Le soir approchait, et je pouvais déjà sentir la pression de l’invitation d’Evan se resserrer autour de moi. Ce défi, ce jeu – peu importait comment il l’appelait – était devenu un terrain de jeu pour lui, un moyen de m’humilier publiquement. Pourtant, je savais qu'il me donnait là une occasion, une opportunité de montrer que je pouvais, moi aussi, jouer dans la même cour.
L'Académie s'était animée de rumeurs tout au long de la journée. Chacun murmurait à propos du « défi spécial » qu’Evan avait organisé, et bien sûr, personne n'osait y participer à moins d'avoir l'assurance de pouvoir gagner. Ces défis n'étaient jamais anodins. Il y avait toujours un prix à payer, une règle non dite : la défaite n'était jamais simplement la fin d'un jeu, c'était une humiliation publique.
Les couloirs étaient pleins de conversations chuchotées et de regards furtifs, mais moi, je me tenais à l'écart, concentré sur ce qui allait se passer ce soir. Je savais que cette compétition, quelle qu'elle fût, allait être une épreuve de plus pour moi. Mais j'avais une chose que les autres n'avaient pas : la capacité de rester calme sous pression, de ne pas flancher face à l'humiliation.
À l'heure du dîner, une rumeur plus précise circula : ce soir, le défi se déroulerait dans l’arène, une sorte de grand hall d’entraînement où les étudiants se rassemblent pour des compétitions sportives ou des jeux de stratégie. Cet endroit était aussi emblématique que l'Académie elle-même, un lieu où la hiérarchie des étudiants était mise à l'épreuve. On y disputait des batailles d'esprit et de force, mais la vérité, c'était qu’à Saint-Adrian, chaque jeu était plus qu’un simple test. C’était un moyen de prouver sa valeur, son rang, et sa place dans l’ordre social de l’école.
Lorsque je franchis les portes de l’arène, je fus frappé par l’atmosphère qui y régnait. Les étudiants étaient rassemblés autour de la piste centrale, formant un cercle où plusieurs de leurs visages étaient éclairés par des lampes suspendues. Evan se tenait à l’un des bords, discutant avec des amis, mais dès qu'il m'aperçois, son regard s'intensifie. Il savait que ce soir, il me mettrait à l’épreuve d’une manière ou d’une autre.
— Ah, Noa, tu es là. J'étais sûr que tu viendrais. lança-t-il d’une voix forte, attirant l’attention de tous.
Il s'avança vers moi, son sourire éclatant. Ce n’était pas un sourire de bienvenue, mais plutôt un sourire qui disait : "Tu es ici, mais tu n’appartiens pas à ce monde." Et je savais que c'était exactement ce qu'il voulait me faire comprendre.
Il désigna un coin de la salle où une table était installée, couverte de jetons et de cartes. Le défi de ce soir était un jeu de stratégie, une sorte de simulation où les participants devaient utiliser à la fois leur intelligence et leur capacité à manipuler les autres pour gagner. Un jeu de bluff, de contrôle et d’observation, un jeu fait pour les initiés, pour ceux qui comprenaient les règles non écrites. Et j’étais loin d’être l’un de ceux-là.
Mais l’arrogance d’Evan était sa plus grande faiblesse. Il pensait que, parce que j'étais différent, je n'étais pas capable de comprendre ce genre de stratégie, que je serais simplement un pion qu’il écraserait.
Je m’approchai de la table, mes yeux fixés sur lui.
— Je suis prêt à jouer !
Il haussait les sourcils, visiblement amusé.
—Très bien. Mais souviens-toi, Noa, ce n'est pas qu'un simple jeu. C’est plus grand que ça. C'est une question de pouvoir. Il marqua une pause. Et tu sais, celui qui perd ici... il perd beaucoup plus que sa dignité.
Je n’eus pas le temps de répondre, car le jeu commença. Les participants se mirent en place autour de la table, et je m'installe à côté de quelques-uns des élèves les plus populaires de l’Académie. Leur regard furtif m'indiquait qu'ils ne me prêtaient guère attention, trop occupés à surveiller leurs propres mouvements. Ils me sous-estimaient déjà, comme tout le monde le faisait.
Les cartes furent distribuées, et le jeu commença. Un mélange de stratégie, de bluff, et d’analyse. Rapidement, je compris que ce n’était pas simplement un jeu de hasard, mais un test de psychologie. Chaque mouvement, chaque mot prononcé, pouvait être interprété, manipulé, utilisé contre soi. C’était un jeu dangereux, mais j’étais prêt.
Au fur et à mesure que la partie avançait, je me rendis compte que, contrairement à ce qu'Evan pensait, je n'étais pas aussi naïf. J'avais appris à lire les gens, à analyser leurs réactions. Le regard d'Evan, par exemple, trahissait toujours une petite hésitation chaque fois qu'il bluffait. Il croyait qu’il était le seul à savoir manipuler les autres, mais moi aussi, je savais jouer à ce jeu.
À la fin, alors que nous arrivions aux derniers tours, l’air était devenu plus tendu. Evan, qui pensait avoir le contrôle, avait commencé à perdre pied. Ses regards furtifs et son arrogance se transformaient lentement en une nervosité palpable. J’avais fait en sorte de le pousser à commettre des erreurs, et maintenant, il en payait le prix. Il détestait être vulnérable. Il détestait que quelqu'un puisse le manipuler à son tour.
Quand la partie toucha à sa fin, c’est moi qui remportai la victoire. Evan, ses yeux presque inexpressifs, se leva lentement. Il n'avait pas l’air d’avoir apprécié la défaite.
— Pas mal dit-il finalement, mais son ton était froid, presque cassant. Mais ce n’est que le début. Ce jeu, tu l’as peut-être gagné, mais crois-moi, il y en aura d’autres. Et à chaque fois, tu risques de perdre davantage.
Je me levai à mon tour, sans me laisser démonter par sa menace.
— Peut-être, Mais aujourd'hui, c'est moi qui ai gagné.
Il me fixa une dernière fois, puis se détourna, visiblement contrarié, tandis que les autres élèves commençaient à disperser. Mais je savais que cet affrontement n'était qu'un chapitre parmi tant d'autres dans notre guerre silencieuse. À Saint-Adrian, chaque victoire était suivie d’une nouvelle bataille. Mais pour l’instant, je savourais ce moment. J'avais prouvé quelque chose : que je n'étais pas là pour me soumettre.
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