Et Livaï…
Livaï était à terre.
À terre.
À sang.
À l’aide.
Il ne pleurait pas.
Il ne criait pas non plus.
Le goût métallique dans sa bouche, c’était déjà familier.
Sa joue brûlait, son poignet lui faisait mal, mais ce n’était pas ce qui le dérangeait le plus.
Non.
Ce qui le hantait, c’était le silence.
Pas celui de la pièce — non.
Celui d’Eren. Le silence avant que la porte ne claque.
Celui qui voulait dire : tu l’as mérité.
Celui qui voulait dire : j’ai été patient.
Livaï était encore au sol, replié sur lui-même, une joue contre le carrelage glacé.
Il n’avait même pas essayé de se lever.
À quoi bon ? Il savait qu’il n’était pas vraiment tombé.
Il avait été posé là.
Comme un objet qu’on jette, sans force ni valeur.
Ses doigts glissèrent lentement jusqu’au coin du meuble. Il s’y agrippa comme à un souvenir.
Puis il se redressa. Lentement. Un vertige le coupa net. Il ferma les yeux.
Respire, Livaï.
Respire.
Un, deux, trois.
Il posa les mains sur le bord de la table et prit appui. Ses jambes tremblaient.
Mais il tint debout.
C’est tout ce qu’on lui demandait.
Tenir debout.
---
La maison était calme.
Trop calme.
Le genre de calme où l’on devine encore les échos des cris.
Le genre de calme qui hurle dans la tête.
Il marcha jusqu’à la salle de bain.
Il ne se regarda pas dans le miroir.
Il alluma juste l’eau froide et la laissa couler sur ses poignets.
Puis sur son visage. Il frissonna.
Le sang s’effaça.
Mais pas les marques.
Jamais tout à fait.
---
Il alla s’asseoir dans le salon, dans ce fauteuil qu’il n’aimait pas, trop grand, trop vide, trop "Eren".
Ses bras croisés sur lui-même, comme une écharpe invisible.
Son téléphone était là, sur la table basse.
Allumé.
Sans notifications.
Sans appels.
Il le regarda longtemps.
Pas parce qu’il voulait appeler quelqu’un.
Non.
Parce qu’il aurait aimé… qu’un message arrive.
Une alerte. Une alarme. Une faille dans sa cage.
Mais rien.
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Flashback – Deux ans plus tôt
Il neigeait.
Livaï riait.
Eren lui avait glissé un bonnet trop grand sur la tête. Il s’en souvenait comme d’un rêve.
Eren : T’es ridicule comme ça.
Livaï : J’ai chaud. C’est tout ce qui compte.
Eren : Viens là, parasite de mon cœur.
Et il l’avait embrassé.
Là, au milieu de la rue, sans se soucier du monde.
Livaï y avait cru.
À ce moment.
À cette tendresse.
À cette version d’Eren qu’il n’a plus jamais revue.
---
Retour au présent
Il était à nouveau seul.
Le chauffage soufflait dans un coin, étouffant.
La pluie avait cessé, mais tout paraissait encore trempé.
Livaï se leva et marcha lentement vers la cuisine.
Pas pour manger.
Juste… bouger.
Son poignet lui lançait encore. Il ouvrit un placard, en sortit un petit bol, le posa, le regarda.
Et puis, doucement, il le reprit, le rangea.
Il n’avait plus faim.
Il n’avait plus besoin de grand-chose.
---
La soirée tomba, lourde, comme une couverture grise sur ses épaules.
Toujours aucune trace d’Eren.
Et pourtant, sa présence était partout.
Dans l’odeur du cuir du canapé.
Dans la veste jetée sur la chaise.
Dans la trace invisible sur sa peau.
Il savait qu’il reviendrait.
Il revenait toujours.
Mais Livaï…
Livaï, lui, ne savait plus s’il serait encore là quand il ouvrirait la porte.
---
Flas-back
Ce n’était pas une gifle.
Pas vraiment.
Juste un geste brusque. Un vase tombé. Une voix forte. Une excuse.
Eren : T’as pas fait exprès, hein ?
Livaï : Non. J’suis désolé.
Eren : T’as eu peur… mais c’est pas grave. Je t’aime.
Et Livaï, idiot, avait hoché la tête.
Parce que c’était plus facile.
Parce qu’il avait besoin de croire que ce n’était rien.
---
Minuit.
Toujours seul.
Livaï s’allongea sur le canapé, recroquevillé, toujours habillé.
Il n’éteignit pas la lumière.
Il ne pouvait plus dormir dans le noir.
Il resta là, les yeux ouverts.
À attendre un bruit. Une clé. Un claquement. Un cri.
Et dans sa tête, une seule question tournait, encore et encore :
“Est-ce que ce sera pire demain ?”
...----------------...
La clé tourna dans la serrure.
Lentement.
Comme si rien ne s’était passé.
Eren entra. Le pas calme. Les gestes lents.
Aucun regard vers la trace séchée sur le carrelage.
Juste lui, sa veste qu’il accroche, son souffle parfaitement contrôlé.
Il s’approcha du canapé.
Livaï n’avait pas bougé.
Il n’avait pas dormi.
Il n’avait même pas pleuré.
Et pourtant, quand il croisa les yeux d’Eren, il eut honte.
Sans savoir pourquoi.
Eren s’assit à côté de lui. Pas trop près. Juste assez pour que le froid s’installe entre eux.
Eren : Tu me fatigues, Livaï.
Aucune colère dans sa voix.
Juste du reproche.
Eren : T’es pas comme avant.
T’étais doux. Calme. Tu faisais attention à moi. Maintenant t’as toujours quelque chose à dire, toujours cette distance dans tes yeux…
Il le regarde enfin.
La joue marquée. Les cernes. La fatigue qui s’accroche à ses os.
Et il souffle :
Eren : T’as changé, et j’comprends pas pourquoi. Tu crois que c’est facile pour moi, de rentrer ici, après une journée de merde, et de te voir faire la gueule ?
Tu veux quoi à la fin ? Me pousser à bout ?
Un silence.
Puis :
Eren : Tu crois que j’ai aimé ce qui s’est passé tout à l’heure ?
Tu crois que j’en suis fier ?
T’étais glacé. Absent. T’as même pas répondu quand j’t’ai parlé.
T’as ce regard, Livaï… comme si j’étais un monstre. Tu m’as poussé à bout. Encore.
Livaï baisse les yeux.
Il ouvre la bouche. Puis la referme.
Il sent la nausée. Le froid. La peur de répondre. Et cette voix en lui, qui chuchote :
Il a peut-être raison. C’est peut-être moi. Peut-être que je l’ai mérité.
Eren : J’fais tout pour nous, Livaï. Tout.
Et toi, tu me regardes comme si j’étais rien. C’est toi qui me rends comme ça.
Il s’approche un peu.
Lui prend le visage entre les mains.
Eren :Mais je t’aime. Même comme ça. Même quand tu me rends fou.
Je peux pas te perdre.
Et Livaï hoche la tête.
Il hoche la tête.
Parce qu’il a peur. Parce qu’il est fatigué. Parce qu’il n’est plus sûr d’avoir raison.
Parce que quand celui qui vous détruit vous dit qu’il vous aime,
on oublie comment s’aimer soi-même.
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7 épisodes mis à jour
Comments
Mimi 😘😘😘😍😍
lui il t'aime pas comme un être humain mais comme un objet qu'il veut posséder C'EST pas de l'amour ça mais de la possessivité ☹️☹️☹️
2025-06-30
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