Les masques tombent

Le vent d’automne faisait bruisser les feuilles aux abords du manoir Vespera, comme un murmure sourd annonçant les tempêtes à venir. À l’intérieur, l’atmosphère était lourde, chargée d’attentes et de non-dits.

Élyra se tenait devant la grande cheminée de marbre, les bras croisés, tandis que Kael Thornhart s’approchait lentement, le visage marqué par la fatigue et la colère contenue. Leurs regards se croisèrent, brûlants de vérité et de secrets.

« Tu sais pourquoi je t’ai appelée ici, » dit Kael, sa voix rauque, presque cassée. « Ce jeu que nous jouons depuis trop longtemps doit cesser. »

Élyra hocha la tête, le cœur battant à tout rompre. « Je veux comprendre. Pourquoi tu m’as toujours tuée, pourquoi tu ne peux pas m’épargner, même une fois. »

Kael détourna le regard, laissant un silence pesant s’installer. Puis, d’un ton amer :

« Parce que tu représentes tout ce que je hais… et tout ce que je crains. »

« Explique-moi. »

Il prit une profonde inspiration, et ses yeux, d’ordinaire si durs, s’adoucirent un instant.

« Ma famille est ma prison. Mon royaume est en guerre, menacé de toutes parts. J’ai dû apprendre à ne faire confiance à personne, à écraser ceux qui pourraient me nuire. Toi… tu es le rappel de ce que je ne peux avoir. »

Élyra sentit une douleur sourde lui serrer la poitrine.

« Et pourtant, je suis revenue. Encore et encore. »

Kael se rapprocha, son souffle mêlé au sien.

« Parce que tu es la seule qui puisse briser ce cercle infernal. Mais ce n’est pas une tâche que je peux te demander. »

Un instant, le monde sembla suspendu entre eux, deux âmes liées par une destinée cruelle.

Puis Élyra murmura, presque pour elle-même :

« Peut-être que c’est moi qui dois changer la fin. »

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Les jours suivants furent un tourbillon de manœuvres politiques, de regards échangés dans les couloirs, de complots chuchotés derrière des portes closes. Élyra sentait que chaque pas qu’elle faisait la rapprochait du bord du précipice.

Hesse, fidèle mais taquin, ne cessait de la prévenir :

« Méfie-toi, ils ne joueront pas selon tes règles. »

Mais Élyra était prête. Plus que jamais.

Elle avait compris que dans ce jeu de pouvoir, la vérité n’était qu’une arme, et la confiance une faiblesse.

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Une nuit, alors que la lune éclairait à peine les jardins gelés, Kael vint frapper à sa porte.

« Élyra, » souffla-t-il, « il faut que tu me suives. »

Sans un mot, elle enfila une cape sombre et le suivit à travers les sentiers déserts du domaine.

Ils arrivèrent devant une petite chapelle oubliée, cachée sous les racines d’un vieux chêne.

À l’intérieur, une pièce secrète s’ouvrit, révélant des parchemins, des reliques, des symboles mystérieux.

Kael expliqua, la voix tremblante :

« C’est là que se cache la vérité sur notre passé. Sur nos familles, sur la malédiction qui nous lie. »

Élyra lut, le cœur battant : une prophétie ancienne, annonçant la naissance d’une fille capable de briser le cycle de haine… ou de le sceller à jamais.

Les yeux brillants, Kael murmura :

« Toi et moi, Élyra. Nous sommes la clé et la serrure. Mais le prix sera lourd. »

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Leur regard se croisa, emplis d’une compréhension douloureuse.

La guerre, la haine, le passé… tout semblait converger vers une fin inévitable.

Mais malgré tout, au milieu de l’obscurité, une étincelle d’espoir persistait.

Une dernière danse, peut-être.

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