Il Pleuvait, ce jour-là.
Pas une pluie douce. Une pluie lourde, insistante, presque étouffante.
Livaï était debout devant la grande baie vitrée du salon, vêtu d’une chemise blanche volée à Eren, trop grande pour lui. L’ourlet touchait ses cuisses nues.
Il regardait la pluie tomber sur les carreaux comme on regarde le fond d’un gouffre.
Un mug refroidissait entre ses mains. Le café était resté intact. Comme souvent.
C’était leur anniversaire de mariage. Deux ans déjà. Deux ans qu’il avait dit oui. Deux ans qu’il avait cru…
— que le feu dans les yeux d’Eren voulait dire amour.
— que les mains fermes voulaient dire protection.
— que l’obsession voulait dire tendresse.
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Flashback
Ils s’étaient rencontrés un été. Un bal d’Alpha dans une grande maison blanche, bourgeoise, luxueuse et arrogante.
Livaï, Omega mal habillé, venu là en serviteur pour un traiteur. Un plateau entre les mains. Des regards évités. Une odeur camouflée.
Et lui…
Eren.
Alpha du nord. Populaire. Élégant sans faire exprès.
Le genre qui entre dans une pièce et fait taire l’univers.
Eren l’avait regardé. Et il n’avait plus jamais cessé de le faire.
Eren : Tu veux que je t’aide à porter ça ?
Livaï : … C’est mon travail.
Eren : Et si je veux que tu travailles pour moi ?
Il avait souri. D’un sourire presque doux, presque vrai.
Et Livaï s’était figé.
Pas par amour. Pas encore.
Par curiosité. Par trouble.
Par l’impression soudaine que sa vie venait de pivoter, comme un verrou dans une serrure.
—
Les mois avaient filé. Une fois, deux fois, Eren était revenu. Puis dix.
Et puis un soir, il n’était plus reparti.
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Au début, Eren venait souvent. Toujours plus souvent. Il déposait des plats, des fleurs, des excuses.
Puis un jour, il a dit :
Eren : Tu devrais rester chez moi. Juste pour dormir un peu. T’as l’air exténué.
Livaï a dit oui.
Un jour, il s’est réveillé et toutes ses affaires étaient dans l’appartement d’Eren.
L’armoire vidée. Le bail résilié.
Eren : C’est mieux comme ça, non ? Je prends soin de toi. Plus besoin de t’inquiéter de rien.
Et Livaï n’a rien dit.
Parce que tout dire, c’était perdre.
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Ils s’étaient mariés rapidement. Trop rapidement.
Une cérémonie presque secrète. Juste lui, Livaï, et l’ombre d’un “oui” arraché à la gorge.
Les premières semaines avaient été belles. Étrangement belles.
Livaï avait eu l’impression de flotter dans un rêve sucré et dérangeant.
Il cuisinait.
Eren le regardait comme on regarde une étoile filante qu’on veut posséder.
Il disait :
Eren : Tu sais que t’es magnifique quand tu coupes des légumes ?
Livaï : T’es bizarre.
Eren : Non. Je suis amoureux.
Et Livaï y avait cru.
Comme un idiot.
Comme un enfant.
Mais très vite… les regards d’Eren avaient changé.
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Il avait commencé par des silences.
Des remarques froides, entre deux bouchées.
Eren : T’as mis trop de sel. T’écoutes jamais.
Eren : T’as dormi toute la journée ? T’es malade ou juste inutile ?
Puis les colères. Sans cri. Mais brutales.
Une assiette lancée contre le mur.
Un verre cassé exprès pour faire sursauter.
Un bras agrippé, trop fort.
Une nuit, il l’avait tiré du lit juste pour lui dire qu’il puait l’ennui.
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Retour au présent
La pluie frappait les vitres.
Livaï, immobile. Un fantôme à peine debout.
Eren entra, comme toujours : sans prévenir, sans demander.
Eren : Joyeux anniversaire, mon Omega.
Pas de réponse.
Eren : Tu vas rester planté là toute la journée à faire la gueule ?
Livaï : (à voix basse) J’réfléchis.
Eren : T’as pas assez de matière pour ça, non ?
Livaï baisse les yeux. Il serre la tasse plus fort, sans s’en rendre compte. Ses jointures deviennent blanches.
Eren : Regarde-toi. Même un foutu café, t’es pas foutu de le boire.
Tu veux que je te le réchauffe ? Ou tu préfères que je te le foute à la gueule, pour une fois que ça te réveille ?
Livaï : (presque un murmure) J’ai pas faim. Et… j’ai pas envie.
Eren : Évidemment. T’as plus envie de rien depuis des mois.
T’es devenu chiant, vide. Un poids mort dans ma maison.
Mais c’est moi le connard, pas vrai ?
Livaï : (lèvres tremblantes) Tu… tu m’as appelé parasite.T’as pas eu besoin de hurler. C’était pire.
Eren ricane. Ce rire-là, Livaï le connaît.
Il précède les tempêtes.
Eren : Si t’étais pas un foutu Omega, j’t’aurais viré depuis longtemps.
Mais regarde-toi. Tu survivrais combien de jours sans moi ? Hein ?
T’as besoin de moi, Livaï. T’existes que parce que je te garde.
Livaï : (regard fuyant, voix brisée) Et toi… tu frappes que parce que personne te voit.
Eren se fige.
Un muscle tressaute dans sa mâchoire.
La pièce devient soudain plus petite.
Eren : T’es à deux doigts de regretter ce que tu viens de dire.
Silence.
Un long silence.
Livaï relève lentement les yeux, noyés d’ombre.
Livaï : (voix éteinte) J’regrette déjà d’être resté.
C’est à ce moment-là
quand Livaï osa lever les yeux —
que la patience d’Eren lui fut arrachée
Le premier coup tomba.
Pas une surprise. Un rappel.
Un goût de déjà-vu sur la langue, dans les os, dans le ventre.
Livaï ne cria pas.
Il encaissa, comme toujours.
Il ne chercha pas à fuir.
Il ne supplia pas.
Il attendit que ça passe, les yeux vides, le souffle coupé.
Puis la porte claqua.
Eren était sorti.
Et Livaï…
Livaï était à terre.
À terre.
À sang.
À l’aide.
^^^Écrivain ❤️^^^
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7 épisodes mis à jour
Comments
Mimi 😘😘😘😍😍
vraiment Livaï un inconnu te charme il te dit je t'aime viens chez moi tu acceptes vous vous mariez comme ça et vous vivez dans une belle histoire d'amour tu es vraiment trooooooop naïf 🗿🗿🗿
2025-06-30
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