chapitre 3- le silence

Les jours passaient, et la routine à l'Académie Saint-Adrian semblait se transformer en un enchaînement mécanique de défis et de confrontations. Pourtant, sous cette surface de normalité, quelque chose de plus insidieux se tramait. Evan, malgré sa position, semblait être celui qui attirait le plus l’attention. Non seulement il avait ce pouvoir naturel qui émanait de lui, mais il savait aussi comment manipuler les autres pour qu'ils l’admirent et le craignent en même temps. Il s’était vite rendu compte que je n'étais pas comme les autres, et qu'aucune de ses petites attaques n’aurait l’effet escompté.

Ce soir-là, alors que je me rendais dans la salle commune, le sentiment que quelque chose allait se passer m'envahit. L’air semblait chargé d’une tension palpable, bien plus que d’habitude. Les discussions s’éteignirent dès que j'entrai, et je pouvais voir les regards furtifs posés sur moi. J'avais pris l’habitude de ne pas prêter attention à ce genre de comportement, mais ce soir, c’était différent. La pièce semblait être un terrain d'observation, un piège invisible tendu autour de moi.

Je fis mine de ne rien remarquer et pris place dans un coin, mon sac posé à mes pieds. Mais tout était devenu plus difficile à ignorer. Le regard insistant d’Evan, un peu plus lointain que d’habitude, me fit tourner la tête. Il était là, dans l'ombre du canapé, avec un groupe de ses amis, son regard ancré dans le mien, comme s’il attendait quelque chose. Une provocation ? Une réaction ?

Il ne fallut pas longtemps pour qu’il s’approche. Avec sa démarche nonchalante et sa posture toujours si assurée, il se planta devant moi, un sourire sarcastique sur les lèvres.

— Tu sembles perdu, Noa. Tu sais, l’Académie peut être un endroit si... solitaire pour ceux qui n’arrivent pas à s’y faire une place. Sa voix était basse, presque chantante, mais il n’y avait rien de gentil dans ses mots.

Je ne répondis pas immédiatement. Il cherchait une réaction, un écart, un faux pas que je pourrais lui offrir pour qu’il puisse me ridiculiser devant les autres. Mais je savais que c'était exactement ce qu'il attendait. Si je lui donnais ce qu'il voulait, il gagnerait.

Il se pencha un peu plus près, et je pouvais sentir son souffle léger sur ma peau.

— Mais ne t’inquiète pas, tu finiras bien par comprendre que ce n’est pas la compétence qui compte ici. C’est l’allégeance. Et tu n’as rien à offrir.

Mon cœur battait plus fort, mais je restai parfaitement immobile, les yeux rivés sur le sol, mes mains serrées contre mes cuisses. Je pouvais presque entendre l'écho des rires qui suivaient ses paroles. Mais je ne bougeai pas, ne réagis pas. Au lieu de ça, je me contente de le regarder, cette fois-ci sans détourner le regard.

Il attendait. Les autres étudiants attendaient. Mais j'avais décidé de jouer à un autre jeu. Le silence. Le silence était une arme que j'avais apprise à manier dans les rues, là où les mots pouvaient blesser, mais où le silence imposait une tension insupportable.

— Tu veux que je m’excuse ? lui demandai-je enfin, ma voix calme, presque mesurée. – C’est ça que tu veux ?

Evan resta silencieux un instant, visiblement déstabilisé. Il n’était pas habitué à être ignoré de cette manière. Ses amis observaient, surpris, comme si la scène venait de prendre un tournant qu’ils n’avaient pas anticipé.

Puis il se redressa, ses traits se durcissant.

— Tu ne sais pas à qui tu t’adresses. Ce genre de jeu, Noa, tu n’es pas prêt pour ça. Son ton était plus froid, plus menaçant.

Je restai là, sans bouger, et quand il tourna les talons pour s’éloigner, je sus que j'avais gagné une petite victoire. Non pas parce qu’il s'était éloigné, mais parce qu’il n’avait pas réussi à me briser. L’ignorer avait été la meilleure réponse.

Cependant, je savais que ce n’était que le début. La guerre silencieuse n’avait fait qu’évoluer vers un nouveau stade, mais je savais aussi qu’à chaque mouvement de sa part, je devais être plus stratégique. Il cherchait à me déstabiliser, à me forcer à réagir, à me pousser à faire une erreur. Mais je ne pouvais pas me permettre de commettre cette erreur. Pas encore.

Le reste de la soirée se déroula dans une relative tranquillité. Mais en me couchant dans mon lit, je sentis le poids de la situation me peser. Evan ne me lâcherait pas. Il continuerait à chercher des failles, des faiblesses à exploiter. Et je devais être prêt à répondre. Parce que je savais qu'il n’était pas seulement là pour me détruire, mais pour me pousser dans mes derniers retranchements.

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Comments

Soane Vincendeau

Soane Vincendeau

J'adore ! Je sais pas vous mais je trouve la tension grave bien 😉

2025-05-03

1

Maylie VINCENDEAU

Maylie VINCENDEAU

merci beaucoup 😘

2025-05-04

0

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