ça, c’est sûr.

J’suis désolé.

Mais faut que tu comprennes, si tu faisais un peu plus d’efforts, on en serait pas là.

Chaque phrase tombait comme une lame invisible.

Le souffle de Livaï se bloqua.

Son corps se raidit, ses doigts se crispèrent.

> Livaï (voix tremblante) : Oui… pardon… c’est… ma faute…

Je voulais pas, Eren, je voulais pas…

Eren s’approcha doucement, ses mains se posèrent sur ses joues, caressant la peau avec une douceur presque trop tendre.

Livaï sursauta sous le contact, comme si le simple frôlement pouvait le blesser.

> Eren : J’veux qu’on passe une journée tranquille, juste toi et moi.

Mais faut que tu sois meilleur.

Faut que tu changes.

Je peux pas toujours être le seul à faire des efforts.

Le front d’Eren se posa contre le sien.

Un murmure.

> Eren : Je t’aime, Livaï. Mais j’suis fatigué de porter tout ce poids.

Livaï ferma les yeux, cherchant à s’accrocher à ces mots, comme à une bouée fragile.

Mais son corps tremblait, et son esprit hurlait.

---

La matinée fut un piège de douceur et de reproches voilés.

Eren chantait doucement, préparait des pancakes maladroitement, mais chaque phrase était un piège.

> Eren : Regarde ce que je fais pour nous.

Mais tu pourrais être là, un peu plus. Présent.

Pas juste un fantôme qui traîne.

Livaï avala sans goût, le couteau à beurre tremblant entre ses doigts.

Il sentait son cœur se serrer, chaque reproche s’enfoncer comme un clou.

> Livaï (pensée) : Oui… c’est ma faute… je suis nul… je mérite pas…

Le moindre bruit l’effrayait : une assiette qui tombe, un craquement du parquet, une voix trop haute.

Il sursautait au moindre souffle.

---

L’après-midi s’étira, lourde et oppressante.

Ils s’allongèrent sur le canapé, collés l’un à l’autre.

Eren passait lentement ses doigts dans ses cheveux, comme pour lire ses peurs.

> Eren : Tu te souviens du chalet, au bord du lac ?

On avait oublié les clés, dormi dans la voiture.

T’étais glacé. J’t’ai serré toute la nuit.

Livaï esquissa un faible sourire, un éclat de lumière dans l’ombre.

Mais son corps se raidissait, chaque caresse le brûlait.

Une peur sourde rampait sous sa peau, glaciale.

Il respirait trop vite, la gorge nouée.

---

Le soir tomba, lourd, chargé d’une menace invisible.

Le dîner fut un théâtre silencieux, ponctué des paroles douces-amères d’Eren.

> Eren : On pourrait repartir. Recommencer.

Une maison isolée. Juste toi, moi… et peut-être un enfant.

Livaï leva lentement les yeux, hésitant.

Un tremblement traversa sa main quand il posa sa fourchette.

Eren le vit.

Et ce regard, ce doute, alluma une étincelle sombre dans ses yeux.

Le silence devint un poids.

> Eren : Ce regard.

Tu me regardes comme un étranger.

Comme si tu avais peur de moi.

Il se leva, calme mais menaçant.

Chaque pas résonnait comme un coup de marteau dans le cœur de Livaï.

> Eren : Dis-moi que t’as peur, Livaï. Dis-le.

Livaï ouvrit la bouche, mais sa voix trembla, s’éteignit.

> Eren : J’ai vu le sac sous le lit.

Tu pensais pouvoir partir sans que je le sache ?

La main d’Eren monta lentement.

Un sursaut.

La peau se hérissa.

Puis la caresse brûlante, trompeuse.

Et soudain —

Claque.

Sèche. Précise.

> Eren : Voilà. Maintenant tu me regardes avec quelque chose de vrai.

Il essuya son poignet, dédaigneux.

> Eren (froid) : Mange. C’est encore chaud.

Puis il quitta la pièce, laissant Livaï seul avec sa joue en feu.

---

Le silence lui déchira la poitrine.

Dans sa tête, les reproches revenaient, lancinants, tissés de douceur toxique.

Eren (voix imaginaire, douce et tranchante) :

Tu es incapable.

Tu gâches tout.

Je t’aime, mais j’en peux plus.

Livaï (faible) :

Oui… pardon… c’est ma faute… je suis désolé…

Les larmes roulèrent, brûlantes, silencieuses.

Livaï recula, entra dans la salle de bain, ferma la porte, s’assit sur le carrelage froid.

Les genoux serrés contre sa poitrine,

le souffle court,

les bras vides.

> Livaï (pensée)

Tout est de ma faute.

Je suis le problème.

Il a raison.

Il pleura sans un bruit.

Et dans ce silence glacé, la douceur toxique d’Eren résonnait encore, comme une vérité implacable.

---

Il pleura sans un bruit.

Le visage caché contre ses genoux, les épaules secouées par des spasmes qu’il tentait d’étouffer.

Il se sentait sale.

Brisé.

Et, quelque part au fond de lui, coupable de l’être.

> Livaï (pensée)

C’est moi. C’est moi le problème.

Eren… il fait ce qu’il peut.

Il m’aime. Il me supporte malgré tout.

Malgré ce que je suis.

Ses ongles s’enfoncèrent dans ses bras nus.

Il voulait disparaître dans le carrelage, s’effacer dans la porcelaine.

Être autre chose. Un meuble. Un silence.

Puis, lentement, il se leva.

Ses jambes tremblaient.

Chaque pas résonnait comme un échec.

Il s’approcha du miroir.

Alluma la lumière.

Le néon clignota, grinça, puis s’alluma d’un blanc trop cru.

Et là, il se vit.

La marque sur sa joue.

Rouge, vive. Parfaite.

L’empreinte de la paume d’Eren.

Il enleva doucement son t-shirt.

Sur ses bras, ses côtes, ses épaules, d’autres marques. Moins fraîches. Certaines presque invisibles.

Mais lui, il les reconnaissait. Il les comptait.

Il passa ses doigts dessus. Doucement. Avec soin. Comme on touche un souvenir.

> Livaï (pensée)

C’est bien fait.

J’l’ai mérité.

J’le pousse à bout.

Si j’étais meilleur, il n’aurait pas besoin…

Il s’interrompit.

Fixa son reflet.

Et murmura :

> Livaï : T’es dégueulasse…

Son propre regard lui fit mal.

Il détourna les yeux, éteignit la lumière, comme pour fuir son corps, sa honte.

Une minute passa. Peut-être dix. Peut-être une heure.

Puis il retourna s’asseoir au sol, dans l’ombre, dos contre le mur.

Il releva la tête. Lentement.

Les yeux rouges, les cils mouillés, la peau marquée.

Il n’avait plus de larmes. Juste une fatigue abominable.

Il murmura, pour personne :

> Livaï : J’suis désolé.

Je vais faire mieux. Promis… je vais changer.

Eren mérite mieux.

Je vais faire mieux.

Et dans ce couloir de silence, le mot "mieux" sonnait comme une prière.

Ou une malédiction.

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Comments

Mimi 😘😘😘😍😍

Mimi 😘😘😘😍😍

Eren le manipule mentale maintenant il est comme emprisonnée mentalement en mettant tout sur sa faute

2025-07-08

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